Interrogé par l'AFP, le FMI n'a pas souhaité citer des pays qui pourraient être directement concernés. (Photo: 123RF)
Washington — «Un effondrement économique est possible dans certains pays» si le G20 ne s’attaque pas avec force au problème de la dette d’autant que la pandémie de COVID n’est toujours pas sous contrôle, a alerté jeudi le Fonds monétaire international.
«Nous pourrions voir un effondrement économique dans certains pays à moins que les créanciers du G20 n’acceptent d’accélérer les restructurations de la dette et de suspendre le service de la dette pendant que les restructurations sont en cours de négociation», estiment la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva et Ceyla Pazarbasioglu, directrice de la stratégie du Fonds, dans une publication jeudi sur un blogue.
Interrogé par l’AFP, le Fonds n’a pas souhaité citer des pays qui pourraient être directement concernés.
Au début de la pandémie, les pays riches du G20 avaient offert aux pays pauvres un moratoire sur le paiement du service de leur dette jusqu’à la fin de l’année avant de le prolonger jusqu’à la fin 2021.
Parallèlement à cette initiative de suspension du service de la dette (DSSI), ils avaient créé, en novembre 2020, un «cadre commun» destiné à restructurer voire annuler la dette des pays qui en feraient la demande.
Mais pour l’heure, les créanciers privés, en particulier chinois, freinent sa mise en œuvre.
«Il est essentiel que les créanciers du secteur privé mettent en œuvre l’allégement de la dette à des conditions comparables», soulignent les responsables de l’institution de Washington.
Pour le moment, seuls trois pays, le Tchad, l’Éthiopie et la Zambie, ont fait des demandes d’allégement de leur dette au titre du Cadre commun, mais le retard s’accumule dans le traitement de leur dossier.
Depuis le début de la pandémie au printemps 2020, les institutions internationales, dont le FMI et la Banque mondiale, ont déployé d’importantes aides en faveur des pays vulnérables.
Pourtant, «environ 60% des pays à faible revenu sont [aujourd’hui] exposés à un risque élevé ou sont déjà en surendettement», rappellent Mme Georgieva et Mme Pazarbasioglu.
En 2015, ce nombre était inférieur à 30%, poursuivent-elles.
Omicron
«Pour beaucoup de ces pays, les difficultés s’accumulent», ajoutent ces responsables, observant que l’arrivée de nouveaux variants du coronavirus responsable de la COVID-19 risque de perturber encore davantage l’activité économique.
«Le récent (variant) Omicron est un rappel brutal que la pandémie sera avec nous pendant un certain temps», écrivent-elles également, exhortant à une «action multilatérale», «dès maintenant pour lutter contre les inégalités en matière de vaccins à l’échelle mondiale et aussi pour soutenir le règlement rapide et ordonné de la dette».
Le Fonds reconnaît que les retards pris dans la restructuration de la dette du Tchad, de l’Éthiopie et de la Zambie sont liés en partie aux difficultés de coordonner l’action entre le Club de Paris, d’autres créanciers ainsi que les multiples institutions et agences gouvernementales dans les pays créanciers.
«Mais il y a aussi eu des retards pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le Cadre», rappellent les responsables du FMI.
Pour la Zambie, le FMI recommande aux créanciers du G20 de former «rapidement un comité de créanciers officiels» et de commencer à collaborer avec les autorités et les créanciers privés sur l’allégement de la dette.
Il préconise aussi «une suspension temporaire du service de la dette» pendant la durée des discussions.
«Sinon, le pays risque d’être confronté au choix impossible de réduire les dépenses prioritaires (celles en faveur de la santé ou l’éducation par exemple) ou d’accumuler les arriérés», conclut le FMI.
La dette extérieure de 12,7 milliards d’euros avait conduit le pays d’Afrique australe au défaut de paiement durant la pandémie de COVID-19.
«La dette de la Zambie est insoutenable», a récemment rappelé Gerry Rice, le porte-parole du FMI.
«Par conséquent, le FMI aurait besoin d’assurances de financement suffisantes de la part des créanciers avant qu’un accord sur une facilité de crédit élargi puisse se faire», avait-il expliqué.