La hausse de loyer pour les logements entre 2016 et 2021 a été de 20% lorsque le locataire est demeuré au même endroit, mais de 29% s’il a déménagé au cours de cette période. (Photo: 123RF)
L’abordabilité des propriétés et des logements posait déjà problème en 2016 et s’est accentuée depuis à cause du manque chronique d’offre.
C’est ce que révèle le rapport « Signes vitaux du Grand Montréal, réalisé par l’Institut du Québec, la Fondation du Grand Montréal et Centraide du Grand Montréal. L’étude dévoile avec précision les données du recensement de 2016 concernant le taux d’effort des ménages du Grand Montréal, soit la part du revenu disponible consacré à se loger.
Ces chiffres révèlent que 24% des ménages de l’île de Montréal devaient consacrer 30% ou plus de leur revenu au logement, dont 10% devaient y dédier plus de 50%. À Laval, ces proportions étaient de 17% et 5%, tandis qu’elles étaient de 13% et 4% sur la Rive-Sud. Le groupe n’a pas étudié les données pour la Rive-Nord, parce que ce secteur n’est pas couvert par Centraide du Grand Montréal.
Les personnes à faibles revenus, les immigrants, les minorités visibles, les familles monoparentales et les personnes vivant seules (notamment les personnes âgées) sont plus touchés par cette situation. Le taux d’effort général augmente plus on se rapproche des quartiers centraux, note également Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec.
« Ce sont 36% des logements du Grand Montréal qui sont inabordables, soutient-elle. Une des principales causes est que l’offre de logements est limitée, et la conjoncture économique, à court terme, ne montre pas de signes d’amélioration. »
Cet enjeu de disponibilité des logements est encore plus aigu à l’extérieur de l’île de Montréal, souligne-t-elle. Elle regarde entre autres du côté de municipalités comme Mascouche et Carignan, où le taux d’inoccupation frôle le 0%.
Effort accru
Le taux d’effort s’est accru pour une partie de la population depuis 2016, estime-t-elle, notamment en raison du contexte macroéconomique en place depuis le début de la pandémie. Les prix des propriétés ont grimpé rapidement, puis les taux d’intérêt ont augmenté dès le début de 2022.
« Ça s’est déjà répercuté sur l’abordabilité, indique Emna Braham. Par contre, il nous faudra attendre le début de 2023 pour dire avec certitude quel impact cela aura eu sur le taux d’effort. C’est à ce moment que les données du recensement de 2021 sur le revenu seront disponibles. »
Déménagement
Les gens qui ont dû déménager au cours des dernières années ont quant à eux dû augmenter le prix à payer pour se loger.
Les chiffres dévoilés dans le rapport démontrent que la hausse de loyer pour les logements entre 2016 et 2021 a été de 20% lorsque le locataire est demeuré au même endroit, mais de 29% s’il a déménagé au cours de cette période. La différence est encore plus grande pour les logements plus grands.
« Les loyers de deux chambres, qui sont nécessaires aux familles, ont augmenté de 39%, remarque Emna Braham. Et la hausse était plus importante en périphérie de Montréal. »
L’écart entre les logements occupés et inoccupés était de 9,6% à Montréal, mais de 15,8% sur la Rive-Sud et de 27,4% à Laval.
Les hausses de loyers les plus marquées, tous logements confondus, ont été observées dans l’arrondissement Saint-Hubert (+69%) à Longueuil, dans la municipalité de Sainte-Catherine (+58%) et dans l’arrondissement LaSalle (42%) à Montréal.