Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Inflation: les banques alimentaires sont sous pression

La Presse Canadienne|Publié le 06 Décembre 2021

Inflation: les banques alimentaires sont sous pression

Avec leurs programmes de récupération d’aliments en partenariat avec 440 supermarchés au Québec, les banques alimentaires ont besoin de plus d’espace de congélation et de transformation, explique Martin Munger, directeur général des Banques alimentaires du Québec. (Photo: La Presse Canadienne)

L’inflation amène un double défi pour les banques alimentaires. En même temps que le panier d’épicerie devient plus dispendieux pour les plus démunis, les denrées achetées par les organismes de charité coûtent plus cher, note Martin Munger, directeur général des Banques alimentaires du Québec.

«Depuis septembre, c’est plus difficile, constate M. Munger. On le sent vraiment dans la fréquentation des banques alimentaires, qu’il y a plus de gens qui viennent que l’été ou le printemps dernier.»

Le panier d’épicerie n’est pas le seul facteur qui exerce une pression sur les gens qui fréquentent les banques alimentaires, ajoute-t-il. Au Québec, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 5,3% sur une année, selon Statistique Canada

«Quand le loyer coûte plus cher, quand les déplacements coûtent plus cher, quand les vêtements des enfants pour aller à l’école coûtent plus cher. La masse compressible à la fin, c’est l’alimentation. Lorsqu’ils ne peuvent pas subvenir à leurs propres besoins, les gens viennent s’adresser aux banques alimentaires.»

Déjà en mars, près de 610 000 personnes fréquentaient les banques alimentaires chaque mois, selon un bilan publié par Banques alimentaires du Québec. Il s’agissait d’une augmentation de 22% par rapport à avant la pandémie. Ce chiffre pourrait être encore plus élevé avec le sursaut de l’inflation. 

M. Munger appréhende d’ailleurs le début de l’hiver prochain. Si l’élan de solidarité pendant la période des Fêtes apporte une aide bienvenue, il admet que les premiers mois de l’année sont difficiles pour les gens qui fréquentent les banques alimentaires. 

«Une fois les denrées de la période des Fêtes distribuées, les mois de janvier, février et mars sont généralement très difficiles pour les banques alimentaires et les gens qui en ont besoin.»

 

Besoin d’espace de stockage

Les membres du réseau de Banques alimentaires du Québec ont d’ailleurs besoin de plus d’espace de stockage, affirme M. Munger. L’organisme vient d’obtenir une aide du gouvernement du Québec pouvant atteindre 3 millions $ afin de financer des projets à cet égard. Les sommes étaient prévues au budget dévoilé en mars par le ministre des Finances, Eric Girard, mais l’annonce officielle a été faite lundi. 

Avec leurs programmes de récupération d’aliments en partenariat avec 440 supermarchés au Québec, les banques alimentaires ont besoin de plus d’espace de congélation et de transformation, explique M. Munger. «Quand on reçoit de la viande qui n’est pas périmée, mais qui approche de la date de préemption, et bien il faut la congeler ou la transformer.»

Les besoins varient d’un organisme à l’autre. Par exemple, les installations de Moisson Québec seraient mieux adaptées aux besoins de l’organisme depuis son déménagement l’automne dernier.

Ce n’est pas le cas partout au Québec. «Moisson Rive-Sud est carrément obligé de déménager, car ils sont trop à l’étroit dans leur installation. Moisson Kamouraska, c’est la même chose. Moisson Mitis, dans le coin de Mont-Joli, ils ont besoin d’installation de cuisine pour la transformation.»

Banques alimentaires du Québec, va lancer un appel de propositions «ces jours -ci». Un comité évaluera par la suite les projets qui lui sont proposés. «On n’a aucun doute qu’on va avoir suffisamment de projets pour aller chercher ces sommes-là.»

M. Munger n’était pas en mesure de dire combien de projets seront sélectionnés avec l’enveloppe de 3 millions $. Il a noté qu’une partie du financement serait obtenu auprès de donateurs privés et que l’argent gouvernemental pouvait subventionner jusqu’à 70% d’un projet. 

En moyenne, un projet pourrait représenter un investissement d’environ 200 000 $. «Sur 3 millions $, ça fait quand même plusieurs projets.»