Jour 16: le Nord-du-Québec, la justice et l’agriculture au menu
La Presse Canadienne|Publié le 12 septembre 2022La cheffe libérale Dominique Anglade tiendra d’abord un point de presse à Laval, puis elle visitera une entreprise de Thetford Mines. (Photo: La Presse Canadienne)
Encore lundi, en ce 16e jour de campagne, le chef caquiste François Legault s’est retrouvé sur la défensive concernant l’immigration.
La cheffe libérale, Dominique Anglade, a accusé le premier ministre sortant de faire de la petite politique, tandis que le chef solidaire Gabriel Nadeau-Dubois lui a reproché d’aborder l’enjeu de l’immigration de manière toujours négative.
La veille, M. Legault a laissé entendre que d’augmenter le seuil d’immigration comme le veulent le Parti libéral (PLQ) et Québec solidaire (QS) pose une menace à la cohésion nationale.
Ce sont des propos qui ont encore une fois fait bondir la cheffe libérale.
«C’est de la petite politique, il veut diviser les Québécois, c’est mesquin, c’est minable. Ça appelle les plus bas instincts, ça nourrit sans arrêt la peur de l’autre. C’est la plus vieille forme de politique. Et c’est délibéré», a-t-elle pesté.
«Quand François Legault parle d’immigration, c’est toujours négatif», a renchéri le chef solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.
«Je trouve ça dommage, je pense que les Québécois et Québécoises, c’est un peuple accueillant et ils ont envie qu’on parle d’immigration de manière positive.»
Dominique Anglade était de passage à Laval pour faire la promotion de son projet d’hydrogène vert ÉCO, qui, de son aveu même, demandera plus d’efforts aux Québécois pour diminuer leur consommation d’électricité.
«Tout le monde y mettra du sien, la grande majorité [de cette diminution de la consommation] se fera dans le domaine du bâtiment», a-t-elle précisé.
À Val-d’Or, le chef péquiste a appelé au «sens des “responsabilités” des autres chefs» et «à élever le niveau des débats». Selon Paul St-Pierre Plamondon, le débat sur l’immigration et l’avenir du français va dans la «mauvaise direction» avec des déclarations «outrancières» et «exagérées».
Le chef conservateur Éric Duhaime en avait aussi long à dire sur les déclarations controversées de M. Legault.
«Je pense que M. Legault est très mal placé pour parler des menaces à la cohésion sociale, lui-même qui a eu des propos assez particuliers en associant l’immigration à la violence il y a à peine quelques jours», a-t-il soutenu en conférence de presse à Québec.
M. Duhaime n’a d’ailleurs pas ménagé ses attaques à l’égard de son adversaire caquiste, lundi, puisqu’il annonçait que son parti irait de l’avant avec un registre public des délinquants sexuels, comme l’avait promis la CAQ il y a quatre ans.
Pourtant, rien n’a encore été entamé par le gouvernement caquiste, a déploré l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare qui était à ses côtés.
Les déclarations de François Legault en matière d’immigration ont aussi fait réagir le ministre fédéral du Patrimoine, Pablo Rodriguez, qui a fait irruption dans la campagne pour affirmer que le premier ministre sortant devrait arrêter de diviser les Québécois entre «nous et eux».
M. Rodriguez, qui est arrivé au Canada à huit ans et qui est aujourd’hui le lieutenant du premier ministre Justin Trudeau au Québec, a souligné que sa famille avait appris le français et que ses parents étaient ensuite devenus professeurs à l’Université de Sherbrooke.
«Je pense qu’il faut arrêter de parler de “nous” et d’ » eux ». Dès qu’une personne vient au Québec, consacre sa vie au Québec, élève ses enfants au Québec, cette personne est québécoise», a tranché M. Rodriguez.
Legault se défend
Face à ces attaques, le premier ministre sortant a accusé la cheffe libérale d’être constamment «négative» dans ses interventions, l’invitant du même coup à préciser ce qu’elle propose pour protéger la langue française.
«Pour qu’il y ait une cohésion nationale, il faut qu’il y ait une nation, une nation forte. Puis la nation québécoise, pour être forte, il faut protéger le français, sinon il y a des inquiétudes», a-t-il fait valoir.
M. Legault s’en est d’ailleurs pris à Éric Duhaime, qui selon lui, essaie de faire une «société chacun pour soi».
Le chef caquiste était de passage à Saint-Lazare pour annoncer un investissement de 100 millions de dollars sur quatre ans afin d’ajouter 500 places dans les centres de répit pour soutenir les parents d’enfants handicapés mineurs et majeurs.
Engagements en agriculture et sur le Nord-du-Québec
De leur côté, Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) étaient en visite en région pour annoncer leurs promesses.
Le chef solidaire Gabriel Nadeau-Dubois s’est rendu à Chibougamau avec sa candidate vedette d’Ungava, Maïtée Labrecque-Saganash, pour annoncer un bouquet de mesures pour le Nord-du-Québec.
QS bonifierait notamment les primes aux professionnels de la santé qui pratiquent dans le Nord et construirait 1000 logements dans la région.
Le PQ veut quant à lui s’engager sur le front de l’indépendance alimentaire, entre autres en protégeant les terres agricoles et en aidant la relève.
En rafale
Comme quoi le hockey reste un sujet qui ne passe jamais sous le radar au Québec, les chefs ont dû se prononcer sur la nomination de Nick Suzuki comme nouveau capitaine du Canadien de Montréal, nouvelle qui a été confirmée par l’organisation lundi matin à son tournoi de golf annuel.
Paul St-Pierre Plamondon a été le premier à souligner que par respect pour les partisans de l’équipe, le nouveau capitaine devra apprendre le français. Chez les libéraux, la cheffe Dominique Anglade croit aussi que ce «serait une bonne chose» que Suzuki apprenne le français, tandis que le chef caquiste François Legault a ajouté que l’attaquant de 23 ans était «un excellent choix, mais il va falloir qu’il apprenne le français».
Finalement, le chef conservateur Éric Duhaime s’est une fois de plus retrouvé dans l’embarras en raison de ses démêlés avec le fisc.
Son entourage a confirmé lundi que M. Duhaime a été en défaut de paiement de ses taxes municipales et scolaires, à la Ville de Québec et au Centre de services scolaire de la capitale.
Lundi matin, en point de presse, M. Duhaime a paru agacé par les questions sur le sujet. «Ça fait quatre jours que je me fais questionner là-dessus. Je vais vous dire que le dossier est clos. J’ai répondu à toutes les questions», a-t-il dit.