Devant un parterre de gens d’affaires qui ont répondu à l’invitation, mardi, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Justin Trudeau a prédit que «2024 sera une année difficile, comme 2023 l’a été.» (Photo: La Presse Canadienne)
Le premier ministre Justin Trudeau entrevoit une année 2024 difficile pour le Canada en raison du contexte économique actuel et de la géopolitique mondiale, notamment avec l’élection présidentielle américaine de novembre. L’année risque d’être aussi très difficile aussi pour les propriétaires de PME, qui n’auront pas droit à un report du prêt d’urgence octroyé pendant la pandémie.
Devant un parterre de gens d’affaires qui ont répondu à l’invitation, mardi, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Justin Trudeau a prédit que «2024 sera une année difficile, comme 2023 l’a été.»
Le retour possible de Donald Trump à la Maison-Blanche n’est d’ailleurs pas étranger à ces difficultés qu’entrevoit le premier ministre canadien, rappelant que «c’est toujours un grand défi de travailler avec n’importe lequel des présidents américains». Au lendemain de la victoire de Trump à l’investiture républicaine de l’État de l’Iowa, Justin Trudeau se souvient que «ça n’a pas été facile la première fois. Et s’il y a une deuxième fois, ça ne sera pas facile non plus.»
En poste depuis 2015, Justin Trudeau s’est permis d’ajouter que les Américains devront choisir entre rester «un État optimiste et engagé dans l’avenir, ou choisir un recul, une nostalgie pour un moment qui n’a jamais existé, un populisme qui reflète beaucoup d’angoisse et de furie que vivent les gens, sans offrir de solution.»
Il en a profité au passage pour écorcher son adversaire conservateur Pierre Poilievre en vue des élections de 2025, mais qui pourraient aussi avoir lieu en 2024.
«C’est une conversation que nous allons [aussi] avoir. En tant que gens d’affaires, réfléchissez à ce qui compte pour vous. Des investissements, des perspectives optimistes vers l’avenir ou une peur et une colère qui emportent. Je sais qu’ici on a compris. […] C’est important de chercher à construire un avenir meilleur, ancré dans les faits et les données. Pas dans les conspirations et la colère.»
Avec un commerce international qui se complique de plus en plus en raison des guerres au Proche-Orient et en Ukraine, le Canada se retrouve dans une situation compliquée en raison de la petite taille de son marché intérieur et des alliances qui se forment entre les puissances actuelles et celles du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), que Justin Trudeau accuse de «contester et de questionner l’ordre international en place depuis dix ans.»
Il est également revenu sur la relation pour le moins compliquée avec l’Inde, surtout depuis l’assassinat d’un militant sikh en Colombie-Britannique, qui a contribué à la suspension des négociations d’un accord de libre-échange avec la sixième économie mondiale. Justin Trudeau a néanmoins dit souhaiter que la plus grande démocratie dans le monde choisisse de s’aligner vers les autres démocraties plutôt que vers la Russie et la Chine.
Pas de répit pour les PME
Mauvaise nouvelle pour les petites et moyennes entreprises qui sont toujours incapables de rembourser les prêts d’urgence octroyés par Ottawa pendant la pandémie de COVID-19. Reportée deux fois, la date du 18 janvier demeure inchangée.
«Nous avons été là avec les prêts pour les entreprises. Mais nous sommes rendus, trois, quatre ans plus tard, il y a d’autres défis. On a prolongé ces aides déjà deux fois. Un moment donné, il est temps d’aller de l’avant», a lancé Justin Trudeau aux gens d’affaires.
Ainsi, une entreprise qui, par exemple, a contracté un prêt de 60 000$, devra payer 40 000$ pour recevoir les 20 000$ restants sous forme de subvention. Bien que Justin Trudeau affirme que la majorité d’entre elles ont déjà retourné les sommes reçues, les données montrent une réalité bien différente.
Au Québec, sur les 183 923 entreprises qui ont bénéficié de cette aide d’urgence, 160 000 n’ont toujours pas remboursé les sommes. À cet effet, la Fédération des chambres de commerce du Québec «urgeait» Ottawa la semaine dernière, d’offrir un report d’un an. Son appel n’a visiblement pas été écouté.
Maintien de sa position sur l’immigration
Devant les nombreuses critiques venant des milieux économiques du pays envers ses politiques d’immigration, Ottawa n’a pas l’intention de réduire sa cible de 500 000 nouveaux arrivants par année.
«Ça, c’est le chiffre dont on a besoin pour continuer à créer de la croissance économique et des occasions pour combler la pénurie de main-d’œuvre. Ce n’est pas ce chiffre-là qui crée les défis que nous vivons», a dit Justin Trudeau.
Encore cette semaine, la Banque Nationale avançait que «la croissance faramineuse de la population diminue la capacité d’absorber de nouveaux arrivants. Cela augmente la pression sur le marché immobilier, alors que les mises en chantier ne suivent pas la demande provenant des nouveaux arrivants.» Des propos qui sont également soutenus en substance par les économistes de la Banque Scotia et la CIBC.