Au troisième trimestre, la banque a dégagé un profit de 2,96 milliards de dollars US. (Photo: 123RF)
New York — Goldman Sachs, qui a vu son bénéfice chuter au troisième trimestre, a annoncé mardi une vaste réorganisation de ses activités prévoyant entre autres de regrouper ses banquiers d’affaires et ses courtiers et amenuisant ses ambitions du côté des services aux particuliers et petites entreprises.
Le PDG de la firme new-yorkaise, David Solomon, a expliqué vouloir procéder à un «réalignement» des divers services proposés à ses clients.
L’établissement va désormais se diviser en trois unités: l’une consacrée à la gestion d’actifs et de fortune, l’autre aux activités de conseil et de banque aux grandes entreprises et aux marchés financiers, et une troisième à ses plateformes en ligne.
L’objectif est notamment de faire croître les commissions tirées de la gestion d’actifs et de fortune, moins dépendants des aléas économiques que les activités de trading ou de banque d’affaires.
Goldman compte par ailleurs sur le regroupement des activités de conseil et sur les marchés financiers pour attirer plus d’entreprises.
La dernière division comprendra la fintech Greensky, spécialisée dans l’octroi de crédits à la consommation, les partenariats avec d’autres entreprises comme Apple ainsi qu’une plateforme aidant les entreprises à gérer leur trésorerie.
Goldman Sachs avait déjà procédé à une vaste réorganisation en janvier 2020, quand le groupe voulait se diversifier en mettant l’accent sur ses services aux particuliers que Goldman Sachs avait regroupés sous le nom de Marcus. Ces derniers vont être redistribués.
Il est préférable pour la banque de «se concentrer» sur les clients déjà sur la plateforme Marcus «plutôt que d’aller chercher en masse des consommateurs», a souligné M. Solomon lors d’une interview sur CNBC.
«L’idée d’être vraiment large avec une présence auprès des consommateurs ne correspond pas vraiment à nos points forts», a-t-il aussi relevé.
Chances de récession
Au troisième trimestre, le bénéfice net de la banque a plongé de 44%, à 2,96 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires a reculé de 12%, à 11,98 milliards.
La baisse des résultats, supérieurs aux prévisions, est surtout due à la moindre activité des banquiers conseillant les entreprises pour les entrées en Bourse, les levées de fonds ou les opérations de fusions-acquisitions, leurs commissions plongeant de 57%.
Les revenus générés par la gestion d’actifs ont aussi chuté, de 20%.
L’activité des courtiers de Goldman Sachs sur les marchés a en revanche progressé, de 11%, grâce à la hausse des échanges sur les marchés des obligations, des matières premières et des devises (+41%). Le trading sur les marchés actions a de son côté reculé de 14%.
La division dédiée à la banque de détail et à la gestion de fortune a pour sa part vu son chiffre d’affaires progresser de 18%.
La banque a par ailleurs augmenté ses provisions pour créances irrécouvrables de 515 millions de dollars afin de prendre en compte la croissance de son portefeuille exposé aux consommateurs, les impayés et «l’impact continu des inquiétudes liées aux perspectives économiques».
«L’inflation reste élevée. Les banques centrales augmentent les taux d’intérêt à un rythme jamais vu depuis des décennies. Pendant ce temps, les marchés boursiers sont bien loin de leurs sommets», a relevé M. Solomon lors d’une conférence téléphonique avec des analystes en évoquant aussi «l’instabilité géopolitique et les chocs énergétiques».
Sur CNBC, il avait souligné qu’il y avait «de bonnes chances que nous ayons une récession aux États-Unis».
L’action de la firme prenait 2,5% mardi soir à la clôture de la Bourse de New York.
Goldman Sachs est la dernière grande banque américaine à dévoiler ses résultats. Toutes ont vu leurs bénéfices nets reculer, en particulier en raison de l’activité au ralenti de leurs banquiers d’affaires, mais ont en général fait mieux que prévu avec des clients conservant encore, pour l’instant, une santé financière correcte.
Elles ont mis un peu plus d’argent de côté pour faire face aux éventuels impayés, mais bien moins qu’au début de la pandémie.