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Francophones au CA: «le CN doit montrer l’exemple», dit Alghabra

La Presse Canadienne|Publié le 10 mai 2022

Francophones au CA: «le CN doit montrer l’exemple», dit Alghabra

Le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) doit «montrer l’exemple» en nommant des francophones sur son conseil d’administration bien qu’il n’en soit pas obligé, a soutenu lundi le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra.

«Je continue de penser que, même si la loi est silencieuse, le CN doit montrer l’exemple et faire preuve de leadership devant ses employés et ses clients», a déclaré le ministre lors d’une comparution devant le comité permanent des Langues officielles.

M. Alghabra, qui est en train d’apprendre lui-même le français, a affirmé que le gouvernement trouve «inacceptable» l’absence de francophones sur le conseil d’administration du CN et que le message d’avoir minimalement un francophone québécois au conseil d’administration a été transmis de façon très claire à l’ancienne société de la couronne. «Loud and clear», a-t-il dit à deux reprises.

«C’est simplement (une) tape sur les doigts», s’est exclamé le député conservateur Richard Lehoux en le questionnant.

Le ministre a également rappelé que le plus grand transporteur ferroviaire du pays, tout comme Air Canada, est une «compagnie privée» et qu’il n’a pas le pouvoir de nommer des personnes sur leur conseil d’administration.

«La réalité c’est que le gouvernement du Canada ne peut rien faire réellement hormis de leur suggérer ou d’être déçu quand ils ne le font pas», a résumé le député conservateur Bernard Généreux après que le ministre ait répété que «le CN a des obligations».

M. Généreux lui a également reproché de ne pas proposer de véritables solutions pour remédier à la situation.

Le ministre a régulièrement évoqué le projet de loi C-13 visant à moderniser la Loi sur les langues officielles afin de protéger les doits des clients et des employés d’être servis et de travailler dans la langue officielle de leur choix.

Or, le projet de loi ne comprend «aucun outil, aucun moyen» d’imposer la nomination de francophones sur les conseils d’administration de sociétés assujetties à la Loi sur les langues officielles, lui a renvoyé dès le début le vice-président conservateur du comité, Joël Godin.

M. Godin qui milite pour que le gouvernement puisse imposer un minimum de francophones aux sociétés assujetties à la Loi sur les Langues officielles a ajouté que de se fier à «la bonne foi» des gestionnaires du CN n’est peut-être pas idéal puisque «le passé est garant de l’avenir».

Prenant la parole, le vice-président bloquiste, Mario Beaulieu, a d’abord noté une nette amélioration dans la maîtrise du français du ministre.

«On voit que vous avez eu un bon prof, peut-être meilleur encore une fois que M. (Michael) Rousseau (le PDG d’Air Canada)», a-t-il dit, suscitant des rires dans la pièce.

M. Beaulieu lui a demandé si sa nomination, comme unilingue anglophone, «envoie un message un peu drôle, parce que ça revient un peu à ce qui se passe au CN».

«Ce ne sont pas tous les Canadiens qui sont en mesure de parler les deux langues», a répondu le ministre. M. Alghabra a aussi mentionné «l’importance du français au Canada, l’importance du Québec pour le Canada et le fait que le Québec est une nation distincte dans le Canada».

La députée néo-démocrate Niki Ashton a pour sa part mis l’accent sur «l’enjeu de sécurité» que représente l’incompréhension de la langue de Molière par des employés du CN.

«Si les compagnies ferroviaires ne sont pas en mesure d’avoir des superintendants qui peuvent comprendre et parler en français (…), ça peut mener à des situations qui sont dangereuses, a-t-elle dit. On a des cas où on a besoin de traducteurs pour faire des manœuvres.»

Face à un ministre qui faisait la promotion de C-13, Mme Ashton lui a demandé s’il faudra «attendre qu’un accident se produise qui soit lié à l’incompréhension des instructions entre les membres d’une équipe».

Le député Beaulieu s’est plus tard lancé dans la mêlée en insistant que le risque d’accident est bien réel si, par exemple, un contrôleur est incapable de comprendre des consignes importantes.

La direction du CN sera convoquée devant le comité où elle sera questionnée à la suite du tollé provoqué par l’absence de francophones sur son conseil d’administration.