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La FPJQ et la SQPRP préparent une journée sans Meta

La Presse Canadienne|Publié le 08 septembre 2023

La FPJQ et la SQPRP préparent une journée sans Meta

Lors d’une conférence de presse conjointe, la FPJQ et la Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP) ont aussi encouragé les citoyens à s’abonner à un média québécois. (Photo: La Presse Canadienne)

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et les professionnels en relations publiques invitent la population à passer 24 heures sans consulter ou publier sur les plateformes de Meta le 15 septembre prochain, à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie. 

Lors d’une conférence de presse conjointe, vendredi matin, la FPJQ et la Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP) ont aussi encouragé les citoyens à s’abonner à un média québécois ou à l’infolettre d’un média local lors de cette journée.

La FPJQ et la SQPRP souhaitent ainsi dénoncer le blocage des nouvelles sur les plateformes de Meta, soit Instagram et Facebook, au Canada.

«On veut montrer aux gens de se réapproprier leur espace, de montrer que ce n’est pas une entreprise étrangère qui va dicter aux Canadiens et aux Canadiennes, aux Québécois et aux Québécoises, c’est quoi les lois qui devraient être en vigueur ici», a affirmé le président de la FPJQ, Michaël Nguyen.

Il a rappelé que les grandes entreprises comme Meta et Google obtiennent 80% des revenus publicitaires numériques au Canada, contribuant à la crise des médias en diminuant leurs sources de revenus.

M. Nguyen a indiqué, citant une analyse de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), que le partage des nouvelles canadiennes sur Facebook a engendré des revenus de 193 millions de dollars (M$) au réseau social, en 2021, alors que le gouvernement fédéral a déterminé que Meta devrait verser 62 M$ annuellement aux médias canadiens.

Plusieurs organisations et acteurs politiques appuient l’initiative de la journée sans Meta, dont Québecor, l’Union des artistes, le maire de Laval, Stéphane Boyer, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, le maire de Québec, Bruno Marchand, ainsi que l’Association canadienne des journalistes.

«C’est un mouvement qui prend de l’ampleur. Il faut tenir son bout, parce que c’est certain qu’on n’a pas le gros bout du bâton. Le gouvernement négocie avec une entreprise qui a des revenus faramineux. Mais on ne peut pas laisser tomber», a plaidé M. Nguyen.

Patrick Howe, président de la SQPRP, a souligné que cette initiative n’est que le début de la collaboration de la société et de la FPJQ, alors que d’autres projets sont dans les cartons.

«En bloquant l’accès aux nouvelles, Meta se retrouve à retirer une source d’information crédible sur les réseaux sociaux», a dit M. Howe, soulignant qu’«une démocratie n’existe pas sans débat public».

En demandant aux citoyens de s’abonner à un média ou à son infolettre, la FPJQ et la SQPRP invitent ainsi la population à consulter directement les sites web des médias.

«La force (…) d’aller directement sur les sites web (des médias), c’est qu’il y a un travail éditorial. Sur les réseaux sociaux, l’algorithme est fait pour que ce soit seulement les sujets qui vous intéressent qui apparaissent», a souligné M. Nguyen, disant qu’une grande variété de nouvelles sont traitées par les médias.

«C’est ça qui développe l’esprit critique, c’est ça qui fait de meilleurs citoyens qui sont mieux informés», a−t−il renchéri.

Depuis quelques semaines, il est impossible de partager ou de consulter du contenu journalistique sur les sites web de Meta au pays, provenant autant des médias locaux qu’internationaux. Le contenu des journaux étudiants est également inaccessible.

Cette riposte de Meta survient à la suite de l’adoption de la loi C−18 par le gouvernement canadien, qui entrera en vigueur en décembre prochain. La Loi sur les nouvelles en ligne exige que les grandes entreprises comme Meta et Google négocient des ententes avec les médias du pays pour assurer un partage des revenus entre ces grandes entreprises et les médias, dont les contenus sont diffusés sur ces plateformes. Google menace également de bloquer l’accès aux nouvelles sur son moteur de recherche, mais n’a pas appliqué cette mesure.

Selon Michaël Nguyen, le blocage des nouvelles par Meta est «un problème qui dépasse les limites du journalisme».

«Ça affecte plein de sphères de la société. On l’a vu récemment avec les artistes. Les critiques artistiques ne sont plus disponibles sur Facebook, ça affecte les artistes, ça affecte la culture»a-t-il illustré.

Cependant, il est encore difficile de mesurer l’impact du blocage des nouvelles par Meta, car la population consulte moins les nouvelles au cours de la période estivale, a indiqué M. Nguyen. 

Coralie Laplante, La Presse Canadienne