Les entreprises du secteur des énergies fossiles qui «se régalent» des profits gonflés par la guerre en Ukraine «devraient passer moins de temps à faire de la publicité pour éviter un désastre de communication et plus à éviter un désastre planétaire», a dit Antonio Guterres. (Photo: 123RF)
New York — En cette période de crise, le monde est bloqué par un «dysfonctionnement colossal», a déclaré mardi le secrétaire général de l’ONU, en exhortant les dirigeants à se rassembler dans un effort collectif afin d’allumer une lueur d’espoir pour le monde.
António Guterres a ouvert la 77e Assemblée générale des Nations unies, mardi, en brossant un sombre tableau d’un péril croissant — et d’un monde paralysé et impuissant à y faire face.
«La communauté internationale n’est pas prête ou disposée à relever les grands défis dramatiques de notre époque», a déclaré M. Guterres.
Le secrétaire général a dressé une longue liste de catastrophes qui frappent le monde: la guerre en Ukraine, la crise climatique, l’urgence économique qui submergent le monde en développement, et la propagation du nationalisme et de l’extrémisme, pour n’en nommer que quelques-unes.
«Mais la réalité est que nous vivons dans un monde où la logique de la coopération et du dialogue est la seule voie à suivre, a soutenu M. Guterres. Aucun pouvoir ou groupe ne peut à lui seul prendre les décisions. Aucun défi mondial majeur ne peut être résolu par une coalition de volontaires. Nous avons besoin d’une coalition mondiale.»
Le navire de l’espoir
Justin Trudeau était l’un des dirigeants assis dans la grande salle des séances de l’Assemblée générale pour le discours d’ouverture, son premier événement public dans cette visite de deux jours à l’ONU, où les bruits de bottes en Ukraine se répercutent dans tous les couloirs.
M. Guterres a évoqué un navire battant pavillon de l’ONU et chargé de céréales ukrainiennes traversant une zone de guerre jusqu’à la Corne de l’Afrique, où des millions de personnes meurent de faim. Il évoquait l’Initiative céréalière de la mer Noire, un accord complexe conclu sous l’égide des Nations unies entre l’Ukraine et la Russie, négocié avec l’aide de la Turquie, qui permet enfin de faire sortir de la nourriture bloquée depuis longtemps de cette région ravagée par la guerre.
«Chaque navire transporte également l’un des produits les plus rares d’aujourd’hui: l’espoir, a déclaré M. Guterres. Nous avons besoin d’espoir […] et plus encore. Nous avons besoin d’action.»
Donner de l’espoir face à une catastrophe est la raison d’être des Nations unies, a aussi déclaré l’ambassadeur du Canada à l’ONU, Bob Rae. Mais c’est difficile quand les catastrophes semblent continuer sans relâche à se produire. «Le problème auquel nous sommes confrontés est cette incroyable cascade de crises», a déclaré M. Rae.
«Nous devons donner de l’espoir, a-t-il indiqué. Nous devons démontrer que nous pouvons agir pour faire une différence. Et c’est l’approche que les Canadiens adoptent dans le monde entier.»
Un agenda chargé
La visite de deux jours de M. Trudeau à New York a commencé mardi par une rencontre bilatérale avec le président du Suriname, Chandrikapersad Santokhi, qui préside cette année le Caricom, une coalition politique et économique de 15 États membres dans les Caraïbes.
Le reste de l’agenda de M. Trudeau à l’ONU est chargé de réunions sur des sujets qui lui tiennent à cœur: le changement climatique, l’égalité des genres et le développement durable, entre autres. Il a aussi participé à une table ronde avec l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, sur les vertus de la croissance de l’emploi inclusive.
Il a aussi participé au sommet «Christchurch Call», avec son homologue néo-zélandaise Jacinda Adern et le président français Emmanuel Macron, afin de combattre la propagation de l’extrémisme violent sur internet.
Mais la guerre menée par le président russe Vladimir Poutine en Ukraine n’est jamais bien loin dans la pièce. «Beaucoup de travail à faire, garder tout le monde ensemble», déclarait M. Trudeau en réponse à une question sur l’Ukraine alors qu’il arrivait mardi matin au siège de l’ONU.
L’agenda de deux jours de M. Trudeau à New York comprend aussi la promotion des 17 objectifs de l’initiative de développement durable de l’ONU, dont le premier ministre canadien est coprésident. Ces objectifs mondiaux comprennent l’action climatique, l’élimination de la pauvreté et de la pollution, l’égalité des genres et la promotion d’une croissance économique équitable.
M. Trudeau en profitera aussi pour participer à des événements en prévision des réunions de la conférence «COP15» sur la biodiversité, prévue en décembre à Montréal.
Maladies infectieuses
Le premier ministre assistera mercredi à une conférence de contributeurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, auquel le Canada a promis 4 milliards de dollars (G$) depuis 2002. Des militants au Canada ont exhorté le premier ministre à engager 1,2G$ supplémentaires pour cette seule année.
L’ambassadeur Rae a soutenu que le Canada est l’un des plus grands contributeurs au Fonds par habitant.
«Je sais que le premier ministre se débat avec cette question de savoir ce que nous pouvons faire de plus, a-t-il déclaré. Les pressions mondiales sur nous, sur tous les fronts, sont énormes […] alors ressentons-nous la pression? Ouais, bien sûr. Mais devinez quoi? Nous sommes habitués à la pression, nous savons comment y répondre, et nous y répondrons.»
Le fonds aide les pays en développement à limiter et à traiter les maladies évitables, qui sont dans de nombreuses régions les principales causes de décès — et une fois de plus en augmentation.
M. Trudeau prévoit aussi de rencontrer cette semaine des partenaires des Antilles et d’autres régions pour se concentrer sur la promotion d’une croissance durable en Haïti.
Il rencontrera également Joe Biden en personne lors d’un événement pour les dirigeants organisé par le président américain et sa femme — leur première rencontre face à face depuis que Washington a abandonné un programme pour vendre plus de véhicules électriques fabriqués aux États-Unis.