Il faudrait plus de 5000 logements pour ramener le taux d’inoccupation à 4% à Rimouski, affirme le directeur de la Chambre de commerce et de l'industrie Rimouski-Neigette, Jean-Nicolas Marchand. (Photo: 123RF)
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) réclame que le gouvernement provincial organise, dès cette année, un chantier national sur le logement afin de mettre de l’avant des solutions à la lenteur administrative pour contrer la crise du logement et des mises en chantier le plus rapidement possible.
L’organisme, qui représente plus de 45 000 entreprises à travers la province, affirme avoir pris le pouls de ses membres au cours des derniers mois. Elle s’est alors retrouvée devant un constant inévitable et affirme que les entrepreneurs font face à un «parcours du combattant» entre la prise de décision de construire et la première pelletée de terre.
«Ce qu’on entend, c’est que les projets prennent trop de temps à se réaliser, laisse tomber le PDG de la FCCQ, Charles Milliard. Nous nous sommes donc questionnés comment nous pouvons raccourcir ces fameux délais, réduire les coûts, combiner des autorisations et faire en sorte que les projets de logements se réaliseraient plus rapidement au Québec.»
La FCCQ interpelle donc le gouvernement du Québec pour qu’il crée, le plus rapidement possible en 2024, un important chantier national du logement où il serait question de l’allégement des processus qui mènent à la construction et à la conversion de logements résidentiels. Ce chantier aboutirait à un plan d’action ainsi qu’à des modifications législatives et réglementaires.
Le chantier pourrait être piloté par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, estime Charles Milliard. Il propose de réunir plusieurs acteurs du milieu, dont les municipalités, les chambres de commerce et représentants d’entreprise, des associations sectorielles, les urbanismes, les spécialistes en aménagement du territoire et d’autres organismes tels le FRAPRU.
Solutions
La FCCQ suggère par ailleurs sept solutions pour permettre d’accélérer les mises en chantier et augmenter le nombre de logements.
L’organisme propose que le gouvernement allège la réglementation entourant le zonage pour permettre aux propriétaires de maisons de les transformer en logements multiples plus rapidement, qu’il y ait plus de flexibilité concernant les processus d’analyse des comités consultatifs d’urbanisme (CCU) municipaux pour y favoriser les rencontres directes avec les entreprises plutôt que de procéder par de lourds échanges écrits qui allongent les délais indûment.
Elle propose également que les municipalités aient davantage recours à des professionnels externes pour combler le manque de ressources, qu’elles publient de manière proactive les terrains disponibles à la construction résidentielle et produisent une cartographie du territoire qui démarque les zones prioritaires, qu’elles réduisent certains frais administratifs afin d’encourager la construction résidentielle et qu’elles et les MRC partagent plus de ressources professionnelles et techniques entre elles pour combler des besoins périodiques pour des projets de logement.
Finalement, elle propose que le gouvernement provincial offre une aide financière destinée à la transformation numérique des processus administratifs gouvernementaux afin que les municipalités puissent se doter d’un système de déclaration de travaux, et permettre de prioriser les projets qui augmentent la capacité résidentielle dans la municipalité donnée.
«Le feu est pris, et nous sommes prêts à collaborer», lance sans détour Charles Milliard.
Appel à l’aide des régions
Toutes les régions du Québec sont touchées par la pénurie de logements et de résidences, mais pour certaines, cette non-disponibilité affecte grandement leur capacité à se développer socialement et économiquement.
La directrice générale de la Chambre de commerce de Val-d’Or, Hélène Paradis, souligne que le taux d’inoccupation de sa région se situe à 0,4%.
«C’est un défi quotidien et c’est un des premiers freins au développement économique et social, soutient-elle. Les employeurs sont rendus qu’ils achètent des maisons pour y loger leurs employés. J’ai même une entreprise qui a acheté un hôtel au complet.»
Le refrain est le même pour le Bas-Saint-Laurent. Le directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, Jean-Nicolas Marchand, affirme même que les institutions d’enseignement supérieur doivent refuser des étudiants parce qu’il n’y a pas de place pour se loger.
«Le taux d’inoccupation varie entre 0,4% et 0,6% depuis quatre ans, mentionne-t-il. Faute de logements disponibles, le cégep et l’université refusent des centaines d’étudiants.»
Les chiffres officiels ne sont pas encore sortis, mais il affirme que ses sources lui disent que seulement 83 nouveaux logements ont été construits en 2023 à Rimouski.
«Ce n’est pas suffisant, tranche-t-il. Il faudrait plus de 5000 logements pour ramener le taux d’inoccupation à 4%. On veut repeupler notre région, mais comment? Si on ne réussit pas à attirer des jeunes avec le volet scolaire, ça va être difficile.»
Le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie Les Moulins, Pierre Berthiaume, fait mention d’un taux d’inoccupation de 0,5% à Mascouche et de 0,2% à Terrebonne, la dixième plus grande ville du Québec.
«On doit donner du lousse aux entrepreneurs, que ce soit du côté des délais ou des coûts», avance-t-il.
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