« L’industrie a désespérément besoin de liquidités et c’est un très bon moyen d’en obtenir », a expliqué M. Hinds.
Les changements que le gouvernement fédéral s’apprête à apporter à son programme d’aide aux médias d’information canadiens pourraient bien permettre à un plus grand nombre de se qualifier, selon une association qui représente les membres de l’industrie.
Les libéraux ont dévoilé pour la première fois dans leur budget de 2019 une enveloppe de 595 millions $ sur cinq ans pour les médias d’information. Ils promettaient, entre autres, des crédits d’impôt remboursables pour couvrir le quart des salaires des journalistes des médias admissibles.
Certaines des règles prévoyaient toutefois que si un petit journal d’une grande chaîne, par exemple, profitait d’un autre programme d’aide aux éditeurs, toute l’entreprise était exclue de la nouvelle aide annoncée en 2019.
John Hinds, chef de la direction de Médias d’info Canada, croit que les modifications législatives dévoilées par les libéraux devraient permettre, en abandonnant cette disposition, d’englober bientôt un plus large éventail d’organes de presse.
Un autre changement permettrait de supprimer l’exigence selon laquelle un média devrait se consacrer « principalement » à la production de nouvelles pour être admissible au crédit d’impôt sur les salaires des journalistes. Ces changements permettraient dorénavant aux employés des salles de nouvelles de consacrer un quart de leur temps à la promotion de biens et services — publireportages, cahiers spéciaux.
De l’aide plus rapidement ?
Selon M. Hinds, les changements évoqués peuvent également indiquer que les libéraux ont l’intention d’accélérer le versement de l’aide à cette industrie qui a vu la demande de nouvelles augmenter en cette ère de pandémie, alors que les revenus publicitaires dégringolent.
« L’industrie a désespérément besoin de liquidités et c’est un très bon moyen d’en obtenir », a expliqué M. Hinds en entrevue. « L’industrie ne peut se permettre d’attendre pendant des mois et des mois le traitement des dossiers, alors nous espérons que le gouvernement va effectivement accélérer le processus. »
Les commerces et entreprises forcés de fermer temporairement pour freiner la propagation de la pandémie ont réduit leurs dépenses, accélérant ainsi la baisse des revenus publicitaires dans les journaux. Les médias qui avaient diversifié certaines de leurs sources de revenus — en organisant des événements, des conférences ou des formations — ont également connu des baisses, a déclaré M. Hinds. « Jamais les gens n’ont voulu lire davantage nos produits, et pourtant nous avons un énorme déficit de revenus. »
Il en a résulté des licenciements et des réductions de salaire afin de consolider les flux de trésorerie et continuer à payer les factures.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec rappelait au début du mois que « plusieurs entreprises de presse ont déjà dû mettre à pied une partie de leur personnel, certaines n’ont eu d’autre choix que de demander des baisses de salaire à leurs employés, la plupart vivent des heures sombres, au moment où elles sont reconnues, et ce à juste titre, comme des services essentiels ».
Ailleurs dans le monde
En Grande-Bretagne, le ministre de la Culture, Oliver Dowden, a appelé les citoyens à s’abonner à des journaux pour soutenir ce qu’il a appelé « le quatrième service d’urgence du pays ». Il a également demandé aux annonceurs restants de ne pas empêcher leurs publicités d’apparaître à côté d’articles sur la COVID-19.
En Australie, le gouvernement a décidé lundi d’obliger des sociétés numériques telles que Facebook et Google à partager leurs revenus publicitaires avec les producteurs de contenu australien, en utilisant la loi sur la concurrence.
Au Canada, les libéraux ont également proposé un crédit d’impôt pour les abonnements aux médias d’information. Mais ils envisagent maintenant de permettre à l’Agence du revenu du Canada de publier les détails des abonnements admissibles et d’obliger les médias à informer leurs lecteurs s’ils devaient cesser d’avoir droit au crédit d’impôt.
Ce ne sont pas seulement les publications imprimées et en ligne qui pourraient bientôt avoir accès à l’aide fédérale. Les libéraux proposent de modifier les règles afin que seuls les radiodiffuseurs avec une licence d’« entreprises de radiodiffusion » soient exclus du programme de crédits d’impôt. Cela permettrait probablement à certains petits radiodiffuseurs et télédiffuseurs communautaires d’obtenir de l’aide.
Les partenariats de journalisme avec différentes organisations pourraient également être admissibles en vertu des changements proposés qui, s’ils étaient approuvés, seraient rétroactifs à 2019.