La crise climatique plane au-dessus du marché du travail
La Presse Canadienne|Publié le 08 septembre 2022Transition énergétique, requalification des travailleurs dans une économie verte, adaptation des industries, c’est la crise climatique qui a plané au-dessus du débat sur l’avenir du travail organisé mercredi soir à Montréal par les grandes centrales syndicales. (Photo: La Presse Canadienne)
Transition énergétique, requalification des travailleurs dans une économie verte, adaptation des industries, c’est la crise climatique qui a plané au-dessus du débat sur l’avenir du travail organisé mercredi soir à Montréal par les grandes centrales syndicales.
L’événement organisé conjointement par la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) avait lieu au Cabaret du Lion d’Or. C’est la professeure de droit à l’Université du Québec à Montréal Dalia Gesualdi-Fecteau, qui agissait à titre de modératrice.
Les cinq principaux partis étaient représentés par Jean Boulet, ministre du Travail et de l’Immigration, député sortant de Trois-Rivières pour la Coalition avenir Québec (CAQ) ; Marc Tanguay, député sortant de Lafontaine pour le Parti libéral du Québec (PLQ) ; Alexandre Leduc, député sortant d’Hochelaga-Maisonneuve pour Québec solidaire (QS) ; Jocelyn Desjardins, candidat dans Pointe-aux-Trembles pour le Parti québécois (PQ) ; Éloise Coulombe, candidate dans Soulange pour le Parti conservateur du Québec (PCQ).
Plusieurs des participants avaient déjà l’habitude de croiser le fer sur ces dossiers économiques puisque le ministre Boulet retrouvait ses anciens vis-à-vis en chambre Marc Tanguay et Alexandre Leduc, qui occupaient les rôles de porte-parole de leur parti respectif avant la dissolution de l’Assemblée nationale.
«Il n’y a pas d’emplois sur une planète morte», a rappelé le candidat solidaire Alexandre Leduc en début de soirée, félicitant au passage les syndicats pour avoir lancé cette affirmation dans le débat public.
Il en a profité pour marteler que Québec solidaire veut mettre la transition juste au cœur de son plan économique en ajoutant qu’il fallait imposer des règles d’écofiscalité et même d’écoconditionnalité dans l’approbation de projets.
Si plusieurs adversaires ont reproché au ministre du Travail Jean Boulet le manque d’enthousiasme de la CAQ pour les dossiers environnementaux, celui-ci a tout de même soutenu que son parti avait «énormément de projets» pour le Québec en développant l’acier vert, l’aluminium vert et l’hydrogène vert.
«L’avenir de notre économie réside dans notre capacité à atteindre la carboneutralité», a-t-il soutenu.
Si des désaccords persistent sur bien des éléments, les partis semblent s’entendre sur une chose: ne pas abandonner les travailleurs. En fait, quatre des cinq participants étaient d’accord sur l’importance de ne laisser personne derrière en insistant sur la requalification des travailleurs en vue d’occuper des emplois dans de nouvelles industries liées aux énergies vertes ou aux hautes technologies.
La seule voix discordante est venue de la candidate conservatrice. Éloise Coulombe croit comme son parti le propose que le Québec doit exploiter ses ressources naturelles, mais en imposant des normes plus sévères qu’ailleurs sur la planète. Elle résume aussi l’action environnementale de son parti à deux conditions: est-ce raisonnable et est-ce pragmatique?
Un salaire minimum à 18 $?
Un autre enjeu majeur qui retient l’attention dans cette campagne électorale est celui du coût de la vie, lequel conjugue d’une part l’inflation galopante et d’autre part les revenus des travailleurs.
Le débat a d’ailleurs débuté par un échange sur la hausse réclamée du salaire minimum par de nombreux groupes de pression, dont les syndicats. Ils demandent un bond du taux horaire de 14,25 $ à 18 $. Une demande à laquelle le PQ, QS et le PLQ ont dit «oui», mais avec des conditions diverses.
Le PQ veut une croissance progressive, le PLQ veut effectuer des consultations sur la manière de procéder et QS suggère la création d’un fonds d’aide pour appuyer les PME dans cette transition.
Du côté de la CAQ, Jean Boulet rappelle qu’une règle s’appuyant sur un ratio de 50% du salaire moyen des quatre années précédentes a été adoptée. Il admet tout de même qu’elle pourrait être revue.
Finalement, le PCQ s’en remet entièrement au libre marché, a mentionné sa candidate. Selon elle, la règle de l’offre et de la demande va forcer les employeurs à payer mieux leurs employés. Le parti propose tout de même certains allégements en réduisant les taux d’imposition et en rehaussant le seuil d’exemption à l’impôt.
Équité salariale
S’il fait moins souvent les manchettes, l’enjeu de l’équité salariale en emploi n’est pas moins présent ni urgent à régler. Encore une fois, la forte majorité des candidats présents au débat ont insisté sur l’importance de continuer de travailler à rétrécir l’écart entre les hommes et les femmes.
Jocelyn Desjardins du Parti québécois a réclamé des règlements avec plus de dents pour forcer les entreprises privées à mettre fin aux iniquités. Marc Tanguay du Parti libéral a enjoint le gouvernement à faire preuve d’exemplarité en rémunérant convenablement les femmes dans le système public en commençant par les éducatrices en garderie.
Alexandre Leduc de Québec solidaire a dénoncé l’inaction du gouvernement dans le dossier de la rétroaction salariale en cas d’iniquité. La Cour suprême a confirmé dans un arrêt que les femmes victimes d’iniquité en emploi devaient être indemnisées de manière rétroactive. Toutefois, le gouvernement québécois n’a toujours pas modifié sa loi pour se conformer au jugement.
Finalement, encore une fois, la candidate conservatrice Éloïse Coulombe s’en est remise au libre marché. À son avis, c’est la réglementation qui fait perdurer les écarts salariaux. Le libre marché qui est à l’origine de l’écart salarial entre les hommes et les femmes serait aussi la solution au problème, selon elle.