L'inflation est tombée en août à 2,5% sur un an contre 2,9% en juillet. (AP Photo)
Les prix à la consommation ont connu en août leur plus faible hausse depuis février 2021 aux États-Unis, poussant même la Maison-Blanche à assurer que le pays tourne «la page de l’inflation», alors que le sujet est crucial pour l’élection du 5 novembre.
L’inflation est tombée en août à 2,5% sur un an contre 2,9% en juillet, soit son plus bas niveau depuis février 2021, selon l’indice CPI publié mercredi par le département du Travail.
Cela a surpris les analystes, qui tablaient sur 2,6%, selon le consensus de Market Watch.
Pour la Maison-Blanche, pas de doute: «nous tournons la page de l’inflation», a assuré la principale conseillère économique de la Maison-Blanche, Lael Brainard, dans un communiqué.
Le sujet de l’inflation est si important qu’il a ouvert mardi soir le premier débat, tendu, entre les deux candidats à l’élection du 5 novembre, Donald Trump et Kamala Harris.
L’ancien président républicain a accusé l’administration Biden d’avoir détruit l’économie américaine et ouvert la porte au plus haut taux d’inflation de l’histoire des États-Unis.
L’inflation avait atteint un pic de 9,1% en juin 2022, tiré par la reprise économique après le Covid et l’invasion de l’Ukraine, et du jamais vu depuis le début des années 1980.
La vice-présidente démocrate a de son côté promis des aides aux familles de la classe moyenne et mis en garde sur les fortes hausses de droits de douane annoncées par Donald Trump, qui risquent de faire à nouveau grimper les prix pour les consommateurs.
«Obstacle»
Sur un mois seulement, l’inflation est de 0,2% en août, identique à celle du mois précédent et conforme à ce qui était attendu.
Mais le diable se cache dans les détails, et, sans prendre en compte les prix de l’alimentation et de l’énergie, plus volatils, l’inflation dite sous-jacente rebondit sur un mois, à 0,3% contre 0,2%. Elle reste stable sur un an cependant, à 3,2%.
«La route vers une inflation normale a rencontré un obstacle en août alors que les pressions persistantes sur les coûts du logement et des services sont réapparues», avertit Ben Ayers, économiste pour la compagnie d’assurances Nationwide.
«Pas de panique», estime pour sa part Ian Shepherdson, président et chef économiste de Pantheon Macroeconomics.
«La combinaison d’une demande plus faible de biens et de services en raison d’une sensibilité accrue aux prix, d’une réduction des marges, d’une croissance modérée des salaires et d’une inflation modérée des loyers continuera de fournir une impulsion désinflationniste saine en 2025», a souligné Lydia Boussour, économiste pour EY.
Les seuls prix de l’énergie ont chuté de 4% par rapport à août 2023.
Baisse des taux
La banque centrale américaine (Fed) en revanche, se préoccupera sans doute de ce rebond de l’inflation sous-jacente.
Elle s’apprête à commencer à abaisser ses taux la semaine prochaine, lors de sa réunion, après les avoir relevés pour lutter contre l’inflation en ralentissant l’activité économique.
«Ce chiffre, en soi, ne va pas dissuader la Fed de réduire ses taux», a déclaré à l’AFP Bernard Yaros, économiste pour Oxford Economics.
Mais cela pourrait la convaincre d’opter pour une baisse prudente d’un quart de point de pourcentage, souligne-t-il. De nombreux analystes tablaient auparavant sur une coupe drastique d’un demi-point.
Une baisse des taux de la Fed signifie que les ménages et les entreprises pourront emprunter de l’argent à un coût moins élevé auprès de leur banque.
L’institution responsable de la politique monétaire américaine veut, surtout, éviter désormais que les hausses de taux conduisent à une flambée du chômage, voire même à une récession.
Le taux de chômage a reculé à 4,2% en août.
La mesure d’inflation privilégiée par la Fed, et qu’elle veut ramener à 2%, est l’indice PCE, qui sera publié plus tard dans le mois. Il est resté stable en juillet, à 2,5% sur un an.