En fin d’après-midi, l’action perdait 1,94 $, ou 8,38%, à 21,21 $ à la Bourse de Toronto. (Photo: La Presse Canadienne)
L’action d’Air Canada a piqué du nez vendredi après que le transporteur aérien a affiché des pertes plus importantes qu’anticipées dans la foulée d’une augmentation des coûts d’exploitation.
La société montréalaise a dévoilé une perte ajustée plus importante que celle attendue par les analystes, tandis qu’Air Canada a dû composer avec l’inflation, la rareté de main-d’œuvre et des conditions météorologiques difficiles qui ont perturbé les vols durant la période des Fêtes.
Le transporteur aérien a fait des commentaires optimistes sur la demande et estime être en mesure de retrouver sa capacité d’avant la pandémie en 2024. Cette reprise est toutefois accompagnée d’une pression sur les coûts, notamment en raison de la rareté de la main-d’œuvre.
Air Canada s’attend à ce que les charges d’exploitation par siège-mille offert soient de 13% à 15% plus élevées en 2023 qu’en 2019, avant la pandémie.
Le coût de la main-d’œuvre, celui de la technologie et celui de la nourriture servie dans les avions ont été touchés par l’inflation, a expliqué le chef des finances, Amos Kazzaz, vendredi, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes. Il anticipe que l’inflation se tempèrera en 2024 et 2025. «Nous pensons que la pression devrait s’estomper pour ces trois composantes. Nous voyons le prix des matières premières diminuer et dans certains secteurs la main-d’œuvre est disponible à nouveau.»
Les activités d’Air Canada ont aussi été perturbées par des surprises hivernales durant la période achalandée des Fêtes. Le chef des opérations, Craig Landry, a mentionné que les conditions météorologiques ont été «plus extrêmes» que normalement. «À Vancouver, des glaçons de quatre pieds se sont formés sur les appareils rendant nos actifs inutilisables.»
Les résultats financiers d’Air Canada continuent de subir les contrecoups de la pandémie, comme le démontre la perte de 1,7 milliard $ enregistrée pour l’entièreté de l’exercice 2022. En 2021, la perte était de 3,6 milliards $.
Au quatrième trimestre, la société a enregistré un bénéfice net de 168 millions $, comparativement à une perte de 493 millions $ à la même période un an plus tôt. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 71% à 4,68 milliards $.
La perte ajustée par action, une donnée suivie par les analystes, a toutefois été plus grande qu’anticipée. À 61 cents par action, elle dépasse la prévision moyenne des analystes, établie à 21 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.
L’action a clôturé en baisse de 1,95$, ou 8,42%, à 21,20$ à la Bourse de Toronto.
Optimiste pour 2023
Les perspectives demeurent «solides» pour l’industrie du transport aérien, croit le président et chef de la direction, Michael Rousseau. «Les tendances pour les réservations restent vigoureuses, tant pour les volumes, que pour les prix, particulièrement pour les liaisons internationales.»
La direction prévoit que la capacité opérationnelle exprimée en sièges-milles offerts augmente de 24% en 2023 pour s’établir à 90% du niveau de 2019. Elle croit qu’elle aura retrouvé 100% de la capacité en 2024.
L’analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, constate que la forte demande et les prix plus élevés des billets ont contribué à atténuer l’impact de la pression sur les coûts. «Nous constatons cependant qu’il y a un risque de ralentissement économique en 2023.»
Les prévisions laissent entendre que la direction croit qu’elle bénéficiera d’un contexte favorable pour le prix des billets, juge l’analyste. «Nous pensons que les ventes sont l’élément le plus à risque dans les prévisions.»
M. Rousseau a reconnu que la performance de l’industrie aérienne était fortement liée à la santé de l’économie. Avec les voyageurs qui retrouvent le goût de voyager après les mesures de restrictions sanitaires, le dirigeant «n’est plus certain» que la corrélation se maintiendra durant ce cycle. «Nous profitons de la forte demande pendant qu’elle est là. (…) Le temps nous dira si cette relation reprendra, mais pour le moment, nous ne l’observons pas (de ralentissement lié à l’économie).»