La FAA cloue le vaisseau spatial de Virgin Galactic au sol
La Presse Canadienne|Publié le 02 septembre 2021L'enquête de la FAA porte sur une déviation de trajectoire lors de ce vol hautement médiatisé. (Photo: Getty Images)
Après le triomphe de juillet, difficile retour sur Terre pour Virgin Galactic: deux mois après avoir conduit jusqu’à l’espace son flamboyant fondateur, Richard Branson, l’emblématique vaisseau de l’entreprise se retrouve cloué au sol face à la révélation de graves incidents durant le vol.
L’agence américaine de l’aviation (FAA) a annoncé enquêter sur une déviation de trajectoire lors de ce vol hautement médiatisé, qui était censé marquer d’un grand coup l’entrée de la compagnie dans l’ère du tourisme spatial.
Richard Branson a été le 11 juillet le premier milliardaire à se rendre dans l’espace à bord du vaisseau d’une entreprise privée qu’il a lui-même créée — avant Jeff Bezos quelques jours plus tard.
Mais alors que Virgin Galactic avait à l’époque assuré que tout s’était déroulé comme prévu, le vaisseau a en réalité brièvement volé en dehors de l’espace aérien dédié à la mission.
«Virgin Galactic ne pourra pas faire revoler son vaisseau SpaceShipTwo avant que la FAA n’approuve le rapport d’enquête final ou détermine que les problèmes liés à l’incident n’affectent pas la sécurité du public», a fait savoir l’agence américaine dans une déclaration transmise à l’AFP.
«SpaceShipTwo a dévié de son autorisation de contrôle de circulation aérienne en retournant vers Spaceport America», la base spatiale utilisée par la société dans le désert du Nouveau-Mexique, a-t-elle indiqué.
Voyant rouge
Ce développement intervient après la publication mercredi d’un article du New Yorker ayant révélé que des alertes de sécurité s’étaient allumées dans le cockpit du vaisseau lors du vol, synonymes d’un problème grave qui aurait pu entraîner une issue fatale.
Le problème de trajectoire menaçait de compromettre la phase de retour vers la Terre, lorsque le vaisseau plane jusqu’à atterrir sur une piste, selon le journal.
Citant des sources anonymes au sein de l’entreprise, il a précisé que la manière la plus sûre de réagir face à ces alertes aurait été d’interrompre la mission.
Mais les deux pilotes à bord ont décidé de poursuivre le vol malgré ces voyants, et l’atterrissage s’est finalement passé sans encombre.
Le vaisseau transportait, en plus de Richard Branson et des deux pilotes, trois autres passagers employés de la compagnie.
De prestigieux invités — dont le fondateur de SpaceX Elon Musk — ainsi que toute la presse avaient été conviés pour l’événement, retransmis en direct sur internet.
Dans une déclaration précédant l’annonce de la FAA, Virgin Galactic a vivement contesté les conclusions de l’article.
«Lorsque le véhicule a été confronté à des vents en haute altitude, ce qui a modifié la trajectoire, les pilotes et systèmes ont surveillé la trajectoire pour s’assurer qu’elle reste dans le cadre des paramètres de la mission», a détaillé l’entreprise. «Nos pilotes ont répondu de façon appropriée à ces conditions de vol changeantes.»
Ni le public ni les membres de l’équipage n’ont été mis en danger, a soutenu Virgin Galactic, continuant à qualifier la mission de «réussie».
«Bien que la trajectoire finale ait dévié de notre plan initial, il s’agissait d’une trajectoire de vol intentionnelle et contrôlée», a-t-elle assuré.
Prochaine mission menacée?
Le vaisseau de Virgin Galactic n’est pas une fusée «standard» décollant à la verticale. La société utilise un énorme avion porteur, qui décolle d’une piste classique, puis largue en altitude un vaisseau (SpaceShipTwo), ressemblant à un gros jet privé.
Celui-ci allume alors son moteur jusqu’à dépasser les 80 km d’altitude — la limite de l’espace selon l’armée américaine —, puis redescend en planant.
Les passagers peuvent se détacher et expérimenter quelques minutes en apesanteur.
Cette interdiction de voler jusqu’à nouvel ordre est un coup dur pour Virgin Galactic, qui venait de confirmer jeudi la tenue d’un nouveau vol d’essai «fin septembre ou début octobre».
Ce vol doit être consacré à la recherche scientifique, en partenariat avec l’Italian Air Force.
L’action du groupe a soudainement chuté après l’annonce de la FAA et perdait environ 5% vers 14 h 15 heure du Québec.