L'autre grand changement engendré par la pandémie de COVID-19 concerne, bien sûr, les habitudes d'achat des consommateurs. Le commerce en ligne a été propulsé du jour au lendemain et sa montée n'est pas près de ralentir. (Photo: 123RF)
CHRONIQUEUR INVITÉ. Non, la pandémie de coronavirus n’a pas fait mourir des entreprises, elle a simplement provoqué une sélection naturelle plus rapide. Elle a permis de faire le ménage du bois mort qui se décomposait déjà. Les entreprises qui étaient sur le respirateur artificiel n’ont tout simplement pas survécu aux bouleversements des derniers mois.
Le rôle de l’entrepreneur est de s’adapter, de voir venir les coups, de trouver des solutions. Or, certains vivent parfois dans le déni. Ils creusent leur tombe sans s’en rendre compte, ou plutôt ferment les yeux devant les difficultés de l’entreprise : «Bah… un dernier emprunt, je vais me refaire.» Mais l’entrepreneuriat n’est pas du gambling et toute perte ne devrait être que temporaire.
Prenons l’exemple des boutiques Le Château. L’entreprise n’a pas fait de profit depuis 10 ans. Elle n’a pas réussi à se renouveler, à adapter son modèle d’affaires aux nouvelles réalités du marché. Quelle entreprise peut subir 10 ans de pertes sans se renouveler ? Une baisse de revenus doit permettre de se relancer. On doit statuer et trouver un moyen d’avancer. Une entreprise existe pour faire des profits. Point.
Bien qu’une deuxième et possiblement troisième vague pointent à l’horizon, les changements majeurs dans l’organisation du travail et les habitudes de consommation se sont produits majoritairement au cours des trois premiers mois du confinement, et ils sont là pour de bon.
L’un de ces grands changements a été sans contredit l’adoption massive du télétravail par une majorité d’employés et de dirigeants. Le phénomène qui prenait déjà de l’ampleur depuis quelques années a complètement explosé, pour devenir finalement la norme dans le monde du travail.
Malgré le nombre d’études faisant état des avantages du travail à la maison, tant pour la performance des employés que pour la rentabilité de l’entreprise, certaines organisations demeuraient réticentes à autoriser leurs employés à travailler de chez eux, pour des raisons plus ou moins valables.
La raison principale est tout simplement la peur du changement. Opérer un changement en entreprise prend une éternité. Les employés ne veulent pas se faire imposer de nouvelles façons de faire et les patrons ont peur de l’opposition des employés. Alors c’est le statu quo. À cause de la pandémie, le changement a été imposé à tout le monde, ne laissant aucune place à l’opposition, aux critiques, aux hésitations. Il fallait s’adapter pour survivre, et vite.
La seconde raison pour laquelle le télétravail n’était pas encore aussi largement implanté est qu’il y a davantage de «boss» que de leaders dans les entreprises, à mon avis. Un vrai leader regarde les résultats et non le nombre d’heures travaillées par l’employé dans une journée. Les patrons doivent apprendre à être des leaders. Mais si le management s’apprend relativement bien, le leadership relève davantage de l’inné et de la culture d’entreprise, et peut prendre plus de temps à se mettre en place. Il reste à souhaiter que des leaders émergent dans les organisations au cours des prochaines années.
L’autre grand changement engendré par la pandémie de COVID-19 concerne, bien sûr, les habitudes d’achat des consommateurs. Le commerce en ligne a été propulsé du jour au lendemain et sa montée n’est pas près de ralentir. Ma propre boutique en ligne a par ailleurs bénéficié de cette vague et je dois avouer que je n’avais jamais géré une croissance aussi fulgurante dans ma carrière. Nous avons travaillé littéralement jour et nuit durant les premiers mois pour arriver à livrer nos produits à temps à nos clients.
Mais tout ça, on était «dus» pour le vivre. Le télétravail, les achats en ligne étaient déjà destinés à devenir la norme. Les entreprises qui étaient à l’agonie ont poussé leur dernier souffle. La pandémie a mis tout le monde au pied du mur, nous forçant à nous adapter très très rapidement. Et c’est pour le mieux.
Toute habitude, bonne ou mauvaise, devient permanente après trois mois. Plus de cinq mois plus tard, nous avons adopté des changements majeurs dans nos vies qui sont là pour de bon. Ce qu’on vit présentement sera la nouvelle réalité, une réalité qu’on attendait.