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La Banque du Canada maintient le cap, mais reste sur ses gardes

Siham Lebiad|Publié le 04 septembre 2019

Contrairement à la majorité des banques centrales, celle du Canada n’a pas cédé à la panique.

Contrairement à la majorité des banques centrales, celle du Canada n’a pas cédé à la panique entourant l’économie mondiale et qui force une détente monétaire dans plusieurs pays. 

La Banque du Canada (BdC) a maintenu son taux directeur à 1,75%, mais pourrait revoir celui-ci dans un futur proche, si quelques conditions sont réunies. Parmi ces conditions, une détérioration de l’économie globale provenant principalement d’une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui contaminerait les marchés canadiens. 

Selon la BdC, la croissance des dépenses de consommation et des dépenses gouvernementales ne sera pas complètement effacée par une contraction des échanges mondiaux et des investissements corporatifs. Aussi, elle trouve que la résilience de la croissance canadienne (comme en témoignent les résultats de croissance du PIB du 2e trimestre) témoigne de la solidité de l’économie, une solidité potentiellement temporaire.

«Le portrait global de l’économie canadienne n’est pas si mauvais. Par contre, les inquiétudes concernant les effets de contagion sur l’économie canadienne de la guerre commerciale sont importantes. L’évolution du commerce extérieur et des investissements des entreprises devra donc être surveillée de près au cours des prochains mois», déclare Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Ce sentiment est confirmé par une déclaration de la Banque, qui estime que «l’économie du Canada tourne près de son potentiel et l’inflation est à la cible. Cependant, l’escalade des conflits commerciaux et l’incertitude qui en découle pèsent sur les économies mondiale et canadienne. Dans ce contexte, le degré de détente monétaire en place demeure approprié. Pendant que la Banque s’emploie à mettre à jour sa projection à la lumière des nouvelles données, le Conseil de direction portera une attention particulière à l’évolution de la situation mondiale et à son incidence sur les perspectives de croissance et d’inflation au Canada.» 

Sébastien Lavoie, Économiste en Chef chez Banque Laurentienne valeurs mobilières, quant à lui, pense que, bien que la BdC anticipe un ralentissement de l’activité économique durant la deuxième moitié de l’année, il faudra plus que ça pour envisager une baisse du taux d’inflation et justifier un cycle de détente monétaire.

«Des perspectives mondiales plus sombres seront nécessaires pour ramener le consensus des dirigeants de la BdC vers une politique favorable à une réduction des taux», note-t-il.

Baisser les taux pourrait creuser davantage l’endettement des ménages

La Banque a aussi évoqué, de façon complètement inattendue, afin de justifier sa décision, la vulnérabilité des ménages qui sont déjà surendettés, en cas de baisse des taux d’intérêt.

«Ceci peut expliquer, à un certain degré, pourquoi la BdC a l’air d’être sur une trajectoire différente du reste des banques centrales qui adoptent déjà une détente monétaire», estime M. Lavoie. 

En effet, une baisse du taux directeur pourrait encourager les ménages à emprunter auprès des banques, en facilitant en particulier l’accès aux prêts hypothécaires dans un marché de l’habitation en plein essor. 

Rappelons que les consommateurs canadiens sont parmi les plus endettés au monde. Selon un sondage publié par Statistique Canada en mars dernier, les ménages détiennent en moyenne 1,79$ de dette sur le marché du crédit pour chaque dollar de leur revenu disponible.