Hydro: nouvelle étape au Maine pour la ligne de transport
La Presse Canadienne|Publié le 01 avril 2019Même s’il progresse, le NECEC est loin de faire l’unanimité.
Une nouvelle étape s’amorce au Maine entourant le projet de ligne de transport d’hydroélectricité proposée par Hydro-Québec et son partenaire américain, qui a reçu un avis favorable, avec quelques bémols, de la commission des services aux collectivités de cet État américain.
Jusqu’à vendredi, le département de la protection environnementale se penche, dans le cadre d’audiences, sur les répercussions sur la faune qui découleront du New England Clean Energy Connect (NECEC).
Des représentants de la commission de l’aménagement du territoire du Maine, une autre entité qui doit également donner son feu vert au projet, seront également présents afin d’entendre les nombreux témoignages et présentations.
Hydro-Québec mise sur le NECEC, dont la mise en service est prévue en 2022, pour acheminer 9,45 térawattheures d’hydroélectricité par année pendant 20 ans au Massachusetts dans le cadre d’un contrat dont les revenus sont estimés à environ 10 milliards $ US.
Certains opposants, dont le groupe Natural Resources Council of Maine, misent sur ces audiences pour court-circuiter les ambitions des promoteurs, Hydro-Québec et Central Maine Power.
Des plus et des moins
Entre-temps, un rapport rédigé par des responsables de la commission des services aux collectivités du Maine a suggéré aux commissaires de cet organisme de réglementation d’octroyer un certificat d’autorisation au NECEC.
« La commission conclut que les avantages (…) pour les contribuables et les citoyens du Maine l’emportent largement sur les coûts et les inconvénients du projet », peut-on lire à la fin du document de 162 pages rendu public tard vendredi soir.
Ce rapport, qui était attendu, contient les recommandations acheminées aux trois commissaires, qui devraient trancher d’ici la fin du mois. Ceux-ci ne sont pas liés par le rapport, mais le document sert généralement à orienter leurs décisions.
Plusieurs parties prenantes, comme les groupes environnementaux, les grands consommateurs d’électricité et les propriétaires de centrales électriques, auront l’occasion de soumettre leurs commentaires et observations d’ici le 8 avril.
Selon les auteurs du rapport, le NECEC devrait notamment engendrer une diminution des coûts d’approvisionnement énergétiques dans le Maine ainsi que dans la région de la Nouvelle-Angleterre.
« Les avantages dans le Maine oscillent entre 14 millions $ US et 44 millions $ US par année et les bénéfices liés aux 15 premières années d’exploitation vont de 122 millions $ US à 384 millions $ US », affirment-ils.
Si le projet permettrait une réduction des émissions de gaz à effet de serre, il aurait toutefois une incidence « défavorable et importante » sur l’activité touristique et économique des communautés situées à proximité, est-il écrit.
Par exemple, le NECEC traverserait la rivière Kennebec, un secteur notamment prisé pour la pêche et d’autres activités.
« Cependant, lorsque (les avantages) sont comparés aux (bénéfices) économiques et environnementaux du projet, la commission estime que ces effets néfastes sont contrebalancés par les avantages », écrivent les auteurs.
S’il a été accueilli favorablement par les promoteurs de la ligne, le rapport a été critiqué par les opposants, comme le Natural Resources Council of Maine, qui estime que la preuve n’a pas été faite que le NECEC entraînerait une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre.
Pas gagné d’avance
Même s’il progresse, le NECEC est loin de faire l’unanimité.
Pas plus tard que la semaine dernière, les citoyens de Farmington ont décidé de voter contre la ligne de transport. Pourtant, la gouverneure du Maine, Janet Mills, qui est favorable au projet, vient de cette petite municipalité de moins de 10 000 habitants.
De plus, en février, Hydro-Québec s’est engagée à mettre 170 millions $ US sur la table, dans le cadre d’un projet d’entente, afin de convaincre le Maine d’accepter que la ligne de transport traverse son territoire.
Advenant que le projet obtienne le feu vert, la société d’État versera une redevance annuelle non indexée de 3,5 millions $ US pendant 40 ans, soit 140 millions $ US, puisée à même les revenus générés par le NECEC.
En sol américain, la facture du projet est estimée à 950 millions $ US et le tracé de 233 kilomètres doit passer par le Maine.
Au Québec, Hydro-Québec prévoit un tracé d’environ 100 kilomètres entre le poste des Appalaches, situé à Saint-Adrien-d’Irlande près de Thetford Mines, dans la région de Chaudière-Appalaches, et un point de raccordement à la frontière avec le Maine.
Autorisations que le NECEC doit obtenir :
– Commission des services aux collectivités du Maine
— Commission de l’aménagement du territoire du Maine
— Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis
— Département de la protection environnementale du Maine
— Département de l’Énergie des États-Unis