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La Fed laisse les taux inchangés

AFP|Publié le 30 janvier 2019

L'environnement économique mondial qui ralentit et l’inflation modeste expliquent cette décision.

La Banque centrale américaine (Fed) a laissé les taux d’intérêt inchangés mercredi et promis explicitement qu’elle serait « patiente » pour de futures hausses de taux, citant l’environnement économique mondial qui ralentit et l’inflation modeste.

Dans son communiqué, le Comité monétaire qui décrit l’activité économique américaine comme « solide » et non plus « forte », affirme qu’« au vu des développements économiques et financiers et des faibles tensions inflationnistes », il sera désormais « patient dans la détermination de ses futurs ajustements monétaires ».

Les taux au jour le jour se situent actuellement entre 2,25 % et 2,50 %.

Le ralentissement de la croissance mondiale et le durcissement des conditions financières sur les marchés ont donc poussé le Comité monétaire (FOMC) à inscrire explicitement la promesse d’être patient, ce qui implique une pause dans les hausses de taux qui devrait rassurer les investisseurs. 

Le communiqué ne fait pas mention des tensions commerciales alors que des négociations à haut risque se tiennent mercredi et jeudi avec une délégation chinoise pour tenter de débloquer une impasse qui a mené à une surenchère de tarifs douaniers et qui commence à inquiéter les milieux industriels.

La Maison-Blanche a déjà infligé des taxes douanières supplémentaires sur 250 milliards de dollars d’importations chinoises et menace de porter de 10 à 25 % le niveau de taxes sur 200 milliards de dollars de biens importés si les négociations en cours n’aboutissent pas d’ici début mars.

Pékin a rétorqué en imposant des tarifs douaniers additifs sur 110 milliards de dollars de biens américains.

La Fed n’évoque pas non plus la fermeture partielle du gouvernement alors que le pays se remet lentement cette semaine de 35 jours de paralysie des administrations fédérales, qui ont miné le moral des consommateurs et obscurci la visibilité économique.

L’année dernière, la Banque centrale avait relevé les taux quatre fois et en décembre, les membres du Comité envisageaient encore deux hausses d’un quart de point de pourcentage pour 2019.

Mercredi, le Comité ne publiait pas de nouvelles prévisions, mais Jerome Powell le président s’apprêtait à donner une conférence de presse.

Autre point sensible, la Banque centrale se dit « prête à ajuster » le rythme de normalisation de son bilan. Ces actifs (plus de 4 000 milliards de dollars en bons du Trésor et obligations hypothécaires) sont jusqu’ici réduits, en cessant les réinvestissements dans les titres arrivant à maturité, au rythme de 50 milliards de dollars par mois.  

Mais cette démarche semble avoir un impact à la hausse sur les taux, une incidence qui a rendu les marchés nerveux. 

La banque centrale redit toutefois que le principal outil de son influence monétaire restera les taux au jour le jour et non l’ajustement du bilan de ses actifs.

« Colombe » 

Jerome Powell et son Comité ont donc adopté une posture de « colombe », c’est-à-dire plus accommodante alors que l’inflation ne donne guère de signe d’accélération, malgré un marché de l’emploi très dynamique.

La volatilité des marchés financiers depuis octobre, les incertitudes liées au bras de fer commercial avec la Chine et la perspective d’un ralentissement de la croissance mondiale ont rendu la Fed prudente. 

L’impact de la fermeture partielle de l’administration devrait être éphémère alors que la Banque centrale mentionne toujours de fortes dépenses de consommation, mais comme l’ont souligné les analystes de Capital Economics, cela « a sans doute rendu la Fed encore plus patiente en réduisant les informations disponibles sur l’allure de l’activité ».

Il en aura coûté 11 milliards de dollars à l’économie des États-Unis, dont quelque 3 milliards ne pourront pas être récupérés, selon les services du budget du Congrès (CBO).

La Fed continue de mentionner le renforcement du marché de l’emploi alors que les embauches dans le secteur privé ont affiché de nouveau une belle performance en janvier avec 213 000 créations d’emplois, davantage que ce que prévoyaient les analystes. Le gouvernement publie vendredi les chiffres officiels de l’emploi et le taux de chômage devrait rester stable à son bas niveau de 3,9 %.

Pour l’instant, la Fed projette une croissance du PIB américain de 2,3 % en 2019 au lieu de 3 % en 2018. Le FMI est un peu plus optimiste à 2,5 %. 

Les membres du Comité monétaire envisageaient mi-décembre encore deux modestes hausses de taux au cours de l’année 2019, mais ces prévisions ne seront pas révisées avant le mois de mars. 

Les économistes de la puissante association des agents immobiliers, qui rendent la hausse des taux d’intérêt par la Fed en partie responsable du net ralentissement du marché, ont eux affirmé mercredi que la Banque centrale « ne relèverait sans doute les taux qu’une fois » (d’un quart de point de pourcentage) cette année, « peut-être même pas du tout ».