La décision de Nétanyahou affectera-t-elle les efforts de trêve?
La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024Des manifestants à Jérusalem réclament la libération de tous les otages dans la bande de Gaza le 17 juin 2024. (AP Photo/Ohad Zwigenberg)
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a dissous son cabinet de guerre lundi. Une décision qui consolide son influence sur la guerre entre Israël et le Hamas et qui diminue probablement les chances d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza dans un avenir proche.
M. Nétanyahou a annoncé cette mesure quelques jours après que son principal rival politique, Benny Gantz, se soit retiré du cabinet de guerre composé de trois membres. M. Gantz, général à la retraite et membre du parlement, était largement considéré comme une voix plus modérée.
Les principales politiques de guerre seront désormais uniquement approuvées par le cabinet de sécurité de Benyamin Nétanyahou, un organe plus large dominé par les partisans de la ligne dure qui s’opposent à la proposition de cessez-le-feu soutenue par les États-Unis et veulent plutôt poursuivre la guerre.
Le premier ministre israélien devrait consulter ses proches alliés sur certaines décisions lors de réunions ad hoc, a déclaré un responsable israélien sous le couvert de l’anonymat, car il n’était pas autorisé à parler aux médias.
Ces réunions à huis clos pourraient atténuer l’influence des partisans de la ligne dure. Mais M. Nétanyahou lui-même a montré peu d’enthousiasme pour le plan de cessez-le-feu. Le fait qu’il s’appuie sur l’ensemble du cabinet de sécurité pourrait lui permettre de retarder la prise d’une décision.
Voici quelques informations essentielles sur le cabinet de guerre et sur les conséquences de sa dissolution sur les perspectives de cessez-le-feu:
Pourquoi M. Gantz a-t-il rejoint puis quitté le cabinet de guerre?
Le cabinet de guerre a été formé après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, lorsque M. Gantz, chef d’un parti d’opposition, a rejoint M. Nétanyahou et le ministre de la Défense, Yoav Gallant, dans une démonstration d’unité.
À l’époque, M. Gantz avait exigé qu’un petit organe de décision dirige la guerre afin de mettre à l’écart les membres d’extrême droite du gouvernement.
Mais il a quitté le cabinet au début du mois, après des mois de tensions croissantes sur la stratégie d’Israël à Gaza.
Il a déclaré qu’il en avait assez de l’absence de progrès dans le rapatriement des dizaines d’otages israéliens détenus par le Hamas. Il a accusé M. Nétanyahou de faire durer la guerre pour éviter de nouvelles élections et un procès pour corruption. Il a demandé au premier ministre d’approuver un plan qui, entre autres, permettrait de sauver les otages et de mettre fin à la domination du Hamas à Gaza.
Lorsque M. Nétanyahou n’a pas exprimé son soutien à ce plan, M. Gantz a annoncé son départ. Il a affirmé que les «décisions stratégiques fatidiques» prises au sein du cabinet se heurtaient «à des hésitations et à des atermoiements dus à des considérations politiques».
Nétanyahou décidera lui-même
Comment les politiques d’Israël en temps de guerre seront-elles probablement modifiées? La dissolution du cabinet de guerre ne fait qu’éloigner davantage M. Nétanyahou des politiciens centristes plus ouverts à un accord de cessez-le-feu avec le Hamas.
Des mois de négociations n’ont pas permis de trouver un terrain d’entente entre le Hamas et les dirigeants israéliens. Israël et le Hamas se sont montrés réticents à approuver pleinement un plan soutenu par les États-Unis qui permettrait de restituer les otages, d’ouvrir la voie à la fin de la guerre et d’entamer un effort de reconstruction du territoire décimé.
M. Nétanyahou s’appuiera désormais sur les membres de son cabinet de sécurité, dont certains s’opposent aux accords de cessez-le-feu et ont exprimé leur soutien à la réoccupation de Gaza.
Après le départ de M. Gantz, le ministre ultranationaliste de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a demandé à faire partie d’un nouveau cabinet de guerre. La décision de lundi pourrait aider à maintenir M. Ben-Gvir à distance, mais elle ne peut pas l’écarter complètement.
Elle donne également à M. Nétanyahou la possibilité de faire durer la guerre pour rester au pouvoir. Ses détracteurs l’accusent de temporiser parce que la fin de la guerre signifierait une enquête sur les échecs du gouvernement le 7 octobre et augmenterait la probabilité de nouvelles élections alors que la popularité du premier ministre est faible.
«Cela signifie qu’il prendra toutes les décisions lui-même ou avec des personnes en qui il a confiance et qui ne le contestent pas. Et son intérêt est d’avoir une guerre à usure lente», a soutenu Gideon Rahat, président du département de sciences politiques de l’Université hébraïque de Jérusalem.