(Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le gouvernement fédéral commencera à évacuer par avion les citoyens canadiens, les résidents permanents et leurs familles de Tel-Aviv d’ici la fin de la semaine.
Des avions des Forces armées canadiennes feront la navette entre la capitale israélienne et Athènes d’où Air Canada les rapatriera au pays, a précisé mercredi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lors d’une conférence de presse à Ottawa.
L’armée a mobilisé deux appareils Polaris pour la mission, chacun pouvant accueillir environ 150 passagers. Environ trois vols devraient être offerts par jour.
L’ampleur de l’opération sera déterminée en fonction de la demande, a indiqué le chef d’état-major de la Défense, Wayne Eyre, présent aux côtés de la ministre.
Un haut fonctionnaire a plus tard précisé que les vols débuteront «dès que les conditions le permettront». Cela pourrait arriver aussi tôt que jeudi soir, mais vraisemblablement dès vendredi, a-t-il déclaré lors d’une séance d’information technique à l’intention des médias.
Affaires mondiales Canada a précisé en fin d’après-midi que 4227 Canadiens ont signalé leur présence en Israël et que 475 ont indiqué être en Cisjordanie et à Gaza.
Une minorité de ces 475 personnes sont enregistrées dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, où Israël mène des frappes aériennes en représailles à l’attaque de la fin de semaine.
Au total, près de 700 personnes ont réclamé de l’aide pour être évacuées.
Seul le vol vers Athènes sera gratuit, a-t-on précisé. Le coût du vol vers le Canada n’a pas encore été déterminé, tout comme la ville où il atterrira au pays, mais ce sera à Toronto ou à Montréal.
La ministre Joly a expliqué que le Canada n’offre «habituellement» pas de vols de rapatriement lorsque des vols commerciaux sont disponibles, mais a décidé d’en offrir en voyant que les compagnies aériennes annulaient ou retardaient indéfiniment leurs vols les uns après les autres et que le nombre de Canadiens demandant de l’aide se multipliait.
En fait, ni les États-Unis, ni le Royaume-Uni ni l’Allemagne n’offrent de vols de rapatriement, s’est-elle justifiée, notant que le Canada a été «le premier» pays du groupe des «Five Eyes» à en offrir.
Elle a indiqué que des options sont présentement explorées pour évacuer les Canadiens se trouvant en Cisjordanie à travers des vols commerciaux au départ de la Jordanie.
En ce qui concerne les ressortissants qui sont coincés à Gaza, Mme Joly dit qu’Ottawa travaillera avec les Nations unies «pour voir (…) ce qui sera possible», mais jusqu’à présent, aucun plan de ce type n’a été élaboré. «C’est important que nous puissions avoir un corridor humanitaire dans la région», a-t-elle soutenu.
Trois Canadiens morts et trois disparus
La ministre Joly a déclaré que trois Canadiens sont morts dans les violences perpétrées par le Hamas en Israël — deux décès confirmés et un présumé. Trois Canadiens sont portés disparus.
La Fédération juive d’Ottawa a plus tard déclaré qu’une de ses membres, Adi Vital-Kaploun, figurait parmi les victimes.
La ministre n’a pas voulu confirmer si des Canadiens sont retenus en otage à Gaza — où les militants détiennent environ 150 personnes enlevées en Israël — afin de ne pas «augmenter la valeur de ces otages et mettre nécessairement leur vie en danger».
Le Canada a toutefois été en contact avec le négociateur en chef en Israël et enverra un groupe d’experts pour le soutenir.
Mme Joly a réitéré que le Canada condamne sans équivoque «l’attaque terroriste» du Hamas et appuie le droit d’Israël à se défendre «conformément au droit international».
«La violence doit cesser, les otages doivent être libérés et les vies civiles israéliennes et palestiniennes doivent être protégées, a-t-elle déclaré. Nous exhortons toutes les parties à respecter le droit humanitaire international et à fournir un accès humanitaire à Gaza.»
Mme Joly a évité à plusieurs reprises de clarifier si le Canada condamne explicitement le siège complet qu’Israël impose à la bande de Gaza depuis des jours, ayant coupé l’eau, l’électricité et le gaz, ce qui est contraire au droit international.
Sur le front diplomatique, la ministre Joly a indiqué avoir discuté dans les derniers jours avec ses homologues d’Israël, de l’Autorité palestinienne, de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Arabie saoudite. Elle a dit travailler «d’arrache-pied» à éviter que le conflit ne s’étende dans la région.
«Tout est brisé», dit Poilievre
Lors d’une conférence de presse en Colombie-Britannique, le chef conservateur Pierre Poilievre a répété son message selon lequel «tout est brisé après huit ans de Justin Trudeau et du NPD».
Questionné par les journalistes sur la situation en Israël, il a lui aussi refusé de dire si le droit d’Israël à se défendre justifie d’imposer un siège à Gaza.
M. Poilievre a indiqué que le Parti conservateur du Canada appelle le gouvernement canadien à imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran «qui est le commanditaire du Hamas» et à inscrire le Corps des gardiens de la révolution islamique, «qui est le bras terroriste du gouvernement iranien», sur la liste des organisations terroristes.
Il s’est aussi moqué du fait que le Canada n’a pas signé une déclaration commune d’appui à Israël au cours des derniers jours comme cinq autres pays du G7.
«Pouvons-nous être honnêtes, a-t-il lancé. Ils se fichent de ce que pense Justin Trudeau. Les dirigeants mondiaux ne prennent pas Justin Trudeau au sérieux. Ils pensent qu’il est une blague.»
Dans une déclaration écrite, sa cheffe adjointe, Melissa Lantsman, a attribué à son parti le mérite pour l’organisation de vols d’évacuation.
Le gouvernement Trudeau a «finalement écouté nos appels», a-t-elle affirmé, non sans lui reprocher de demeurer flou sur les détails des vols annoncés.
«Alors que d’autres gouvernements, de l’Europe aux Amériques, ont déjà évacué des centaines de leurs citoyens, les Canadiens attendent des précisions, soutient-elle. Lorsque les premiers vols du gouvernement partiront, près d’une semaine se sera écoulée depuis l’attaque.»
La guerre, déclenchée après que le Hamas eut mené samedi des attaques-surprises à travers la frontière israélienne depuis Gaza, a déjà fait plus de 2200 morts.
Michel Saba, La Presse Canadienne