La menace d’un arrêt de travail avait placé le président Joe Biden dans une situation politique délicate. (Photo: La Presse Canadienne)
Washington — Les compagnies ferroviaires des États-Unis et les syndicats sont parvenus à un accord de principe, a annoncé jeudi le président Joe Biden, évitant ainsi une grève potentiellement dévastatrice avant les élections de mi-mandat.
Les chemins de fer et les représentants syndicaux étaient en négociation depuis 20 heures au département du Travail pour conclure un accord, car il y avait un risque de grève qui aurait pu fermer les lignes ferroviaires à travers le pays dès vendredi. M. Biden a passé un appel téléphonique important au secrétaire au Travail Marty Walsh à 21h, selon un responsable de la Maison-Blanche qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat.
Une entente de principe sera soumise aux membres pour un vote après une période de réflexion post-ratification de plusieurs semaines.
«Ces cheminots bénéficieront d’un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail et d’une tranquillité d’esprit quant à leurs frais de santé: tout cela durement gagné, souligne M. Biden. L’accord est également une victoire pour les compagnies de chemin de fer qui pourront retenir et recruter plus de travailleurs pour une industrie qui continuera à faire partie de l’épine dorsale de l’économie américaine pour les décennies à venir.»
La menace d’un arrêt de travail avait placé M. Biden dans une situation politique délicate. Le président démocrate pense que les syndicats ont construit la classe moyenne, mais il savait également qu’une grève des cheminots pourrait nuire à l’économie avant les élections de mi-mandat.
Le président s’est envolé pour Detroit, un pilier du mouvement ouvrier, tandis que les membres de son administration ont tout fait pour maintenir les pourparlers à Washington entre les compagnies de chemins de fer et les travailleurs syndiqués.
Ryan Buchalski, membre de la section locale 598 des United Auto Workers (UAW), a présenté mercredi M. Biden au Salon de l’auto de Detroit comme «le président le plus favorable aux syndicats et aux travailleurs de l’histoire américaine» et quelqu’un qui «bottait le cul pour la classe ouvrière». M. Buchalski a rappelé les grèves cruciales des travailleurs de l’automobile dans les années 1930.
Dans le discours qui a suivi, M. Biden a reconnu qu’il ne serait pas à la Maison-Blanche sans le soutien de syndicats tels que l’UAW et la Fraternité internationale des ouvriers en électricité.
Cependant, sans un accord entre les 12 syndicats en pourparlers à Washington, M. Biden savait également qu’une grève aurait pu commencer dès vendredi, ce qui pourrait arrêter les expéditions de nourriture et de carburant pour un coût de 2 milliards de dollars américains par jour.
L’enjeu était bien plus important que les congés de maladie et les augmentations de salaire pour 115 000 cheminots syndiqués. Les ramifications auraient pu s’étendre au contrôle du Congrès et au réseau maritime qui fait tourner les usines, remplit les étagères des magasins et font des États-Unis une puissance économique.
L’attachée de presse de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, s’exprimant à bord d’Air Force One lors de son vol vers Detroit mercredi, a déclaré qu’une grève des cheminots était «un résultat inacceptable pour notre économie et le peuple américain». Les compagnies ferroviaires et leurs représentants des travailleurs «doivent rester à la table, négocier de bonne foi pour résoudre les problèmes en suspens et parvenir à un accord», a-t-elle ajouté.
M. Biden a été confronté au même genre de situation difficile que Theodore Roosevelt en 1902 avec le charbon et Harry Truman en 1952 avec l’acier — comment équilibrer les besoins de la main-d’œuvre et des entreprises en faisant ce qui est le mieux pour la nation. Les chemins de fer étaient si importants pendant la Première Guerre mondiale que Woodrow Wilson a temporairement nationalisé l’industrie pour maintenir la circulation des marchandises et empêcher les grèves.
Au sein de la Maison-Blanche, les responsables ne voient pas de contradiction entre le dévouement de M. Biden aux syndicats et son désir d’éviter une grève. L’activisme syndical a augmenté sous M. Biden, comme en témoigne une augmentation de 56% des pétitions pour la représentation syndicale auprès du National Labor Relations Board.
Josh Boak et Zeke Miller, The Associated Press