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La gestion des attentes plus important que l’argent

Charles Poulin|Publié le 02 juin 2022

La gestion des attentes plus important que l’argent

Morgan Housel juge plutôt que la principale composante du succès en investissement, c’est le temps. (Photo 123RF)

Un investisseur qui ne gère pas ses attentes ne pourra jamais être satisfait, peu importe l’argent qu’il accumulera au cours de sa vie, estime l’auteur et conférencier Morgan Housel.

L’investisseur américain, auteur du livre La psychologie de l’argent: Quelques leçons intemporelles sur la richesse, la cupidité et le bonheur, était l’invité de l’organisme CFA Montréal pour discuter de la relation psychologique des gens avec l’argent.

Morgan Housel s’est affairé à déconstruire certains mythes associés à l’investissement et aux marchés boursiers. Le premier d’entre eux est celui que l’argent fait le bonheur, et qu’il faut ainsi donc en accumuler la plus grande fortune possible.

« Vous ne serez jamais heureux avec votre argent si vos attentes ont une croissance plus rapide que votre fortune, soumet-il. Les investisseurs ont tendance à concentrer leurs efforts sur l’accumulation de richesse, mais aucun sur la gestion de leurs attentes. Ils ont ainsi l’impression qu’ils n’ont jamais assez d’argent. »

Il cite en exemple Bernie Madoff, qui était le maître d’œuvre d’une arnaque à la Ponzi qui a généré environ 65 G$. Morgan Housel rappelle que le fraudeur gagnait 30 M$ par année avant de démarrer ses machinations illégales. « Il en voulait tellement plus qu’il n’a pas hésité à s’abaisser à frauder les gens », précise-t-il.

Il mentionne également Stephen Hawkin, qui a passé la majeure partie de sa vie dans un fauteuil roulant après avoir appris, à l’âge de 21 ans, qu’il était atteint d’une maladie incurable et dégénérative. Le physicien affirmait toutefois être heureux, malgré sa condition.

« Ses attentes avaient été réduites à zéro à 21 ans, souligne Morgan Housel. Il disait que tout le reste était un bonus. »

Le temps plus que le timing

Un autre mythe que Morgan Housel veut éliminer est celui du succès associé au timing. L’auteur juge plutôt que la principale composante du succès en investissement, c’est le temps.

Il pointe vers Warren Buffet, dont la fortune est passée de 5000$ US à l’âge de 14 ans à plus de 1 G$ US à 89 ans. Il remarque que 99% de ses avoirs ont été accumulés après son 50e anniversaire, et 98% après son 60e.

« S’il avait pris sa retraite à 60 ans, personne n’aurait jamais entendu parler de lui, laisse tomber Morgan Housel. Mais 99% de son succès vient du fait qu’il a été bon pendant plus de 75 ans. Tout le monde se demande comment il a fait. Le plus puissant levier, c’est le temps. Rien n’est plus important qu’augmenter la durée pendant laquelle vous allez investir. »

Droit à l’erreur

Il estime d’ailleurs que les investisseurs devraient se concentrer sur les résultats à long terme plutôt que chaque trimestre. Il observe que plusieurs indices boursiers ont connu d’excellentes performances si on regarde leurs données historiques dans leur ensemble. Sauf qu’ils ont également tous connu des périodes moins glorieuses.

Une personne qui aurait investi dans l’indice S&P 500 à ses débuts, en 1957, jusqu’en 2017, vous aurait fait 200 fois son argent, explique-t-il. Mais comme il est impossible de prévoir avec précision les périodes plus difficiles, un investisseur peut se retirer et perdre des occasions.

« Vous pouvez vous tromper une fois sur deux et quand même être excellent, soutient Morgan Housel. Être un bon investisseur relève plus de faire moins d’erreurs que de faire des bons coups. »

Gestion du risque

L’auteur a également donné sa définition du risque en investissement. Pour lui, le risque est ce qu’il reste lorsque vous avez pensé à tout.

« Le plus grand risque pour l’économie vient toujours d’une chose dont personne ne parle, avance-t-il. Ce qui fait que nous ne sommes pas préparés, et que les dommages sont plus grands. »

Le plus récent exemple est la COVID-19, mais il cite aussi les événements du 11 septembre 2001 et l’attaque de Pearl Harbor comme des éléments qui ont grandement perturbé l’économie américaine.

« Mieux vaut avoir des attentes plutôt que des prévisions, laisse-t-il tomber. Si vous vous attendez à ce qu’il y ait deux récessions par décennie, vous serez prêt à les affronter. »