Harcèlement: le président de la FTQ Construction démissionne
La Presse Canadienne|Publié le 28 avril 2022Dans les couloirs du parlement, le ministre du Travail, Jean Boulet, avait aussi réclamé la démission du président. (Photo: La Presse Canadienne)
Le président de la FTQ-Construction, Rénald Grondin, a remis sa démission jeudi midi, dans la foulée de révélations selon lesquelles il a harcelé une secrétaire pendant deux ans.
La Presse a dévoilé jeudi matin une décision de 2012 de la Commission des lésions professionnelles qui montre que Rénald Grondin a harcelé et agressé la travailleuse entre 2008 et 2010, alors qu’il était directeur général de l’Association des manœuvres interprovinciale, affiliée à la FTQ-Construction.
Le quotidien a rapporté que ces gestes ont poussé la femme, qui comptait à ce moment 13 années d’expérience à l’Association des manœuvres interprovinciales, à quitter son emploi en mars 2010. Elle a affirmé toujours souffrir d’un choc post-traumatique aujourd’hui.
Rénald Grondin a accédé à la présidence de la FTQ-Construction en 2018. Dans son communiqué de presse, le syndicat assure que des enquêtes sont effectuées sur les candidats à la présidence et qu’«aucune décision compromettante concernant Rénald Grondin n’était sortie» lors du processus d’élection.
Pour la FTQ-Construction, le harcèlement sexuel et psychologique, c’est tolérance zéro. Nous savons que nous opérons dans une industrie à prédominance masculine avec un climat difficile pour les travailleuses et nous devons être un exemple pour tous et toutes», indique le syndicat dans son communiqué.
«Notre organisation durcira ses enquêtes pour s’assurer qu’une telle situation ne se reproduise pas et s’assurera d’honorer les standards élevés qu’exigent les membres qui nous ont choisis partoutà travers la province.»
Rénald Grondin a quitté son poste un peu moins d’un mois avant son départ à la retraite, qui était prévu pour la fin mai.
La FTQ-Construction est la plus importante organisation syndicale de l’industrie de la construction, avec 85 000 membres.
Démission réclamée à Québec
Interrogés à ce sujet lors des points de presse matinaux à l’Assemblée nationale, les trois partis d’opposition avaient réclamé le départ de Rénald Grondin en avant-midi.
«Je trouve ça extrêmement grave et extrêmement troublant», a notamment affirmé la députée péquiste Véronique Hivon. «Personnellement, je pense que, d’autant plus qu’il est dans un poste d’autorité et que ces gestes-là se sont produits en milieu de travail et qu’il représente une instance, et qu’il est la plus haute autorité d’une instance qui doit défendre des travailleurs, je pense qu’il devrait quitter ses fonctions.»
La députée libérale Christine St-Pierre, qui a été ministre de la Condition féminine entre 2008 et 2012, a parlé d’un «recul» et d’un «très, très mauvais message».
«Je suis scandalisée ce matin, a-t-elle lancé sans détour. J’ai vu l’article (de La Presse) rapidement et je suis scandalisée.
«Je ne peux pas croire que le milieu de la construction n’a pas encore compris que c’est un milieu d’hommes et qu’il y a un message à envoyer aux femmes qui voudraient peut-être entrer dans le métier de la construction, mais cette situation-là, c’est un recul, c’est inacceptable.»
La leader parlementaire de Québec solidaire, Christine Labrie, avait quant à elle invité Rénald Grondin à «réfléchir à la pertinence d’occuper cette fonction-là».
Dans les couloirs du parlement, le ministre du Travail, Jean Boulet, avait aussi réclamé la démission du président.