La Saskatchewan et Ottawa en froid relativement à la COP28
La Presse Canadienne|Publié le 20 novembre 2023Jim Reiter, le ministre provincial de l’Énergie, a déclaré la semaine dernière que le gouvernement fédéral avait accepté une proposition de la Saskatchewan visant à organiser une réception au pavillon d’Ottawa. (Photo: La Presse Canadienne)
La Saskatchewan se dispute à nouveau avec Ottawa – cette fois à propos d’un espace événementiel lors de la conférence sur le climat à Dubaï.
La province affirme que parce qu’Ottawa a rejeté la plupart de ses propositions, elle a décidé de se retirer du pavillon du gouvernement libéral fédéral à la conférence COP28, prévue plus tard ce mois−ci.
La province a décidé alors d’acheter son propre pavillon pour 765 000 dollars.
Jim Reiter, le ministre provincial de l’Énergie, a déclaré la semaine dernière que le gouvernement fédéral avait accepté une proposition de la Saskatchewan visant à organiser une réception au pavillon d’Ottawa.
Cependant, il a dit qu’Ottawa avait offert à la province 45 minutes pour la réception. Le gouvernement aurait également rejeté les neuf autres propositions de la province, qui, selon lui, comprenaient des panels menés par des dirigeants de l’industrie.
Le ministre Reiter a indiqué que 40 entreprises et organisations de la Saskatchewan accompagnaient le premier ministre Scott Moe et quatre autres membres du gouvernement lors du voyage.
Il a affirmé que la Saskatchewan souhaitait mettre en valeur les efforts des entreprises en matière de développement durable.
«Nous voulons leur donner l’occasion de raconter leur histoire. Cela (45 minutes) n’aurait évidemment pas été suffisant, c’est pourquoi une direction différente a été choisie», a-t-il soutenu.
Les entreprises et organisations prennent en charge leurs frais de déplacement, a-t-il ajouté.
Des tensions de longue date
La Saskatchewan est depuis longtemps en désaccord avec le gouvernement fédéral sur les politiques environnementales, notamment la tarification du carbone, les objectifs de carboneutralité, les plafonds d’émissions et les évaluations des projets énergétiques.
Kaitlin Power, porte−parole du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré dans un courriel la semaine dernière qu’Ottawa avait choisi d’autoriser un événement par province et territoire, car le temps et la disponibilité sont limités.
«Le gouvernement de la Saskatchewan s’était inscrit à un événement en pavillon et figurait sur la liste jusqu’à probablement la mi−octobre, bien que nous (tentions de) confirmer la date exacte à laquelle il s’est retiré», a souligné Mme Power.
Jay Teneycke, porte−parole du ministère du Commerce de la Saskatchewan, a déclaré dans un courriel que la province avait signé un contrat pour son propre pavillon le 16 octobre.
«Le gouvernement de la Saskatchewan sait que le gouvernement fédéral ne partagera pas notre histoire», a-t-elle souligné.
«En tant qu’économie axée sur l’exportation, il est essentiel que nous explorions de nouveaux marchés et de nouveaux partenariats qui pourraient créer davantage d’emplois et de possibilités pour les résidants de la Saskatchewan.»
Participation d’autres provinces
Le pavillon d’Ottawa comprend des présentations sur les finances, le commerce, la santé, le leadership autochtone, l’urbanisation, l’énergie, l’industrie et le plan du Canada pour que la main−d’œuvre réponde aux changements climatiques.
Les présentations mettent en vedette des représentants des gouvernements de l’Alberta et de la Colombie−Britannique, ainsi que d’autres provenant d’agences fédérales et d’organisations non gouvernementales.
Le programme du pavillon fédéral indique que la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, participera à une discussion sur les projets de l’Alberta visant à réduire les émissions grâce à la technologie.
La ministre de l’Environnement de l’Alberta, Rebecca Schulz, accompagnera Mme Smith lors du voyage. Le bureau de la première ministre Smith n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires sur l’apparence de son pavillon.
Du côté du Québec, le premier ministre François Legault a indiqué qu’il ne prendrait pas part à l’événement. Ce seront plutôt le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et son collègue à l’Environnement, Benoit Charette, qui composeront la délégation du Québec.
M. Legault a pris part à une seule COP, celle de Glasgow, au Royaume−Uni, en 2021.
Une dépense onéreuse pour le pavillon
Le pavillon du gouvernement fédéral sera situé dans ce qu’on appelle la zone bleue, une zone distincte pour les délégués accrédités. La zone accueille également des négociations formelles.
Le pavillon de la Saskatchewan sera situé dans la zone verte, un espace destiné au grand public proposant des conférences, des expositions interactives, des installations artistiques et des projections de films.
Les deux zones se trouvent dans le même bâtiment, mais des laissez−passer spéciaux sont nécessaires pour la zone bleue.
M. Reiter ignorait si la province avait tenté d’acheter un pavillon dans la zone bleue.
La semaine dernière, le premier ministre Moe a déclaré aux journalistes que le pavillon de la Saskatchewan comporterait un petit espace pour s’asseoir, un espace de réunion et une scène.
«Plutôt que d’avoir une ou deux opportunités de présentation pour le premier ministre ou un politicien (nous aurions) une salle plus grande où nous pourrions réellement offrir ce type d’occasion de présentation aux industries», a-t-il expliqué.
M. Moe a déclaré qu’il avait également demandé à participer au pavillon du gouvernement fédéral.
«Nous constatons que ce que fait la Saskatchewan ne contraste certainement pas et ne nuit d’aucune façon à ce que le Canada fait à la COP28», a-t-il déclaré.
Le coût du pavillon de la province, qui n’inclut pas les déplacements, semble être la dépense de voyage la plus importante jamais engagée par le gouvernement du Parti saskatchewanais.
Le Nouveau Parti démocratique de l’opposition de la Saskatchewan a critiqué ces dépenses, se demandant si la province a besoin d’un pavillon alors que d’autres provinces, comme l’Alberta, n’en ont pas acheté.
Ottawa n’a pas finalisé les coûts de son voyage.
Jeremy Simes, La Presse Canadienne