Feu vert conditionnel au projet de mine de lithium Baie James
La Presse Canadienne|Publié le 16 janvier 2023(Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a annoncé lundi le feu vert d’Ottawa à l’exploitation d’une nouvelle mine de lithium à la Baie-James, dans le nord du Québec.
Le promoteur devra toutefois se soumettre à 271 conditions pour protéger la faune et respecter l’utilisation actuelle des terres et des ressources à des fins traditionnelles par les Cris de la région.
La décision de 38 pages emprunte au langage passe-partout de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, en concluant que le ministre avait déterminé à la suite d’un examen que le projet n’était «pas susceptible d’entraîner les effets environnementaux négatifs importants» visés par la législation fédérale.
Dans un message sur Twitter annonçant l’approbation fédérale, le ministre Guilbeault a plaidé qu’il s’agissait là d’un exemple parfait de «bon projet» afin d’extraire «ces minéraux essentiels pour bâtir une économie plus propre».
La mine de lithium Baie James, du promoteur Galaxy Lithium (Canada), sera située à une centaine de kilomètres à l’est de la baie James et de la communauté crie d’Eastmain. Le projet comprendrait notamment une fosse à ciel ouvert, un concentrateur de minerai et des aires de stockage.
La nouvelle mine produira du lithium pendant une période pouvant aller jusqu’à une vingtaine d’années, principalement pour une utilisation dans les usines nord-américaines de véhicules électriques et de batteries.
On assiste depuis quelques années à une explosion dans la demande de lithium, utilisé dans les batteries lithium-ion pour charger les petits appareils électroniques grand public, mais aussi pour la «filière batterie» des véhicules. Plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en lithium est allé en 2021 aux véhicules électriques et ce chiffre devrait tripler d’ici 2025. La demande mondiale en lithium devrait quintupler d’ici 2030.
Le lithium est l’un des six minéraux critiques identifiés comme prioritaires dans la nouvelle stratégie du gouvernement fédéral, qui vise à faire du Canada une puissance minière mondiale pour les métaux et les minéraux utilisés dans l’industrie des véhicules électriques, en plein essor.
La Chine, dominante, repart avec le lithium
La seule mine de lithium en activité aujourd’hui au Canada est détenue et exploitée par l’entreprise chinoise Sinomine Resource Group, dans le nord du Manitoba, et tout ce lithium est actuellement expédié en Chine.
La Chine est de fait l’acteur dominant dans le traitement du lithium: en 2021, ce pays a traité les deux tiers de l’approvisionnement mondial. La Chine n’a pas d’approvisionnement national stable ou important en minerai, et dépend donc de l’importation des mines ailleurs dans le monde, notamment en Afrique ou en Amérique du Sud, et maintenant au Canada.
Le Chili, l’Australie et l’Argentine recèlent ensemble environ 75% des réserves mondiales connues de lithium, alors que la Chine compte pour environ 9%. Selon le ministère fédéral des Ressources naturelles, le Canada détiendrait environ 2,5% de ces réserves mondiales.
Le premier ministre Justin Trudeau et d’autres alliés occidentaux ont indiqué leur désir de réduire la domination de la Chine dans ce secteur des minéraux critiques, mais aussi de développer une chaîne d’approvisionnement plus fiable et moins vulnérable aux conflits politiques mondiaux.
Il existe plusieurs projets proposés pour d’autres mines de lithium au Canada, ainsi que des plans pour redémarrer la production d’une mine de la North American Lithium en Abitibi qui a été vendue à une entreprise australienne, Sayona.
Le projet Baie James est le premier projet au Canada pour une autre australienne, Allkem, propriétaire de Galaxy. Le projet est censé créer 280 emplois pendant la phase de construction et environ 160 en moyenne une fois en exploitation. La mine devrait commencer à produire du lithium en 2024.
Les conditions d’approbation du gouvernement fédéral comprennent la surveillance et la production de rapports sur les conditions environnementales telles que les conditions du sol et les résidus, ainsi que la préparation et l’exécution de plans pour atténuer les impacts sur les poissons locaux et d’autres espèces sauvages, comme le caribou.
Au cours de sa durée de vie d’une vingtaine d’années, y compris dans sa phase de construction, la mine Baie James devrait produire environ 846 000 tonnes de gaz carbonique (ou son équivalent de GES). Chaque année, ses émissions atteindront un maximum de 48 000 tonnes de GES, soit environ ce qui est produit sur un an par 10 000 véhicules de tourisme.