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Fondation P. E. Trudeau: démission en bloc de la PDG et du C.A

La Presse Canadienne|Publié le 11 avril 2023

Fondation P. E. Trudeau: démission en bloc de la PDG et du C.A

(Photo: La Presse Canadienne)

La Fondation Pierre-Elliott-Trudeau est frappée par la démission en bloc des membres de son conseil d’administration et de la présidente-directrice générale, Pascale Fournier, qui était en poste depuis cinq ans.

En 2016, l’organisme de bienfaisance avait reçu 200 000 $ de Zhang Bin, un conseiller politique du gouvernement de la Chine, et de Niu Gensheng, un homme d’affaires et philanthrope chinois. Lorsque cette affaire a été ébruitée il y a quelques semaines, la Fondation a annoncé qu’elle remboursait le don.

Le «Globe and Mail» avait allégué que ce don était lié à un complot du gouvernement chinois visant à influencer Justin Trudeau après qu’il soit devenu chef du Parti libéral du Canada (PLC).

Dans un communiqué publié mardi, la Fondation explique qu’au cours des dernières semaines, le climat politique entourant ce don reçu a mis beaucoup de pression sur la direction et le conseil d’administration bénévole, de même que sur son personnel. 

Le communiqué ajoute que les circonstances créées par la politisation de la Fondation fondée en 2001 ont rendu impossible le maintien du statu quo, ce qui a mené au départ du conseil d’administration et de la PDG, Pascale Fournier.

Trois administrateurs resteront sur une base intérimaire afin que la Fondation puisse continuer à remplir ses obligations en attendant le renouvellement du conseil d’administration.

Le mois dernier, le premier ministre Justin Trudeau a assuré qu’il n’avait eu aucune association formelle ou informelle avec la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau depuis peu de temps après son élection. 

«Attaques conservatrices»

Interrogé en marge d’un événement à Toronto, mardi, M. Trudeau a réitéré qu’il n’avait «aucune connexion directe ou indirecte» avec la Fondation. «Mais je sais qu’ils vont continuer de faire de l’excellent travail pour avancer des débats importants au Canada», a−t−il dit.

«Je n’ai aucun doute que malgré les attaques de politiciens conservateurs qui se passent depuis des années maintenant sur des organismes de charité, des fondations, les personnes qui s’impliquent pour améliorer leur communauté, leur pays de différentes façons non partisanes vont pouvoir continuer de faire leur travail.

«Malgré les attentats de politiciens qui veulent rendre encore plus toxiques nos débats publics, augmenter le niveau de polarisation qu’on retrouve en politique, de bonnes personnes vont continuer d’œuvrer pour améliorer le pays et ne pas être affectées par des gens qui veulent faire des gains politiques à court terme aux dépens d’organismes et d’individus qui servent leur pays et le bien commun.»

Johnston en conflit d’intérêts

Le Bloc québécois, quant à lui, voit dans ces démissions une raison supplémentaire pour exiger du premier ministre qu’il révoque le mandat accordé à l’ex-gouverneur général David Johnston, qui a déjà été administrateur de la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau.

M. Johnston a été récemment nommé par M. Trudeau «rapporteur spécial» pour déterminer s’il devrait y avoir une enquête publique sur une ingérence étrangère — notamment chinoise — dans les élections canadiennes récentes.

«Devant l’attention accrue dont devra maintenant être l’objet la Fondation, et face à l’évidence que le rapporteur spécial devra formuler des recommandations relatives à la Fondation, il apparaît inimaginable que M. Johnston puisse remplir cette fonction avec la distance nécessaire», plaide dans un communiqué le porte-parole bloquiste en matière d’éthique, René Villemure.

Le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, estime de son côté que la démission des administrateurs de la Fondation «n’est surtout pas de nature à calmer le jeu».

«Au contraire, elle ajoute aux doutes sur le processus et l’intention du financement chinois obtenu par la Fondation, conclut M. Blanchet. Plus que jamais, c’est d’une commission d’enquête indépendante, dont la présidence sera désignée par les élus du Parlement, dont nous avons tous besoin. Rien d’autre ne fera l’affaire.»