La Banque de Montréal voit ses profits diminuer au 3e trimestre
La Presse Canadienne|Publié le 30 août 2022Les résultats des banques ont aussi été dominés par les inquiétudes entourant l’avenir de l’économie. (Photo: La Presse Canadienne)
La Banque de Montréal a clos la saison des résultats des grandes banques canadiennes pour le troisième trimestre en affichant un profit en baisse, un repli dans les marchés des capitaux ayant plus que contrebalancé les gains des activités de prêts et les meilleurs rendements des revenus d’intérêt.
La banque a fait état mardi d’un bénéfice net de 1,37 milliard de dollars (G$), en baisse par rapport à celui de 2,28 G$ de la même période un an plus tôt, un recul qui était aussi attribuable à une charge de 945 millions de dollars (M$) liée à l’acquisition de Bank of the West.
Le bénéfice ajusté de 2,13 G$ restait inférieur à celui de 2,19 G$ du troisième trimestre de l’an dernier. La division de gestion de patrimoine a vu ses profits diminuer de 15% et celle des marchés des capitaux n’a engrangé qu’environ la moitié de ce qu’elle avait obtenu un an plus tôt.
«Les résultats de BMO Marchés des capitaux ont été touchés, ce trimestre, par les conditions du marché et la plus faible activité des clients», a observé le chef de la direction de la banque, Darryl White, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes pour discuter des plus récents résultats.
Les chiffres sont le reflet d’une tendance observée dans les résultats financiers de toutes les banques pour le plus récent trimestre: une croissance soutenue des prêts alors que l’économie générale, incluant le taux de chômage et la croissance du produit intérieur brut (PIB), reste solide, pendant que les profits sont minés par un repli des marchés qui s’est traduit par de plus faibles émissions de capitaux et un moins grand volume de négociations.
Les résultats des banques ont aussi été dominés par les inquiétudes entourant l’avenir de l’économie, alors que les banques centrales haussent leurs taux d’intérêt pour calmer l’inflation, et que toutes les institutions financières mettent plus d’argent de côté pour se préparer à de potentielles pertes sur prêts.
Les provisions pour pertes sur mauvaises créances de 136 M$ de la Banque de Montréal pour le plus récent trimestre, qui se comparent à un recouvrement de pertes sur créances de 70 M$ l’an dernier, étaient cependant plus modestes que les analystes l’avaient prévu.
La banque a aussi obtenu un coup de pouce de ses marges nettes d’intérêt, un indicateur clé de la rentabilité liée aux revenus d’intérêt, annonçant avoir obtenu un gain d’un dixième de point de pourcentage à l’échelle de toute la banque, et une croissance deux fois plus importante pour les services aux particuliers et aux entreprises aux États-Unis.
Les gains de certains secteurs n’ont cependant pas permis à la banque d’atteindre les cibles attendues par les analystes. Le bénéfice ajusté par action de 3,09 $ s’est ainsi révélé inférieur à celui de 3,14 $ attendu par les spécialistes, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.
Hausse des dépenses pour les banques
Dans l’ensemble, la moitié des six plus grandes banques du Canada n’ont pas atteint les prévisions de bénéfices des analystes, tandis que ceux qui ont dépassé la cible n’ont réussi que modestement, a noté l’analyste James Shanahan, de la firme Edward Jones.
«C’est la faute des revenus de commissions, qui étaient faibles dans la plupart des catégories liées aux marchés, y compris les services de banque d’investissement et la négociation de titres, ainsi que la gestion de patrimoine et d’actifs.»
James Shanahan a surveillé de près les dépenses d’exploitation, puisqu’elles augmentaient alors que les banques se concentraient sur leur croissance future, avec des hausses de salaires et d’investissements technologiques.
De nombreuses banques ont fait état de dépenses en hausse d’environ 10%, tandis que la Banque de Montréal a affiché des dépenses en hausse de 5%. La banque a cependant pris du retard sur ses rivales dans son ratio d’efficacité, qui montre dans quelle mesure une banque parvient à transformer ses dépenses en bénéfices.
La banque a réduit l’écart, mais elle estime qu’il reste de l’espace pour s’améliorer, a indiqué Darryl White lors de la conférence téléphonique.
«Je dirais que ce nombre était auparavant de plusieurs centaines de points de base, et que l’écart est maintenant assez étroit. Et en même temps, c’est un peu plus élevé que la moyenne. Donc je pense qu’il reste toujours certaines occasions (d’amélioration) à cet égard.»
Les banques canadiennes continuent également de disposer d’un peu de liquidités supplémentaires, a noté James Shanahan, ce qui leur donne une marge de manœuvre importante pour absorber les pertes potentielles à venir.
«En plus des réserves pour pertes, les niveaux de capital restent assez solides.»
Après que la banque a annoncé en décembre avoir conclu une entente pour acquérir Bank of the West pour 16,3 G$ US, Darryl White dit s’attendre à ce que la transaction, qui est assujettie aux conditions de clôture habituelle, soit conclue d’ici la fin de décembre.
Les revenus d’ensemble ont totalisé 6,10 G$ au plus récent trimestre, par rapport à ceux de 7,56 G$ réalisés il y a un an.
Au cours du troisième trimestre, les services bancaires aux particuliers et aux entreprises au Canada de la Banque de Montréal ont engrangé un profit de 965 M$, en hausse par rapport à 828 M$ sur un an. Les mêmes activités aux États-Unis ont rapporté 568 M$, comparativement à 550 M$ un an plus tôt.
Les activités de gestion de patrimoine de la Banque de Montréal ont réalisé un profit de 324 M$, en baisse par rapport à celui de 379 M$ de l’an dernier. La division des marchés des capitaux a obtenu un profit de 262 M$, moins important que celui de 553 M$ qu’elle avait réalisé au troisième trimestre l’an dernier.