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La confiance des sociétés et des consommateurs reste modérée, dit la Banque du Canada

La Presse Canadienne|Publié le 15 juillet 2024

La confiance des sociétés et des consommateurs reste modérée, dit la Banque du Canada

Les dirigeants restent plus pessimistes que la moyenne et leurs projets de dépenses d’investissement sont inférieurs à la moyenne. (Photo: Paul Chiasson La Presse Canadienne)

La Banque du Canada affirme que la confiance des entreprises et des consommateurs est restée modérée au cours du deuxième trimestre, même si le pays a connu sa première réduction des taux d’intérêt depuis plusieurs années.

L’enquête de la banque centrale auprès des consommateurs, dont les conclusions ont été dévoilées lundi, montre que les tensions financières sont restées élevées au printemps et que les Canadiens ont présenté des perspectives pessimistes quant à l’avenir de l’économie.

Ces perspectives ont poussé de nombreuses personnes à réduire leurs dépenses, à rembourser leurs dettes, à transférer leur épargne vers des comptes avec des taux d’intérêt plus élevés et à chercher à augmenter les revenus de leur ménage, a indiqué la banque.

«Une chose que nous avons souvent répétée tandis que les taux commençaient à augmenter et que les prêts hypothécaires commençaient à être rajustés à la hausse, c’est que les Canadiens paieront d’abord leur prêt hypothécaire, mais réduiront probablement ces éléments discrétionnaires — il y a encore plus de preuves de cela ici», a souligné Robert Kavcic, un économiste principal à la Banque de Montréal, dans une note aux investisseurs.

Le sentiment était le même du côté des propriétaires d’entreprise.

L’enquête de la banque centrale auprès des entreprises, également publiée lundi, révèle que les dirigeants restent plus pessimistes que la moyenne et que leurs projets de dépenses d’investissement sont inférieurs à la moyenne.

Les chefs d’entreprise ont imputé leur sentiment aux taux d’intérêt élevés, à la persistance de coûts élevés et à la faiblesse de la demande, en particulier pour les biens et services non essentiels.

Ils ont noté que les consommateurs sont sensibles aux prix et se tournent souvent vers des produits moins chers ou recherchent des réductions avant de décider d’acheter.


Apaisement attendu des pressions inflationnistes

Malgré ce sentiment mitigé, au moins un analyste a vu quelques points positifs dans les enquêtes.
«Les plans de tarification des entreprises semblent également se normaliser, avec moins d’entreprises s’attendant à des augmentations de prix anormalement importantes et davantage d’entreprises s’attendant à maintenir les prix stables», a écrit Andrew Grantham de CIBC Economics dans une note aux investisseurs.

«Cet apaisement attendu des pressions inflationnistes sera une bonne nouvelle pour la Banque du Canada alors que les responsables décideront de réduire ou non les taux d’intérêt ce mois-ci», a-t-il ajouté.

Le taux directeur est à 4,75% depuis juin, lorsque la banque a procédé à sa première baisse depuis mars 2020. Sa prochaine décision sur les taux est prévue pour le 24 juillet.

M. Grantham pense qu’une autre réduction d’un quart de point de pourcentage suivra bientôt. Il a affirmé que la publication mardi de nouvelles données sur l’inflation pourrait peser sur une future évolution des taux.

Si l’annonce de mardi montre qu’il y a eu un relâchement des pressions inflationnistes, «la Banque du Canada aura davantage de raisons de réduire à nouveau les taux», a déclaré Maria Solovieva, économiste de la Banque TD, dans une note.

Elle a ajouté qu’il existe actuellement une probabilité de 78% d’une baisse des taux en juillet.


Détente du marché du travail

Alors que la banque centrale réfléchit à sa prochaine décision, les entreprises liées aux dépenses essentielles ont affirmé qu’elles s’en sortaient mieux parce qu’elles constataient que la croissance démographique continuait de bénéficier à leurs ventes, selon l’enquête.

Les entreprises de toutes les régions et de tous les secteurs ont également indiqué que le marché du travail a continué à se détendre et que la part des entreprises confrontées à une pénurie de main-d’œuvre est proche des plus bas niveaux de l’enquête.

L’intensité des pénuries qui subsistent est à son plus bas niveau depuis 2009, a ajouté M. Kavcic de BMO.
«Cette enquête a montré encore plus clairement que le marché du travail canadien n’est plus tendu et qu’il pourrait même se relâcher considérablement, a-t-il déclaré. Les intentions d’embauche se sont affaiblies au deuxième trimestre jusqu’à atteindre le bas de la fourchette historique, ce qui n’est pas en territoire de récession, mais en cohérence avec les périodes de faible croissance et d’assouplissement de la Banque du Canada.»

La banque a attribué cet «assouplissement généralisé» à une baisse des attentes en matière de ventes, ce qui signifie une moindre demande de travailleurs, et une offre accrue d’employés en raison de l’immigration.

Moins d’entreprises ont également déclaré à la banque qu’elles se préparaient à une récession. Leur attention se tourne désormais vers la fiscalité et la réglementation, qu’elles considèrent comme un ralentissement de leurs plans d’affaires.

Du côté des consommateurs, les recherches de la banque ont révélé que les intentions d’achat d’une propriété étaient proches de la moyenne historique, car de nombreux Canadiens, y compris les nouveaux arrivants, ont déclaré qu’ils prévoyaient se lancer bientôt sur le marché.

Lorsqu’on a demandé aux consommateurs ce qui alimentait leur envie de faire une acquisition, la plupart ont affirmé qu’ils estimaient que l’abordabilité de la propriété s’améliorait tandis que d’autres ont remarqué une hausse des prix des loyers, ce qui, selon eux, rendait l’achat d’une propriété et les remboursements hypothécaires plus attractifs.

Tara Deschamps