Le montant total des dépenses réalisées par les ménages américains dans les magasins, stations-service, bars et restaurants, s'est élevé à 682,8 G$US en juillet. (Photo: 123RF)
Washington — Les consommateurs américains ont maintenu leurs dépenses en juillet, la baisse des prix de l’essence leur ayant permis d’acheter d’autres produits, et cela pèsera dans la balance lorsque viendra le moment pour la banque centrale d’opérer à un nouveau tour de vis monétaire en septembre.
Le montant total des dépenses réalisées par les ménages américains dans les magasins, stations-service, bars et restaurants, s’est élevé à 682,8 milliards de dollars américains en juillet, comme en juin, selon les données publiées mercredi par le département du Commerce.
C’est un peu moins cependant que la timide hausse de +0,1% qui était attendue par les analystes, selon le consensus MarketWatch.
«La base des ventes au détail reste solide», a commenté l’économiste Kathy Bostjancic, d’Oxford Economics.
«Les gens semblent avoir utilisé une partie des économies réalisées grâce à la baisse des prix de l’essence pour dépenser davantage sur d’autres articles», relève Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, dans une note.
Les stations-service ont ainsi enregistré une baisse de leurs ventes de 1,8% par rapport à juin.
Les ventes de voitures et pièces détachées ont également diminué le mois dernier (-1,6%). La production automobile est très ralentie, depuis des mois, par la pénurie de semi-conducteurs, mais les usines ont mieux tourné en juillet, selon des chiffres publiés mardi par la Fed, ce qui devrait permettre aux ventes de repartir à la hausse dès le mois d’août.
En excluant ces deux catégories, les ventes au détail sont en hausse de 0,7%.
Les consommateurs américains ont notamment dépensé plus dans les magasins de matériel de construction et de jardinage (+1,5%).
Ces chiffres prennent en compte le montant total des dépenses, mais ne sont pas ajustés de l’inflation, ce qui signifie que les ménages ont moins consommé pour le même montant de dépenses.
La consommation s’est maintenue, en dépit des mesures de la banque centrale américaine (Fed) pour la ralentir, ce qui doit permettre de juguler l’inflation.
L’inflation a certes ralenti en juillet, à 8,5% sur un an, et est même nulle sur un mois. Mais elle reste très élevée, proche des 9,1% de juin, un record depuis plus de 40 ans.
Services
Les dépenses dans les bars et restaurants n’enregistrent qu’une faible hausse de 0,1%. Les autres services, comme les billets d’avion, hôtels, ou encore activités de loisirs, ne sont cependant pas comptabilisés dans ces chiffres.
Les services avaient été délaissés depuis le début de la pandémie au profit des biens, mais, la situation sanitaire s’améliorant, ils «continueront d’être un moteur de la croissance de la consommation, les consommateurs reprenant davantage leurs dépenses de services d’avant la pandémie, notamment les restaurants et les voyages», anticipe Kathy Bostjancic.
Cet indicateur est observé de près par la banque centrale américaine (Fed), qui tente de faire ralentir la forte inflation en relevant ses taux directeurs pour renchérir le coût du crédit pour les particuliers et professionnels.
Le but: faire ralentir la consommation et donc faire baisser la pression sur les prix.
Lors de sa prochaine réunion, mi-septembre, l’institution devrait procéder à un nouveau relèvement de ses taux directeurs, et «le rapport solide d’aujourd’hui maintient la Fed dans un mode de resserrement agressif de sa politique», indique encore Kathy Bostjancic.
Face à cette inflation, les consommateurs changent leurs habitudes. Le directeur financier du géant de la distribution Walmart, John David Rainey, a ainsi expliqué mardi des choix de plus en plus marqués pour des articles moins coûteux au sein d’une même gamme de produits, notamment dans l’alimentaire.
Le président américain Joe Biden a promulgué mardi son vaste plan d’investissement sur le climat et la santé, baptisé «Inflation Reduction Act», qui comprend 370 G$US pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030, et entend corriger en partie les immenses inégalités dans l’accès aux soins aux États-Unis, notamment en abaissant le prix des médicaments.