La plupart des analystes n'attendent pas d'annonce ferme de la part de la Fed à la fin de sa réunion monétaire. Il tablent plutôt sur la réunion de novembre pour connaître le calendrier. (Photo: 123RF)
Prête à réduire la voilure ou pas encore? La Banque centrale américaine (Fed) achèvera mercredi midi sa réunion monétaire, et pourrait donner quelques indications sur ses intentions, mais l’annonce du calendrier de réduction des achats d’actifs sera sans doute pour plus tard.
La réunion du Comité monétaire de la Réserve fédérale, qui a débuté mardi midi, «a repris mercredi à 9h, heure du Québec comme prévu», a indiqué à l’AFP un porte-parole de la Fed. Elle s’achèvera à la mi-journée et sera suivie de la publication d’un communiqué de presse, à 14h, puis d’une conférence de presse du président Jerome Powell, à 14h30.
Les marchés guetteront le moindre indice, quant au lancement de la réduction des achats d’actifs. Mais la plupart des analystes n’attendent pas d’annonce ferme cette fois et tablent plutôt sur la réunion de novembre pour connaître le calendrier.
La Fed veut en effet diminuer progressivement les achats de 120 milliards de dollars américains par mois en bons du Trésor et autres titres qu’elle effectue depuis le début de la crise. Mais pour cela, elle veut s’assurer que la reprise économique soit suffisamment solide.
Or, la situation ne s’améliore pas aussi vite que prévu, entre une croissance contrariée au milieu de l’été par le variant Delta de la COVID-19 et des créations d’emplois décevantes en août.
Pour évaluer la situation, les responsables de la puissante Réserve fédérale américaine ont, pendant deux demi-journées, regardé à la loupe les progrès réalisés quant à l’emploi et l’inflation.
«Nuage de points»
Sur le premier front, le ralentissement a été marqué en août, après une belle progression en juin puis en juillet, et seuls 235 000 emplois ont été créés, trois fois moins qu’attendu, tandis que le taux de chômage a continué à reculer, à 5,2%.
Quant à l’inflation, elle a certes montré des signes de modération, mais, à +4,2% sur un an en août, elle reste très supérieure aux 2% que vise la Fed à long terme. Plusieurs responsables de l’institution monétaire ont, ces dernières semaines, averti que l’évolution des prix pourrait rester élevée plus longtemps que prévu.
Les marchés s’intéresseront également aux prévisions économiques pour la croissance, l’emploi et l’inflation, qui seront actualisées. «La croissance sera révisée à la baisse cette année, mais l’inflation sera plus élevée», prédit Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Economics.
Jerome Powell devrait cependant insister de nouveau sur le fait qu’une diminution des achats d’actifs n’ira pas de pair avec un relèvement des taux directeurs.
Ceux-ci avaient été abaissés dans une fourchette de 0% à 0,25% en mars 2020, devant la menace de la COVID-19 pour les États-Unis, et devraient rester à ce niveau pendant un moment encore.
Le «nuage de points», qui montre à quel moment chacun des membres du Comité monétaire — votants et non-votants confondus — pense qu’il sera judicieux de les faire évoluer, sera mis à jour. Lors de la dernière actualisation, en juin, la majorité des responsables de la Fed anticipait une première hausse en 2023.
Nouvelle ombre
Les principales économies de la planète avancent à tâtons sur le resserrement monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) a timidement lancé le mouvement et renvoyé à décembre la discussion, tandis que la Banque d’Angleterre craint que durcir sa politique monétaire n’étouffe la relance dans l’œuf.
«Nous serions surpris par l’annonce formelle d’un ralentissement, étant donné le plafond de la dette non résolu et la perturbation continue de l’économie due au variant Delta», a encore souligné Ian Shepherdson.
Car une nouvelle ombre vient planer sur l’économie américaine, et, par ricochet, sur l’économie mondiale: celle d’un défaut de paiement des États-Unis.
Le plafond de la dette américaine est de nouveau en vigueur depuis le 1er août, après deux années de suspension, et, si aucun accord n’est trouvé au Congrès pour le suspendre de nouveau ou relever le montant maximum de dette autorisé, les États-Unis ne pourront plus emprunter pour se financer.
Le pays a assez de liquidités pour honorer ses paiements jusqu’à mi-octobre seulement. Un défaut de paiement de la première économie du monde aurait des répercussions gravissimes.