François Legault préfère compenser que de geler les tarifs
La Presse Canadienne|Publié le 09 mars 2022«Je vois les oppositions suggérer des gels: gel d’augmentation (des tarifs) d’hydroélectricité, gel des loyers, enlever des taxes sur l’essence. Je pense que ce que ça veut dire si on faisait ça, c’est qu’on aiderait plus ceux qui consomment plus», explique le premier ministre François Legault. (Photo: La Presse Canadienne)
Longueuil — Le premier ministre François Legault reconnaît que l’inflation frappe durement les ménages, mais il n’a pas l’intention de geler des tarifs ou de réduire la taxe sur l’essence, comme le réclame le chef conservateur Éric Duhaime.
De passage à Longueuil pour lancer la campagne de sa candidate Shirley Dorismond à l’élection partielle du 11 avril dans Marie-Victorin, M. Legault a réitéré son intention d’utiliser le budget du 22 mars prochain pour remettre des chèques aux contribuables.
«Je vois les oppositions suggérer des gels: gel d’augmentation (des tarifs) d’hydroélectricité, gel des loyers, enlever des taxes sur l’essence. Je pense que ce que ça veut dire si on faisait ça, c’est qu’on aiderait plus ceux qui consomment plus. C’est comme ça qu’on a agi jusqu’à présent, c’est de donner un montant qui est fixe pour tout le monde et qui, donc, bénéficie plus aux gens qui en ont le plus besoin, qui ont moins de revenus», a réaffirmé le premier ministre, comme il l’avait fait le 25 février dernier à Repentigny.
«C’est l’approche qu’on privilégie, donc on ne privilégie pas de geler ou d’enlever des taxes, ce qui bénéficierait à ceux qui consomment le plus.»
L’exemple inadéquat de l’Alberta
Plus tôt dans la journée, Éric Duhaime avait demandé au gouvernement caquiste d’imiter l’Alberta et de suspendre temporairement la taxe provinciale sur l’essence. La situation de l’Alberta est toutefois fort différente.
Une telle suspension au Québec priverait le gouvernement de revenus importants. À l’opposé, l’Alberta bénéficie d’une augmentation majeure des redevances qu’elle perçoit pour le pétrole extrait sur son territoire depuis que le prix du baril est parti à la hausse.
Ces redevances, qui étaient de 1% lorsque le baril se vendait à 55 $, ont augmenté progressivement pour atteindre leur sommet prévu de 9% depuis que le baril a atteint 120 $. En termes de dollars, les revenus de la province augmentent de 400 à 500 millions $ chaque fois que le prix du baril augmente d’un dollar, selon les experts. Or, le prix du baril a augmenté de plus de 65 $ depuis le mois de janvier 2021. La perte des revenus provenant de la taxe provinciale albertaine sur l’essence sera donc largement compensée par la hausse fulgurante des redevances depuis un peu plus d’un an.
Inflation
Le premier ministre Legault a par ailleurs indiqué que dès l’élection partielle dans Marie-Victorin, «on va parler d’inflation. Je pense que c’est un sujet qui devient de plus en plus incontournable. On a vu le prix du logement. C’est vrai, on manque de logements à Longueuil, logements entre autres abordables.»
Il a reconnu qu’il est nécessaire d’utiliser au plus vite les sommes fédérales allouées pour la construction de logements abordables, un montant de 338 millions $ provenant du programme d’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL). «Il faut réduire les délais pour la construction. (…) L’idée, c’est d’aller plus vite.»
Logement et accès à la propriété
D’où l’intention, à nouveau répétée, de «redonner de l’argent dans le portefeuille des Québécois, parce que ce ne sont pas seulement ceux qui ont besoin de logements abordables qui ont des problèmes. Des familles de la classe moyenne ont aussi de la difficulté à payer les augmentations de loyer.»
«Il n’y a pas juste dans les logements abordables où il y a problème. Ce sont tous les logements», a-t-il fait valoir, ajoutant que le panier d’épicerie a lui aussi connu une inflation galopante.
François Legault constate également que l’espoir de devenir propriétaire devient aussi de plus en plus un rêve inaccessible pour les jeunes ménages en raison d’une surenchère inédite sur le marché de l’immobilier.
Ses propos à cet effet indiquent toutefois qu’il n’y aura pas de mesures consacrées à cette question dans le prochain budget et qu’il faudra attendre la campagne électorale de l’automne prochain. «Il y a une campagne qui s’en vient pour les élections générales. Je pense que les partis politiques vont se forcer pour avoir des plans d’accès à la propriété, comme on en a souvent vu dans l’histoire. Je vous invite à être patients.»