La Fed note que la consommation des ménages augmentait à un rythme «modéré» et non plus «solide».
La Fed a laissé mercredi ses taux inchangés à l’issue de sa première réunion monétaire de l’année, malgré la pression de Donald Trump en faveur d’une nouvelle baisse, et l’incertitude que fait peser le nouveau coronavirus sur les perspectives de l’économie mondiale.
Le taux directeur reste donc inscrit dans une fourchette comprise entre 1,5 et 1,75%.
La décision a été unanime au sein des membres du comité monétaire de la Fed, qui estime que cette politique monétaire doit notamment permettre à l’inflation de revenir à son taux cible de 2%, alors qu’elle est actuellement inférieure.
L’inflation annuelle aux États-Unis était de 1,5% en novembre, selon l’indice PCE, le plus suivi par la Fed pour mesurer l’évolution des prix.
Le communiqué relève toutefois que la consommation des ménages, principal moteur de l’économie américaine, augmentait à un rythme «modéré» et non plus «solide» comme dans le communiqué de décembre.
La Banque centrale confirme sans surprise sa pause entamée en décembre, après avoir abaissé les taux à trois reprises d’affilée.
Son président Jerome Powell avait souhaité voir l’inflation «persister» avant de relever les taux.
Pendant deux jours, les membres du Comité monétaire ont examiné à la loupe la situation économique des États-Unis, où la plupart des indicateurs sont au vert: emploi, services, confiance des consommateurs…
Seul le secteur manufacturier est en récession, victime de la guerre commerciale avec la Chine. Sur ce front toutefois, la trêve consécutive à l’accord signé le 15 janvier par les deux puissances économiques apporte un vent d’optimisme sur les marchés.
Mais alors que le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait une reprise de la croissance mondiale cette année, les perspectives mondiales sont désormais assombries par l’épidémie du nouveau coronavirus, qui a fait plus de 130 morts en Chine.
«Le coronavirus introduit une nouvelle forme d’incertitude. (…) Les ruptures dans la chaîne d’approvisionnement mondiale peuvent être importantes», a ainsi indiqué à l’AFP Diane Swonk, économiste en chef pour Grant Thornton.
«Il est encore trop pour agir mais la Fed doit montrer qu’elle regarde cela de près», a-t-elle ajouté.
Pour l’économiste Joel Naroff, le coronavirus influencera les décisions de la Fed «si cela affecte durablement les marchés et s’il y a des signes clairs de ralentissement de l’économie».
C’est le moment
La Fed a également regardé de près les prévisions de déficit de l’État fédéral américain, qui va se creuser de 160 milliards de dollars de plus que prévu sur la période 2020-2029 pour atteindre un total de 12.367 milliards de dollars, selon les services du budget du Congrès (CBO).
Quant au président Donald Trump, il a fait pression sur la Fed, comme il en est coutumier, pour réclamer des baisses de taux toujours plus fortes.
Dans un tweet publié mardi matin peu après l’ouverture de la réunion monétaire, il a affirmé que «la Fed devrait faire preuve d’intelligence en abaissant les taux pour améliorer notre compétitivité par rapport à d’autres pays qui paient beaucoup moins cher».
«Nous nous concentrerions alors sur le remboursement et le refinancement de la dette» américaine, a estimé le président, assurant que «c’est le moment», car «il n’y a quasiment pas d’inflation».
Mercredi dernier, depuis le forum économique de Davos (Suisse), il avait accusé l’institution d’avoir ralenti la croissance. «Beaucoup de mauvaises choses sont arrivées, à commencer par la Fed, qui n’a pas été bonne», avait-il affirmé.
Lors de la dernière réunion du comité monétaire en décembre, la Banque centrale avait indiqué qu’elle anticipait toujours une croissance de l’économie à un rythme «modeste».
Elle avait alors laissé inchangée sa prévision d’expansion pour 2020 à 2%, après 2,2% en 2019.