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Grappe de la construction: quelle place faire aux syndicats?

La Presse Canadienne|Publié le 22 janvier 2019

Patrons et entrepreneurs se défendent bien de vouloir tenir les syndicats à distance.

Les échanges visant la mise en place de la grappe de l’industrie de la construction se butent aux discussions quant à la place que doivent y avoir les syndicats, a appris La Presse canadienne.

Les rencontres entre les partenaires ont débuté quant au mandat que doit se donner la grappe. La question de la place des syndicats au sein de la future grappe industrielle s’est vite posée.

La création d’une grappe de l’industrie de la construction avait été annoncée en août dernier par l’ancien gouvernement libéral. Le budget de mars 2018 avait d’ailleurs prévu 1,4 million $ sur cinq ans pour sa mise en place.

Lorsqu’elle sera effectivement en fonction, la grappe s’intéressera à des enjeux comme l’innovation, l’allègement réglementaire, la commercialisation, les exportations, mais aussi la productivité et la formation de la main-d’œuvre, des thèmes qui concernent directement les travailleurs.

« Aussitôt qu’on parle de l’industrie de la construction ou de son avenir, je trouve ça inconcevable qu’on puisse penser que les travailleurs et leurs représentants ne seront pas pris en compte ou n’auront pas une voix. C’est impensable d’avoir une réflexion collective sans avoir la parole des travailleurs et de leurs représentants », s’est exclamé Michel Trépanier, président de la deuxième plus grande organisation syndicale du secteur, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International).

Patrons et entrepreneurs se défendent bien de vouloir tenir les syndicats à distance.

Les syndicats ont leur place, « ils ont des choses très pertinentes à dire ; ils font même de la formation. Il ne faut pas les écarter » a objecté Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec. Mais il existe d’autres tribunes pour traiter des problèmes de relations de travail dans l’industrie de la construction, s’est-il empressé d’ajouter.

Même son de cloche à la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec. « On ne veut pas remplacer les instances des tables de négociations. On ne veut pas que cette grappe-là se transforme en table de négociation pour écrire les conventions collectives ; ce n’est pas l’objectif », a commenté le vice-président exécutif, Éric Côté.

« Au cours des chantiers de réflexion, il y a des éléments de productivité qui sont arrivés et, inévitablement, ces questions-là, sans être strictement liées aux conventions collectives, font l’objet de discussions et doivent intéresser aussi les syndicats. Je pense qu’à tout le moins, si on doit s’asseoir avec tout le monde, on doit asseoir les syndicats à la table pour pouvoir discuter de ces questions-là », a souligné M. Côté.

« La question qui se pose, c’est : est-ce que les gens qui vont être assis à la table pour discuter vont vouloir faire partie des solutions ou vont tout simplement se camper dans le statu quo ? C’est notre préoccupation comme entrepreneurs : on veut faire avancer notre industrie et on veut travailler avec des gens qui veulent aller dans ce sens-là. Je ne peux pas présumer que les syndicats ne sont pas dans cet esprit-là, au contraire », a ajouté M. Côté.

Du côté syndical, M. Trépanier affirme qu’« il y a eu plusieurs discussions (entre les futurs partenaires de la grappe) et on a été demandé à participer à une (seule) rencontre ». Il se dit donc préoccupé par la question de « l’équilibre », parce qu’il voit dans la grappe de la construction beaucoup plus de représentants d’employeurs que de travailleurs.