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Immobilier commercial: la «guerre» des talents en mode hybride

Charles Poulin|Édition d'avril 2022

Immobilier commercial: la «guerre» des talents en mode hybride

«Les employés disent qu’il faut que ce soit mieux au bureau qu’à la maison, sinon ils n’y iront simplement pas. Les espaces doivent faciliter les interactions et permettre la productivité», selon Ruth Fischer, directrice générale, bureaux du CBRE au Québec. (Photo: courtoisie)

L’année 2022 en sera une d’expérimentation en matière de travail hybride. Les tendances qui entourent les besoins en ce qui à trait à la location de locaux pour bureaux sont encore à définir, mais une chose est certaine: c’est l’acquisition et la rétention de talents qui dicteront l’espace nécessaire.

Une chose semble toutefois très claire pour Ruth Fischer, directrice générale des bureaux du CBRE au Québec. Même si le télétravail et le travail en mode hybride sont là pour de bon, elle ne prévoit pas une réduction massive de la demande de locaux pour bureaux.

Certaines entreprises vont décider de sortir du marché immobilier et de se fier sur les technologies, mais elles seront rares, affirme-t-elle. La plupart vont plutôt réorganiser leurs espaces de travail afin de maximiser les heures de présence au bureau.

« Même si le patron permet à ses employés de ne venir au bureau que deux jours sur cinq, ça ne veut pas dire qu’il va réduire l’espace de 40 %, note-t-elle. Si vous donnez le choix aux employés quand ils peuvent aller au bureau, vous devez tout de même prévoir une occupation maximale de vos locaux parce qu’ils risquent de ne pas venir le lundi et le vendredi, donc d’être sur place presque tous en même temps. »

Il y a actuellement une « guerre » pour attirer les talents au sein des entreprises, poursuit Ruth Fischer. Avoir des employés heureux compte donc pour beaucoup. Choisir une réduction d’espace au détriment du bonheur et de la flexibilité de ses employés n’est peut-être pas optimal en matière de recrutement et de rétention.

« Pour les secteurs liés au savoir, 80 % du budget des entreprises est consacré aux ressources humaines, 10 % aux technologies et 10 % à l’immobilier, souligne-t-elle. La question est de savoir si, pour économiser 10 % ou 20 % du 10 % réservé à l’immobilier, vous allez sacrifier quelque chose dans les 80 % des ressources humaines. »

 

Mieux au bureau qu’à la maison

La directrice générale du CBRE au Québec indique qu’il y a actuellement beaucoup d’expérimentation en ce qui a trait aux locaux pour bureaux afin de s’adapter au travail hybride. On cherche à maximiser l’espace, mais aussi à rendre les lieux de travail conviviaux et sécuritaires. La demande est grande pour les locaux différenciés de très grande qualité.

La pandémie vient de boucler sa deuxième année, et les entreprises veulent renouer avec les interactions en personne et la productivité au bureau, avance Ruth Fischer.

« Mais elles auront besoin de démontrer que c’est mieux au bureau qu’à la maison pour que les gens souhaitent y aller, remarque-t-elle. Il n’y a rien de moins inspirant que d’aller travailler dans un grand espace avec beaucoup de cubicules vides. »

Dans cette optique, les entreprises optent pour plus d’espaces collaboratifs, notamment de plus grandes salles de réunion, mais aussi pour des espaces qui offrent la même tranquillité, ergonomie et efficacité qu’à la maison.

« Les employés disent qu’il faut que ce soit mieux au bureau qu’à la maison, sinon ils n’y iront simplement pas, ajoute Ruth Fischer. Les espaces doivent faciliter les interactions et permettre la productivité. »

Si les employés n’ont pas de sentiment d’appartenance à l’entreprise, ils n’auront probablement pas de discussion sur leur progression de carrière et auront tendance à quitter plus rapidement le navire, soutient Ruth Fischer.

 

La fin de la densification

Une autre tendance qui pointe à l’horizon est celle de la fin de la densification des locaux.

Depuis le début de la pandémie, les gens veulent avoir plus d’espace entre les postes de travail pour des raisons sanitaires.

« Avant la pandémie, on voyait des espaces de travail qui faisaient 100 pieds carrés, souvent moins, rappelle Ruth Fischer. On s’aperçoit que cette tendance à la densification prend une pause. La COVID a soulevé certaines craintes, et il reste une certaine gueule de bois. D’un point de vue sanitaire, les employés ne voudront peut-être pas être collés sur leurs collègues ni partager un poste de travail qui n’aurait pas été nettoyé convenablement. »