Un sondage Léger, mené en collaboration avec l’organisme de développement économique Québec International, a été présenté dans le cadre du Rendez-vous d’affaires de la Francophonie, qui a lieu dans la Vieille-Capitale. (Photo: 123RF)
Les entreprises de la francophonie entretiennent beaucoup de liens, mais ceux-ci ne se traduisent pas nécessairement par un impact significatif sur leurs chiffres d’affaires, selon un sondage Léger. Pourtant, le nombre de francophones est appelé à plus que doubler dans les prochaines décennies.
Si 57% des 302 entreprises sondées disent entretenir des relations d’affaires dans l’espace francophone, ces relations génèrent moins de 25% de leurs chiffres d’affaires dans 34% des cas. Seulement 15 % des entreprises sondées avancent que ces relations génèrent entre 26% et 50% de leur chiffre d’affaires.
Ce sondage, mené en collaboration avec l’organisme de développement économique Québec International, a été présenté dans le cadre du Rendez-vous d’affaires de la Francophonie, qui a lieu dans la Vieille-Capitale. Un peu moins de 40% des répondants proviennent du Canada, alors que 36 % proviennent du continent africain. L’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes, forment 15% des répondants alors que l’Europe et les États-Unis ferment respectivement la marche avec 7% et 3%.
On y apprend notamment que 75% des gens d’affaires disent bien comprendre ce que représente la Francophonie pour leur entreprise. Mais ils sont 45% à avoir une «très bonne» ou une «bonne» connaissance de l’espace francophone.
«Il faut voir la francophonie comme une chose pour laquelle il faut passer à l’offensive. On est trop souvent sur la défensive. Il y a beaucoup d’occasions à saisir et c’est à nous de le faire», dit Yan Plante, président-directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité.
«On doit augmenter les échanges économiques au sein de la francophonie. Cela fera en sorte que nous serons tous gagnants. Pour bien faire ça, il faut bien se préparer», poursuit-il.
Quand Yan Plante parle d’occasions à saisir, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pas moins de 16% de l’économie mondiale passe par la francophonie. Et environ 14% des ressources naturelles et énergétiques s’y trouvent.
Mais surtout, d’ici 2070, le nombre de locuteurs du français passera de 320 millions à près de 800 millions. Et ce «boom» démographique aura lieu principalement sur le continent africain.
«Quand on regarde la vision du Nord et du Sud global, on voit plus d’optimisme quand on vient des pays africains. Et quand on regarde les prévisions économiques de la Banque mondiale, les taux de croissance sont plus forts», dit Émile Émond, économiste principal à Québec International.
Selon l’économiste principal, les gens d’affaires du Québec devraient s’intéresser maintenant aux lois et réglementations des autres pays de la francophonie, notamment ceux du Sud, pour comprendre comment y faire des affaires.
«On a souvent l’impression que c’est loin. Ou qu’aujourd’hui, il n’y a pas d’occasions d’y faire des affaires. Ce qui n’est pas tout à fait le cas, par ailleurs. Quand on se projette, c’est le temps de commencer à avoir une réflexion, à se positionner », explique-t-il.
«Il y a une occasion de ce côté. Et le français est l’une des clés pour accéder à ce marché. Il y aura là-bas une croissance économique alors que nous aurons, ici, atteint notre maturité. Il faudra considérer ces éléments.»
«Il faut avoir une meilleure connaissance du terrain. Faut vraiment connaître les clés des pays où on veut s’établir», ajoute quant à elle Caroline Roy, vice-présidente et associée chez Léger.
L’intelligence artificielle au cœur des priorités
Le sondage publié par Léger et Québec International met également de l’avant la grande hétérogénéité de la Francophonie par rapport aux défis les plus préoccupants dans les cinq prochaines années.
Sans grande surprise, l’intelligence artificielle arrive au premier rang des préoccupations des gens d’affaires dans les cinq prochaines années, dans une proportion de 34%. Suivent de près les changements climatiques (33%), l’inflation (29%), le ralentissement économique (29%), la réglementation gouvernementale (26%) et la cybersécurité (24%).