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La collaboration entre entrepreneurs est en train de muter

François Normand|Publié le 20 mai 2020

«La nouvelle façon de partager l’information accélère le potentiel de collaboration au Québec et à l’international.»

Les entrepreneurs québécois ont adopté massivement les technologies pour se rencontrer virtuellement afin de faire du mentorat durant la pandémie. Et cela est en train de transformer durablement et pour le mieux la manière de collaborer, affirme le directeur général du Groupement des chefs d’entreprise (GCE), Michel Bundock.

«La nouvelle façon de partager l’information accélère le potentiel de collaboration au Québec, mais aussi à l’international», souligne-t-il en entrevue avec Les Affaires, alors que les statistiques de l’organisme montrent une explosion des échanges à distance depuis 8 semaines.

Depuis le début de la pandémie, le GCE a offert plus de 1 100 rencontres virtuelles. En deux mois seulement, cela représente plus des deux tiers des 1 600 rencontres en présentiel que l’organisme organise habituellement par année.

Le GCE compte 2 000 entrepreneurs membres au Québec, mais aussi en Belgique, en France et en Suisse. Il comprend aussi 200 communautés qui partagent leur expérience et leurs bonnes pratiques, habituellement composées de 7 à 8 entreprises.

«Avant la pandémie, chaque communauté se regroupait en présentiel aux six semaines, pour une durée de 5 heures. Maintenant, c’est chaque semaine, de manière virtuelle, et d’une durée deux heures, voire un peu plus», explique Michel Bundock.

Selon lui, ces rencontres sont importantes, car elles permettent de prendre le pouls des entrepreneurs (comment ils vont, leur état de santé mentale), d’aborder différents sujets (de la gestion des employés à la gestion des clients) et de leur donner un coup de pouce (trouver des solutions à des problèmes immédiats).

Pas de retour à la normale, mais une nouvelle normalité

Michel Bundock ne prévoit pas de retour à la normale dans les façons de faire du GCE après la fin de la pandémie, mais plutôt l’instauration d’une «nouvelle normalité».

«On va clairement vers un modèle hybride, où il y aura à nouveau des rencontres en présentiel, mais aussi beaucoup de rencontres virtuelles», précise-t-il.

À ses yeux, le grand avantage du virtuel est de décloisonner géographiquement les entrepreneurs québécois afin de les réseauter davantage avec les entrepreneurs belges, suisses ou français, sans parler des entrepreneurs francophones ailleurs au Canada.

«Ça ouvre des horizons. C’est extraordinaire pour avoir accès aux réseaux transnationaux», dit-il.

Ainsi, des entrepreneurs québécois aux prises avec une problématique particulière peuvent en discuter plus facilement et plus rapidement avec des entrepreneurs qui l’ont déjà vécue à l’étranger.

Le transfert d’entreprise en est un bel exemple, où l’Europe a une plus grande expérience et expertise en la matière que la plupart des entreprises québécoises, voire nord-américaines.

Apprendre du transfert d’entreprises en Europe

Michel Bundock donne le cas d’Ortmans, une entreprise de Liège, en Belgique, spécialisée dans la fabrication de produits métalliques.

Récemment, des entrepreneurs québécois ont pu discuter avec son patron Denis Ortsmans, qui représente la 8e génération de Ortmans a la tête de cette entreprise familiale fondée en 1769.

Les entrepreneurs québécois peuvent aussi apprendre de leurs pairs belges, français ou suisses en matière de développement durable ou de relation du travail, estime Michel Bundock.

En revanche, les entreprises européennes ont aussi beaucoup à apprendre des entreprises du Québec, insiste-t-il. «Les Québécois sont plus concrets et pragmatiques, davantage axés sur la résolution de problèmes. Cette caractéristique plaît à nos interlocuteurs en Europe.»