EXPERTE INVITÉE. Alors que le débat public sur les différents taux annuels d'immigrants à ...
EXPERTE INVITÉE. Alors que le débat public sur les différents taux annuels d’immigrants à accueillir au Québec bat son plein, notre équipe, à l’Institut du Québec, s’est posé la question suivante : existe-t-il un taux annuel optimal d’immigrants pour le Québec ? Nous avons tenté d’y répondre en modélisant, avec l’équipe du Conference Board du Canada, les incidences démographiques et économiques de quatre différents scénarios d’immigration sur une période s’échelonnant de 2019 à 2040.
Ne retenez pas votre souffle trop longtemps, nous n’avons pas trouvé de seuil qui, telle une solution magique, viendrait annuler tous les effets négatifs du vieillissement de la population québécoise à plus long terme.
Par contre, nos travaux montrent que l’immigration contribuera grandement à assurer une croissance économique plus soutenue et à freiner la baisse du poids démographique et économique du Québec au sein du Canada.
Le Canada prévoit accueillir 330 800 immigrants en 2019, 341 000 en 2020, et 350 000 en 2021. Si le Québec opte pour un seuil d’immigration qui correspond à 12 % de la cible canadienne – soit près de 40 000 immigrants en 2019 et 53 000 en 2040, l’apport économique des nouveaux arrivants assurerait un tiers de sa croissance économique en 2040. Dans le scénario où le Québec augmente cette part à 23 % de la cible canadienne, soit son poids démographique au sein du Canada – passant de 63 000 immigrants en 2019 à 103 000 en 2040 -, l’immigration contribuerait à la moitié de sa croissance économique en 2040.
Toutefois, les résultats relatifs à la contribution économique des immigrants sont plus mitigés quant aux impacts sur le PIB par habitant et au poids des dépenses en santé par rapport aux recettes gouvernementales. Cela s’explique par le fait que le défi d’intégration en emploi des nouveaux arrivants au Québec demeure de taille, notamment quand la performance du Québec est comparée à celle de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Les résultats des modélisations indiquent que le nombre annuel de nouveaux arrivants devrait surtout être établi en fonction de notre capacité à les intégrer sur le marché du travail. Ainsi, plus l’intégration sera rapide et efficace, plus la contribution des immigrants à l’économie et à la qualité de vie des habitants sera importante. Les taux annuels d’immigration devraient donc être intrinsèquement liés à la capacité d’intégration des nouveaux arrivants au marché du travail québécois et être plus fréquemment modifiés.
À ce chapitre, les résultats des dernières années sont encourageants : depuis 2017, la situation des immigrants sur le marché du travail s’est nettement améliorée au Québec. L’écart entre le taux de chômage des immigrants arrivés au Québec depuis cinq à dix ans et celui des natifs s’est réduit au point qu’il a presque rattrapé celui de l’Ontario. Le défi demeure toutefois important pour les immigrants arrivés au Québec depuis moins de cinq ans.
À court terme, une variation mineure des seuils d’immigration aura des impacts économiques négligeables, mais pour maximiser le potentiel de croissance du Québec à long terme, il est important d’avoir l’ouverture de les augmenter si l’intégration sur le marché du travail des nouveaux arrivants continue de s’améliorer.
EXPERTE INVITÉE
Mia Homsy est directrice générale de l’Institut du Québec (IDQ) depuis sa fondation en février 2014.