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Groupe Juste pour rire se place à l’abri de ses créanciers

La Presse Canadienne|Publié le 05 mars 2024

Groupe Juste pour rire se place à l’abri de ses créanciers

JPR est à la recherche d’investisseurs pour, «dans la mesure du possible, préserver la continuité des activités». (Photo: Getty Images)

Le Groupe Juste pour rire (JPR) se place à l’abri de ses créanciers et annule l’édition 2024 du festival Juste pour rire. L’entreprise a aussi mis à pied 75 personnes, ce qui représente 70% de ses effectifs.

JPR affirme dans un communiqué qu’elle se trouve dans «une situation financière très difficile». L’entreprise explique sa décision par la réduction des budgets des médias traditionnels et des plateformes de diffusion continue, par la cessation des activités pendant la pandémie et la montée de l’inflation qui a exercé une pression sur les coûts.

L’entreprise a annoncé la mise à pied à ses employés, mardi matin, confirme le porte-parole Julien Provencher-Proulx.

En plus de l’édition 2024 du festival Juste pour rire, sept spectacles sont annulés: ceux de Louis T, Mélanie Couture, Jean-Sébastien Girard, Eve Côté, Neev, les spectacles de Waitress au Théâtre Saint-Denis (Montréal) et à la salle Albert-Rousseau (Québec) ainsi que le spectacle de Mesmer durant le festival Juste pour rire.

Les consommateurs qui ont acheté leurs billets au guichet d’une salle de spectacle pourront se faire rembourser en retournant au guichet. Ceux qui ont acheté leur billet sur une plateforme en ligne devront faire annuler leur transaction auprès de l’émetteur de leur carte de crédit, explique M. Provencher-Proulx.

Plus tard dans la journée, l’humoriste Louis T a fait savoir que les spectacles auront lieu et que son équipe reprenait la production de la tournée. «Ma tournée est maintenue, autant pour les spectacles déjà annoncés que d’autres qui s’ajouteront, assure-t-il. Les gens ayant déjà acheté des billets n’ont pas à s’inquiéter. Pis les autres, vous pouvez en acheter en toute confiance.»

L’humoriste Jean-Sébastien Girard a demandé, pour sa part, aux spectateurs de patienter avant que son équipe trouve une solution. «Mon extraordinaire agence est en train d’évaluer comment on pourra produire nous-mêmes le spectacle, explique-t-il sur Facebook. On ne touche à rien, pas besoin de vous faire rembourser! Je vous reviens d’ici 48 h.»

JPR est à la recherche d’investisseurs pour, «dans la mesure du possible, préserver la continuité des activités».

Le Groupe Juste pour rire avait déjà mis à pied 21 employés au mois de décembre dernier, selon un avis envoyé au ministère du Travail. Ce chiffre s’ajoute aux 75 personnes qui perdent leur emploi, mardi. «Le Devoir» rapportait la semaine dernière que le président-directeur général, Charles Décarie, avait quitté son poste au retour des Fêtes.

L’entreprise compte trois actionnaires: Creative Artists Agency (49%), Bell (26%) et Evenko (25%), qui est une propriété du Groupe CH et de Bell Média.

Les dirigeants de JPR ont décliné notre demande d’entrevue. Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction immédiate de Bell.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a déploré l’annulation du festival Juste pour rire, dans une déclaration sur X. «J’ai demandé aux équipes de la Ville de Montréal de prendre contact avec l’organisation pour évaluer les suites envisagées», réagit-elle.

Des conditions difficiles dans l’industrie

Attristé par la nouvelle, le président-directeur général du Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI), Martin Roy, dit qu’il n’est pas surpris, en entrevue.

«On n’est pas tellement surpris parce que l’on se tue depuis déjà plusieurs mois, même des années, à dire que ça ne va pas bien dans le secteur festivalier, en particulier pour les festivals qui sont présentés gratuitement, entre autres au centre-ville de Montréal.»

Le modèle de festival gratuit est devenu «extrêmement difficile à faire vivre», selon M. Roy. La pandémie qui a forcé un arrêt des activités et l’inflation qui a exercé une pression à la hausse sur les coûts d’exploitation ont perturbé l’industrie.

«J’ai demandé moi aux festivals et aux événements de me dire combien il leur en coûtait pour faire un événement comparable à 2019, ces jours-ci. C’est certainement le 35% à 40% de plus, à vue de nez, qu’il leur en coûte pour faire un événement comparable à celui qu’ils faisaient à l’époque.»

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

 

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