Investir avec un conseiller financier ou un robot?
La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024Les portefeuilles basés sur des algorithmes exigent des frais et des minimums de compte moins élevés. (Photo: La Presse Canadienne)
Les investisseurs qui se demandent où placer leur argent ont le choix: s’adresser à un conseiller financier traditionnel ou faire confiance à un algorithme.
Présentés par les courtiers en ligne ainsi que par les institutions financières établies, les robots-conseillers sont des plateformes qui investissent automatiquement l’argent des utilisateurs, généralement dans des fonds négociés en bourse.
Les conseillers traditionnels des banques et des cabinets-conseils peuvent proposer une approche plus personnalisée, façonnée par des discussions en personne, mais à un prix plus élevé.
Voici les avantages et les inconvénients qui se présentent pour ces deux options:
Robots-conseillers
Les portefeuilles basés sur des algorithmes exigent des frais et des minimums de compte moins élevés que ceux de leurs homologues humains. Ils produisent des résultats qui augmentent et diminuent généralement avec le marché boursier. Ces facteurs les rendent particulièrement attrayants pour les jeunes Canadiens disposant d’une épargne plus modeste et d’un calendrier d’investissement plus long.
En règle générale, les utilisateurs remplissent un questionnaire qui évalue leurs objectifs financiers, leur tolérance au risque, leurs besoins de revenu et la date prévue de leur retraite. Ensuite, le fournisseur, comme Wealthsimple et Questrade qui sont parmi la douzaine de services grand public offerts au Canada, les associe à un portefeuille prédéfini en fonction de leur niveau de confort.
«Un jeune client, disons, qui arrive sur le marché pour la première fois, c’est une option à vraiment considérer si vous débutez et que vous voulez juste que les choses soient mises en place et fonctionnent», mentionne David Boyd, un conseiller en placements chez BMO Nesbitt Burns.
Les frais sont généralement calculés en proportion des actifs sous gestion, c’est-à-dire le montant d’argent placé dans le portefeuille. Ils se situent généralement entre 0,3% et 0,5%, bien que Questrade descende jusqu’à 0,2 % pour les actifs de plus de 100 000 $, tandis que certains peuvent atteindre 0,8%.
La plupart des firmes de courtage en ligne apparues depuis la fin des années 1990 n’exigent aucun montant minimum pour ouvrir un compte. Certaines plateformes automatiques associées aux banques, comme Portefeuille futé BMO, ont une base de référence de 1000$.
«Les robots-conseillers leur fournissent ce dont ils ont besoin à prix réduit, ce qui constitue l’un des avantages les plus évidents des robots par rapport aux investissements bancaires traditionnels, en plus de la facilité, du gain de temps et de la commodité», expose Christine Socasau, qui dirige Investi-Clic, le robot-conseiller de RBC.
Cependant, ceux qui apprécient davantage de conseils ou ont des besoins financiers complexes pourraient vouloir emprunter la voie traditionnelle, précise-t-elle.
«Vous ne vous assoirez jamais pour prendre un café avec votre robot-conseiller de l’autre côté de la table.»
Certaines plateformes proposent un service téléphonique pour les questions d’investissement, mais c’est moins personnalisé qu’une relation individuelle.
Malgré l’attrait des frais peu élevés, le marché des conseillers-robots ne représente qu’une partie du marché canadien, avec 26,4 milliards de dollars d’investissements en septembre, selon la société de recherche torontoise Investor Economics d’ISS Market Intelligence. Cela se compare aux milliards de capitaux investis sur l’ensemble du marché canadien.
Pour s’assurer que leur gestionnaire de patrimoine numérique fonctionne à la hauteur, les investisseurs peuvent comparer leurs gains à ceux des principaux indices boursiers sur un à trois ans, comme le S&P 500 ou le S&P/TSX 60, indique Tim Cestnick, expert en finances personnelles et PDG de la société Our Family Office.
«Vous devriez avoir des performances à peu près équivalentes à ces (indices)», affirme-t-il.
Conseillers traditionnels
Les conseillers non numériques peuvent fournir des conseils sur demande, servant de voix d’expérience et de caisse de résonance pour résoudre les priorités ou les dilemmes financiers.
«Vous avez un bon quart-arrière financier, un quart-arrière financier en direct à vos côtés», souligne David Boyd.
«Dans un monde où les marchés évoluent rapidement dans les deux sens, vous disposez d’un point de contrôle où vous pouvez parler à quelqu’un de la répartition (…) des cotisations régulières, des REER par rapport aux (comptes d’épargne libre d’impôt)», ajoute-t-il.
Les gestionnaires de patrimoine en chair et en os peuvent être particulièrement utiles pour ceux qui ont diverses considérations financières.
«J’ai des clients qui vivaient au Québec et qui ont déménagé en Ontario, mais ils ont toujours des actifs au Québec, donc ça peut devenir vraiment compliqué. Et puis si vous êtes propriétaire d’entreprise, c’est encore plus compliqué», explique Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond et Associés.
Pour les clients de plus de 20 ou 30 ans, l’approche «holistique» proposée par des conseillers qui agissent également comme planificateurs financiers peut être particulièrement utile, estime Tim Cestnick.
«Les conseils en planification financière doivent être intégrés, ce qui signifie que votre planification de retraite est liée à votre portefeuille de placements, qui est lié à votre plan fiscal et à votre planification successorale, détaille-t-il. Si vous recherchez un plan plus large, un robot-conseiller n’est pas l’endroit idéal pour l’obtenir.»
Le prix de cette approche plus large, plus chaleureuse et sur mesure se traduit par des coûts plus élevés. Les frais varient généralement entre 1,5% et 2,7%, selon Simon Préfontaine.
Le solde minimum est également souvent beaucoup plus élevé. De plus, les gestionnaires de cet argent sont sujets à des défauts tout à fait humains, comme les préjugés.
«Mais le problème le plus courant que nous rencontrons avec les conseillers est simplement une mauvaise performance», soutient M. Cestnick, soulignant que les investisseurs devraient vérifier les références, les honoraires et l’historique de performance de leurs conseillers potentiels.
«C’est plus courant que rare. Et cela s’explique en partie par le fait que les frais sur les produits d’investissement eux-mêmes peuvent être élevés.»
Un fonds commun de placement avec des frais de 1,5% combinés à des frais distincts du conseiller peut ajouter jusqu’à 2,5% aux frais totaux, ce qui représente un important montant, dit-il.
Grandes banques ou petites sociétés?
Pour ceux qui considèrent les êtres humains comme l’option la plus sensée, la question reste de savoir où les trouver.
Les grandes banques proposent une myriade de divisions de conseil qui varient en fonction de la taille et du type d’investissement. Des actifs plus petits peuvent signifier moins d’accès à un gestionnaire de patrimoine ainsi qu’une gamme plus restreinte de produits d’investissement.
Par exemple, CIBC Wood Gundy exige un solde minimum de 100 000$. «Si vous n’avez que moins de 100 000$, vous devez vous rendre à la succursale CIBC. Et à la succursale CIBC, ils distribueront uniquement des produits CIBC», évoque Simon Préfontaine.
Avant d’opter pour une société plus petite, les investisseurs doivent s’assurer qu’elle fait appel à un «dépositaire» tiers pour les actifs de ses clients, recommande Tim Cestnick.
Bien que la société de Tim Cestnick, qui fait appel à deux dépositaires associés à la Banque Nationale et à Fidelity Canada, puisse déplacer de l’argent dans le compte de placement d’un client, seul le client lui-même peut y placer de l’argent ou le retirer.
«Vous ne voulez pas d’une situation avec Bernie Madoff. Il « gardait » les actifs de ses propres clients», relate-t-il.