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Grand Nord: trop de retard en infrastructures

La Presse Canadienne|Publié il y a 44 minutes

Grand Nord: trop de retard en infrastructures

«On est déjà très en retard en matière d’infrastructures» dans le Nord, a déploré le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, en conférence de presse au côté de ses homologues des territoires. (Photo: Darren Calabrese La Presse Canadienne)

Halifax — Le Canada accuse du retard dans ses investissements en infrastructures dans le Nord. 

C’est ce qu’ont déploré les premiers ministres des territoires, une semaine après le sommet de l’OTAN où le gouvernement Trudeau s’est engagé à augmenter ses dépenses militaires.

Selon eux, la construction d’infrastructures stratégiques dans le Nord pourrait justement aider le Canada à atteindre la cible de 2% du PIB en dépenses militaires exigée des États membres de l’OTAN — alors que le pays est critiqué par ses alliés parce qu’il traîne de l’arrière. 

Les premiers ministres des territoires se sont exprimés à Halifax mardi matin en marge du sommet estival du Conseil de la fédération, qui réunit les premiers ministres de toutes les provinces, dont François Legault.  

Le Grand Nord est visé par les ambitions russes et chinoises et convoité pour ses ressources abondantes, notamment ses minéraux critiques.

En outre, le trafic maritime augmente constamment dans le Passage du Nord-Ouest, parce que la saison de navigation est de plus en plus longue en raison de la fonte des glaces induite par les changements climatiques.

«On est déjà très en retard en matière d’infrastructures» dans le Nord, a déploré le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, en conférence de presse au côté de ses homologues des territoires.

D’ici à 20 ans, ce corridor maritime deviendra «vraiment important à l’échelle mondiale», a-t-il fait valoir.
Or, «quand on prend en considération le temps qu’il faut pour construire les infrastructures portuaires, le coût, le processus d’évaluation environnementale, le processus de consultation, et vous pensez que dans 20 ans il y aura beaucoup de trafic, alors nous sommes en retard en fonction du temps qu’il faut pour construire», a-t-il expliqué.

Rappelons que la semaine dernière, sous la pression de ses partenaires de l’OTAN, le premier ministre Justin Trudeau a finalement a annoncé que le Canada allait atteindre la cible de 2% du PIB en investissements militaires, mais d’ici à 2032. 

Ottawa a également annoncé la signature d’un «Pacte de glace» trilatéral, avec la Finlande et les États-Unis, afin de construire davantage de brise-glaces pour protéger l’Arctique, puisque cet océan pourrait devenir la principale voie de transit entre l’Europe et l’Asie d’ici à 2050 selon les experts. 


Menaces

Par ailleurs, les premiers ministres du Nunavut, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest ont laissé entendre qu’ils étaient mal renseignés «en temps réel» par le fédéral sur les enjeux de sécurité et de défense, mais que la situation s’est améliorée depuis une rencontre avec le ministre fédéral de la Défense, Bill Blair, et sa collègue aux Affaires étrangères, Mélanie Joly, en mai.

Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, a précisé qu’il n’y a pas de menace imminente dans le Nord, selon les indications fournies lors de la rencontre avec M. Blair et Mme Joly.

Questionné à savoir quels étaient les États qui menaçaient ainsi la souveraineté canadienne dans le Grand Nord, il a évité de répondre. 

En mai, Bill Blair avait pour sa part clairement ciblé la Russie et la Chine.

Il avait alors souligné qu’«une activité accrue de la Russie dans les approches aériennes a été observée, et qu’un nombre croissant de navires et de plateformes de surveillance de la Chine cartographient la région et recueillent des données connexes».

Il avait aussi relevé que la Russie investissait dans de nouvelles bases et infrastructures dans l’Arctique, tandis que la Chine «cherche à devenir une grande puissance polaire d’ici à 2030». 

Le fédéral en avait alors profité pour annoncer des centaines de millions de dollars d’investissements pour de nouveaux hélicoptères tactiques et des avions de surveillance, ainsi que des réseaux d’écoute sous-marine.

MM. Akeeagok et Pillai ont été interrogés à savoir si les unités de Rangers en service sur les territoires avaient relevé davantage d’incidents ou rapporté davantage d’incursions de puissances étrangères, mais ils ont évité de répondre.  

M. Pillai a cependant souligné que les membres de cette composante de la Réserve, des surnuméraires qui patrouillent de vastes espaces, auraient avantage à disposer de davantage de moyens pour accomplir leur mission.  

M. Akeeagok a rappelé que les Rangers avaient joué un rôle important dans la traque aux ballons espions chinois, en 2023. 

Ils sont les «yeux et les oreilles» dans le Nord, a-t-il imagé.

Patrice Bergeron