Gaza: le Canada vote pour un «cessez-le-feu» à l’ONU
La Presse Canadienne|Publié le 12 Décembre 2023Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau (Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick)
Le Canada a voté mardi pour une résolution non contraignante à l’Assemblée générale des Nations unies qui appelle à «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» entre Israël et le Hamas.
La position du Canada sur la résolution représente un changement important par rapport à sa position de longue date consistant à voter avec Israël sur des résolutions majeures au sein de l’organisme international.
«Nous devons reconnaître que ce qui se déroule sous nos yeux ne fera que renforcer le cycle de la violence», a déclaré mardi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lors d’une conférence de presse sur la colline du Parlement.
«Cela ne conduira pas à la défaite du Hamas, qui est nécessaire, et de la menace qu’il fait peser sur Israël. En gardant à l’esprit l’avenir des Israéliens et des Palestiniens, le Canada se joint à l’appel international en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire», a-t-elle ajouté.
Le Canada a déclaré dès le début qu’Israël avait le droit de se défendre, a affirmé Mélanie Joly. La ministre a indiqué que la façon dont Israël se défend est importante pour l’avenir des Israéliens et des Palestiniens comme pour celui de la région.
La guerre entre Israël et le Hamas a commencé après que des militants du groupe armé ont lancé une attaque-surprise en Israël le 7 octobre, tuant 1200 personnes, dont des centaines de civils, et prenant environ 240 personnes en otages.
Israël a riposté par des frappes aériennes sur la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et y a coupé l’accès à de nombreux biens essentiels. Plus de 18 000 Palestiniens ont été tués.
«Des milliers d’enfants sont désormais orphelins», a déclaré Mélanie Joly mardi.
«D’innombrables civils palestiniens à Gaza souffrent sans eau, nourriture, carburant ou médicaments et leurs maisons ont été réduites en ruines.»
Plus tôt dans la journée de mardi, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’Israël et le Hamas devaient œuvrer en faveur d’un «cessez-le-feu durable», en commençant par une nouvelle pause dans les hostilités.
«Le Canada est déterminé à garantir que les Israéliens et les Palestiniens puissent vivre en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues, dans des États pacifiques et prospères», a déclaré Justin Trudeau aux journalistes mardi, sur la colline du Parlement.
Un peu plus tôt, Justin Trudeau a publié une déclaration commune avec ses homologues australien et néo-zélandais, décrivant une série de positions sur la guerre lancée par Israël contre le Hamas après que ses militants ont entrepris une attaque contre Israël le 7 octobre.
Le communiqué appelle le Hamas à libérer les otages capturés lors d’«actes de violence odieux» perpétrés lors de ces attaques du 7 octobre contre Israël. Il souligne que cette organisation est responsable de violences sexuelles et d’utilisation «de civils palestiniens comme boucliers humains».
Les dirigeants appellent également à un «accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire» dans la bande de Gaza et à ce qu’Israël mette fin au siège du territoire.
Les trois pays affirment également qu’«il n’y a aucun rôle pour le Hamas dans la gouvernance future de Gaza», tout en ajoutant qu’Israël ne peut pas occuper à nouveau le territoire ni déplacer les Palestiniens.
Les dirigeants souhaitent également une autre trêve de plusieurs jours, comme celle du mois dernier, qui a permis l’acheminement de l’aide humanitaire et la libération d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
Le député libéral Rob Oliphant, secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères, a affirmé que cette déclaration était un moyen de faire pression sur les deux parties, tout en ajoutant que le Hamas devait se rendre.
«Il faut deux parties pour que ces choses fonctionnent. Les cessez-le-feu sont toujours négociés. Le Canada doit donc faire pression», a-t-il déclaré aux journalistes.
«Je pense que les trois pays ont choisi le ton juste, pour aller encore plus loin», a-t-il dit à propos de la déclaration.
Peu de temps après que le bureau de Justin Trudeau a publié cette déclaration, le premier ministre a affirmé aux journalistes qu’il avait eu un entretien téléphonique avec Benyamin Nétanyahou.
«Je viens de raccrocher au téléphone d’une conversation longue et détaillée avec le premier ministre israélien Nétanyahou, au cours de laquelle j’ai exposé la position du Canada», a indiqué Justin Trudeau.
«Nous sommes déterminés à travailler avec nos partenaires de la région et du monde entier pour parvenir à une solution durable à deux États.»
Un équilibre impossible à atteindre, dit Trudeau
Dans une entrevue de fin d’année accordée lundi à La Presse Canadienne, Justin Trudeau a déclaré qu’il n’y avait pas d’équilibre parfait que son gouvernement puisse trouver dans ce conflit.
«On est dans une situation où l’intensité des émotions et de la réalité pour les deux côtés est tellement intense que normalement, le Canada chercherait une ligne qui serait trouvable pour être un peu équilibré dans cette situation-là. Cette ligne n’existe pas. Il y a trop de peines, il y a trop de frustrations, il y a trop d’angoisse et de peur sur les deux côtés», a dit Justin Trudeau.
Le premier ministre a ajouté dans cette entrevue que la position d’Ottawa avait un effet limité sur le conflit, et que son gouvernement s’est donc concentré sur la promotion de l’aide humanitaire et d’une solution viable à deux États.
Mardi, lors de la période des questions, le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait demandé au Canada d’appuyer la résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu.
Des défenseurs des otages israéliens toujours détenus à Gaza étaient aussi sur la colline du Parlement, mardi, pour faire pression sur le gouvernement pour qu’il impose des sanctions à certains membres du Hamas.
Le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne a présenté un document de 119 pages demandant aux libéraux de sanctionner certaines personnes affiliées au Hamas, que le Canada considère comme une organisation terroriste depuis 2002.
La désignation n’est pas suffisante, affirme le groupe, soulignant que des pays comme la Grande-Bretagne ont également sanctionné des individus.
Irwin Cotler, fondateur du groupe de défense et ancien ministre libéral de la Justice, a déclaré que la libération des otages doit être une «obligation autonome» sur des bases juridiques et morales, «sans rapport avec votre position sur les questions politiques».