Le gouvernement caquiste de François Legault annonçait en grandes pompes l'ouverture de l'usine Northvolt à Bécancour en septembre 2023. (Photo: La Presse Canadienne)
FILIÈRE BATTERIE. En plein milieu de la salle du conseil municipal de Bécancour, on retrouve une table pliante entourée de chaises pour que les employés municipaux puissent y prendre leur repas. Une extension de la cafétéria de l’hôtel de ville, devenue trop petite. Parce que depuis l’annonce de l’arrivée des géants de la batterie, la municipalité est devenue le cœur du plus grand projet de développement économique et industriel de la province depuis Hydro-Québec, et a donc dû augmenter ses effectifs de 30%.
«Ça va vite, ça va extrêmement vite», dit la mairesse, Lucie Allard. Quand elle s’est présentée à la mairie de Bécancour en 2021, elle ne se doutait pas de ce qui l’attendait. Sa ville connaissait déjà une forte croissance, mais «la filière batterie, c’était pas du tout connu. Lorsque nous sommes arrivés, on commençait à peine à en parler», dit-elle au cours d’un entretien avec Les Affaires à son bureau.
La production des nouvelles usines de General Motors (GM), Nemaska Lithium, Air Liquide, Nouveau Monde Graphite (NMG) et autres doit commencer en 2026. Ford, qui y construit aussi une usine, a arrêté son chantier la semaine dernière. Mais Bécancour doit dès maintenant se placer en avant de la parade si elle veut réussir à attirer, comme elle le souhaite, plus de la moitié des 4000 travailleurs que la filière batterie pourrait attirer dans la région.
Des milliers de logements doivent sortir de terre — plus de 5000 —, une école secondaire, une école primaire, plus l’agrandissement de trois autres déjà présentes sur son territoire, avance la mairesse. Sans compter la construction d’un nouveau CPE, la mise à niveau des infrastructures municipales existantes et la construction de nouvelles routes. Un véritable casse-tête à assembler avec les ministères de la Famille, de l’Éducation, des Affaires municipales et des Transports.
«On a le tableau de bord bien allumé sur tous les défis à suivre de très près. Il faut tout faire pour que l’avion puisse atterrir le mieux possible», dit Lucie Allard.
Tout faire, tout en n’ayant pas le contrôle sur quelles entreprises, ni combien, viendront s’installer dans sa cour arrière, gérée par la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB), une société d’État, la seule du genre au Québec, créée en 1968.
C’est à la porte de l’hôtel de ville que viennent toutefois cogner les géants de l’industrie de la batterie pour obtenir des permis, ainsi que les citoyens, peu importe leurs besoins ou leurs inquiétudes par rapport à ces chantiers qui bouleversent déjà leur tissu économique et social. «Ce n’est pas Investissement Québec qui reçoit les appels. Ni le ministre», dit la mairesse en riant.
Le ministre, c’est Pierre Fitzgibbon, responsable de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. La filière batterie se trouve directement à la jonction des obsessions du ministre et de son patron, François Legault. Le manque «d’investissements en entreprises au Québec dans nos infrastructures» pour le premier, et l’écart de richesse avec l’Ontario pour le second. Il ne faut donc pas se tromper, c’est d’abord et avant tout un «projet économique», affirme le ministre en entrevue avec Les Affaires.
Si la mairesse de Bécancour ne savait pas ce qui l’attendait en 2021, Pierre Fitzgibbon, lui, prépare la filière batterie depuis 2019. Après avoir lancé l’idée des zones d’innovation, il a trouvé sa stratégie dans la batterie pour que les ressources naturelles d’ici, plus spécifiquement les matériaux critiques et stratégiques (MCS), cessent d’être simplement envoyées à l’étranger sans subir de transformation ici.
Malgré la volonté du ministre, filière batterie ou pas, le Québec est toutefois encore loin d’avoir une influence sur l’ensemble de ses ressources, selon une enquête de Les Affaires. La province exerce une «certaine influence» ou une «influence importante» sur seulement deux mines actives et neuf projets miniers dans les MCS. Sur un total de 33. C’est le tiers. (Lire notre dossier «Pas vraiment maîtres chez nous»)
N’en demeure pas moins que Pierre Fitzgibbon est profondément convaincu que cette stratégie est la bonne. Assez pour engager financièrement et socialement le Québec dans plusieurs projets majeurs, dont ceux de Northvolt, en Montérégie, de GM et de Ford à Bécancour, Volta à Granby et plusieurs autres.
Seulement pour les trois premiers projets, le gouvernement a octroyé des centaines de millions de dollars (M$) en subventions directes, présentées aujourd’hui comme des «prêts pardonnables»: 436M$ à Northvolt, 193M$ à Ford, 134M$ à GM, 26M$ à Volta Énergie (à Granby). En plus d’une participation de 50% dans Nemaska Lithium. S’ajoute à cela l’octroi de précieux et rares blocs d’énergie hydroélectrique, un avantage concurrentiel majeur pour ces entreprises qui veulent laver plus vert que vert.
Avec les autres entreprises de la filière batterie, dont les québécoises Lion Électrique, Lithion Technologies et Taïga, le gouvernement a distribué pas moins de 1 milliard de dollars (G$) en subventions. Si l’on ajoute la portion des prêts remboursables et ses prises de participation dans le capital (dont 567M$ dans Northvolt, 5% de l’entreprise), l’aide totale de Québec atteint près de 2,5G$.
Dans le cas de Northvolt, avec la volonté de s’arrimer à l’Inflation Reduction Act des États-Unis, Québec allongera 1,5G$ supplémentaire d’aide à la production d’ici 2032, à condition que, justement, l’entreprise suédoise lance sa production et puisse commencer ses livraisons à temps.
«Je donne des subventions de 1 milliard de dollars sur un total de 16G$ en projets. Ça représente 6%. Pour moi, c’est le prix qu’il fallait payer», affirme le ministre.
Ce dernier y croit aussi suffisamment pour s’être permis la boutade suivante au chancelier allemand Olaf Scholz lors de sa visite au Canada à l’automne 2022.
«Il [Olaf Scholz] était venu me voir. Nous étions en campagne électorale. Il m’a dit: “On veut que vous nous exportiez de l’hydrogène. J’ai répondu sur le champ: “Non, ça n’arrivera pas. Mais on va vous exporter vos Mercedes vertes par contre.” Il m’a regardé, il ne me trouvait pas comique. Mais je pense que j’avais raison, dans le sens qu’il fallait avoir la vision de vouloir créer de la valeur à travers cette chaîne-là», raconte Pierre Fitzgibbon.
Les PME préoccupées
Quand il regarde les sommes investies par Québec dans les entreprises étrangères de la filière batterie, alors que les PME de la province doivent composer avec des pénuries de main-d’œuvre, de logements, d’espaces industriels et de ressources énergétiques, le vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent, voit plus rouge que vert. Surtout que 90% des quelque 600 entreprises sondées par l’organisation à la fin de 2023 soutiennent ne pas obtenir leur juste part d’aide gouvernementale.
«Ça ne rejoint pas l’appui des petites et moyennes entreprises du Québec», tranche François Vincent, rappelant que «les taxes sur la masse salariale au Québec sont 30% plus élevées que la moyenne canadienne». «Et nous sommes la province qui ne donne pas accès au taux réduit aux plus petites entreprises dans les secteurs de la construction et des services», ajoute-t-il. Sans compter que les PME «vivent aujourd’hui les augmentations de tarifs d’électricité les plus élevées des 25 dernières années… pour une deuxième année consécutive. Il y a quelque chose qui ne marche pas.»
«Peut-être qu’elles se disent [les PME] que nous sommes en train de servir un repas cinq services à des voisins avec la boîte à lunch de nos enfants», dit François Vincent.
Selon des données compilées par la FCEI, seulement 17 % des entreprises appuient les subventions offertes aux géants de la batterie. Alors qu’à Bécancour et en Montérégie, ces derniers créeront jusqu’à 7000 emplois bien rémunérés, 40% des PME disaient déjà à la fin 2023 craindre de fermer leurs portes d’ici quatre années, faute d’employés.
Dans le Centre-du-
Québec et dans la Mauricie, le taux de chômage, en mars 2024, était respectivement de 3,3% et de 5,4%. En Montérégie, il était de 4,3%.
«On essaie de faire du mieux qu’on peut là-dedans, mais il va y avoir un enjeu», concède Pierre Fitzgibbon, notamment par rapport aux salaires qui seront offerts par ces multinationales.
«On ne peut pas blâmer les gens d’améliorer leur sort, mais en même temps, on va permettre aux PME qui le peuvent d’investir dans la productivité, et donc possiblement de donner des salaires plus élevés», poursuit-il, en citant notamment le programme Productivité innovation, dans lequel «il y a présentement plus d’argent disponible que les gens en prennent».
«Retour en arrière»
Les données de la FCEI ne surprennent pas Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Spécialisé en développement économique régional, il n’est pas non plus surpris de constater que 78% des PME de Trois-Rivières s’opposent aux aides gouvernementales accordées aux multinationales pour construire leurs usines de l’autre côté du fleuve, à Bécancour.
Quand il analyse ces aides, il n’en revient pas. Opposant connu de la filière batterie, il n’hésite pas à parler d’un retour en arrière pour les régions du Centre-du-Québec et de la Mauricie, mais aussi pour toute la province.
«Pour nous, ici, avoir ces grandes usines-là, ça nous ramène en arrière dans notre développement. On nous a dit de nous diversifier économiquement. Et là, on nous ramène avec beaucoup de ressources concentrées dans un seul produit. On revient à cette vieille mentalité mono-industrielle. Nous ne sommes plus là du tout dans la région. […] L’effort de diversification que nous avons réussi depuis cinq à six ans, ce sont les PME qui l’ont porté. Elles ont encore un gros potentiel de développement», insiste-t-il.
Les investissements actuels renvoient, selon lui, à l’époque de l’aluminium, où le Québec était en compétition avec des pays plus pauvres pour attirer des usines.
«Nous sommes sur un modèle complètement archaïque. Comme si nous avions encore des retards de développement. Oui, il y a un retard sur l’Ontario, mais ce retard est très complexe à comprendre. Des usines de batteries ne vont rien y faire», selon Frédéric Laurin.
Il ne croit pas que le projet du gouvernement Legault fera augmenter la productivité des PME rapidement. «C’est comme si nous masquions la réalité en faisant monter la moyenne artificiellement», illustre-t-il.
Bâtir une filière batterie sur la base d’entreprises étrangères et espérer qu’un écosystème de PME s’y construira avec le temps «est un vœu pieux et ça ne se fait pas», selon le professeur de l’UQTR. «S’il n’y a pas d’ancrage territorial, le moindrement que le marché change, ces entreprises-là vont partir. C’est aussi simple que ça.»
La réalité serait différente selon lui «si le taux de chômage était à 10%, que nous avions encore des surplus énergétiques et que nous avions de gros retards technologiques. Je dirais que c’est peut-être un bon projet. Mais aujourd’hui, pourquoi étions-nous obligés de participer à cette concurrence internationale?» demande-t-il.
Concurrence nationale et internationale…
Si la batterie est au cœur de la stratégie du Québec dans sa quête pour combler son retard sur l’Ontario, cette dernière n’entend pas laisser la province jouer dans sa cour industrielle traditionnelle: la construction de voitures. Une semaine après l’entrevue de Les Affaires avec le ministre Fitzgibbon, Honda a officialisé sa venue en Ontario avec un projet de 15G$ pour des usines de cathodes (pôle positif d’une batterie, 40 % du coût de celle-ci), de cellules et de construction de voitures électriques, soit presque autant que tous les projets de la filière batterie au Québec. La province espérait attirer la partie «cathode» du projet.
Le gouvernement a timidement répondu qu’il pouvait se passer de Honda, et que le constructeur japonais était trop gourmand dans ses demandes. En commission parlementaire sur l’étude des crédits, le 23 avril, le ministre Fitzgibbon disait d’ailleurs que son gouvernement allait probablement réduire la cadence en ce qui a trait aux subventions.
L’énergie verte du Québec, un énorme terrain à Bécancour, des aides financières que l’on peut deviner importantes et l’hypothétique cession d’une partie de la participation du gouvernement dans Nemaska Lithium n’auront donc pas pesé assez lourd dans la balance. Si on ajoute les projets déjà annoncés de Volkswagen et de Stellantis dans la province de Doug Ford, la valeur totale de ceux-ci en lien avec l’industrie de la batterie pour véhicules électriques dépasse les 40G$. Au sud de la frontière, gracieuseté du généreux Inflation Reduction Act, la valeur des projets frôle aujourd’hui les 100G$.
Les précieux mégawatts
La course aux usines de batteries s’accompagne aussi d’une course aux précieux et rares mégawatts (MW) qui sont encore disponibles au Québec. Depuis le début de 2023, à la suite de l’adoption du projet de loi no 2 (Loi visant notamment à plafonner le taux d’indexation des prix des tarifs domestiques de distribution d’Hydro-Québec et à accroître l’encadrement de l’obligation de distribuer de l’électricité), tous les projets industriels nécessitant plus de 5 MW doivent être approuvés par le ministre Fitzgibbon. Hydro-Québec confirme ensuite sa sélection en fonction de la possibilité, ou non, d’alimenter le projet. Avant cette loi, Hydro-Québec devait obligatoirement connecter les projets de moins de 50 MW.
En novembre dernier, un premier bloc de 956 MW a été accordé. Pas moins de 67% (641 MW) de cette électricité a été accordée à des entreprises de la filière batterie, dont 37% à Northvolt. Au moment où ces lignes étaient écrites, les entreprises choisies pour un deuxième bloc, entre 500 et 700 MW, n’avaient pas encore été annoncées.
Des chiffres que Pierre Fitzgibbon met en perspective. «La production hydroélectrique, avec Churchill Falls, c’est 45000 MW. Donc, la filière batterie que moi j’ai allouée depuis que je suis en poste, c’est 641 MW sur 45641 MW. Maintenant, la problématique, elle est ailleurs. Aujourd’hui, j’ai 13500 MW de demande industrielle, 141 projets que je trouve intéressants. Aujourd’hui, il n’y a pas de mégawatts, techniquement. On va manquer d’énergie au Québec, à un moment donné», concède-t-il.
Noël Fagoaga, chercheur à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), se demande comment la filière batterie est venue s’inscrire dans «un cadre énergétique dans lequel nous sommes passés d’une ère de surplus quand la CAQ est arrivée au pouvoir et que maintenant, on cherche de l’énergie partout sur le territoire».
Alors que le ministre Fitzgibbon s’apprête à déposer un important projet de loi ce printemps, notamment pour «donner plus de flexibilité à Hydro-Québec», Noël Fagoaga craint que les besoins gigantesques de la filière batterie ne servent d’arguments pour amorcer une forme de privatisation de la société d’État — une privatisation classique impliquerait de vendre des actifs ou des activités, comme le transport d’électricité, au secteur privé.
À Bécancour, ajoute-t-il, «c’est mal identifié où on va prendre l’énergie. Je pense que la table est mise pour que l’on développe le nucléaire. Il va falloir produire de la puissance pour les entreprises qui vont s’installer».
Pierre Fitzgibbon ne ferme pas la porte à relancer la centrale nucléaire Gentilly-2 pour alimenter Bécancour. Assurément, dit-il, la discussion va s’insérer dans son projet de loi.
Ironiquement, c’est celui qui a reçu le mandat de fermer Gentilly-2 en 2012, qui est maintenant directeur général de la SPIPB. «Cette job-là, je la voulais. On n’est pas venu me chercher. Je la voulais parce que j’y croyais», affirme Donald Olivier, qui a notamment le mandat de s’assurer que toutes les infrastructures sont prêtes à accueillir de nouvelles entreprises.
Sur le mur de son bureau, une carte de tous les terrains du parc industriel sous différentes couleurs. Une pour les terrains sur lesquels se trouvent déjà des entreprises, une autre pour ceux où se construisent les gigantesques usines de cathodes de GM et de Ford, celle de Nemaska Lithium, ainsi que de NMG. Et d’autres sur lesquels des entreprises étrangères ont exercé des options ou sont en voie de finaliser l’achat.
«Avoir un créneau, ça donne une direction. Le téléphone sonne beaucoup. Les investisseurs viennent. [La filière batterie], c’est un projet noble. Ce qui rallie les gens, c’est que c’est bon pour nous et bon pour les générations qui vont suivre», affirme-t-il.
Natif de la région, Donald Olivier dit que l’arrivée de la filière batterie marque la fin d’une époque «où l’annonce de projets à venir à Bécancour, ce n’était que des articles de journaux. Maintenant, nous sommes prêts».
La mairesse, Lucie Allard, abonde dans le même sens. «Dans les dernières années, il y a eu plusieurs annonces qui ne se sont pas concrétisées. Il faut connaître l’histoire de Bécancour pour mieux comprendre pourquoi, cette filière batterie, bien qu’il y ait des points majeurs à considérer, est actuellement bien accueillie», explique-t-elle.
La surprise de Northvolt
En Montérégie, l’accueil de la jeune multinationale Northvolt a été plus compliqué. De toutes les entreprises étrangères qui s’installent au Québec, aucune ne suscite d’intérêt et ne divise autant. L’entreprise, qui n’a pas encore soufflé ses dix chandelles, a commencé les travaux de préparation où elle s’installera, le long de la rivière Richelieu, sur un terrain à cheval entre Saint-Basile-le-Grand et McMasterville. Total de l’investissement: 7G$. Le plus important projet privé de l’histoire du Québec.
Que la première phase de son usine ne soit pas soumise à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a créé une controverse qui continue de suivre l’entreprise et le gouvernement. Son projet d’usine de recyclage, lui, y sera soumis, et l’entreprise a d’ailleurs déposé son dossier dernièrement.
Northvolt affirme avoir déjà levé 15G$ d’investissements et avoir un carnet de commandes évalué à 55G$. Elle dit également compter sur plus de 1000 ingénieurs. Pour l’attirer en sol québécois, la concurrence était forte, affirme Paolo Cerruti, PDG de Northvolt Amérique du Nord.
«Nous avions un certain nombre de garanties d’États américains pour construire une road map vers une fourniture d’énergie complètement décarbonée. C’était plus simple dans certains États que d’autres. Nous étions très avancés avec New York et le Michigan. Mais au Michigan, c’était le même site que Ford. New York, c’était dans le nord de l’État. Avec une fourniture d’énergie qui était québécoise», souligne Paolo Cerruti.
Déjà, pas moins de 7000 personnes ont déposé leur candidature pour travailler dans sa future usine. Jusqu’à maintenant, Northvolt a accordé des contrats pour une valeur de 140M$. Lorsque son complexe Northvolt Six sera construit, l’entreprise compte investir aux alentours de 350M$ par année dans des contrats avec les PME.
À l’échelle québécoise, les retombées à court, moyen et long terme ne sont toutefois pas encore claires. Paolo Cerruti évalue le chiffre d’affaires de l’usine quelque part entre 5G$ US et 6G$ US par année aux environs de 2032 «si on arrive à construire l’intégralité de ce qu’on veut construire». Avec tous les revenus fiscaux que cela génère.
«On va sans doute catalyser la création de nouvelles entreprises qui viendront de l’étranger, ajoute Paolo Cerruti. Ce n’est pas suffisamment valorisé dans le débat, mais ça va mettre le Québec dans le peloton de tête des réalités internationales d’une industrie qui est porteuse et qui sera le futur de la transition énergétique dans les 20, 30, 40 prochaines années. Il n’y a pas beaucoup d’endroits où cela est en train de se passer.»
«J’ai voulu mettre 600M$ d’équité en haut (la société mère) et pas en bas (Montérégie) pour diversifier, parce qu’on va participer à la Suède, on va participer à l’Allemagne (Northvolt y construira aussi des usines), on va participer ici. […] La question, c’est combien de temps va durer Northvolt? Est-ce que Northvolt va être là dans dix ans? Si oui, ça va être un coup de circuit. En dix ans, on retourne aux Québécois ce qu’ils ont mis dans l’entreprise», affirme de son côté Pierre Fitzgibbon.
Comme pour Northvolt, GM, Ford et toutes les entreprises de la filière batterie, il faudra donc attendre et être patient. Puisque que Pierre Fitzgibbon ne cache pas vouloir s’arrêter à la fin de son deuxième mandat, reste maintenant à voir si la personne qui prendra sa place dans le fauteuil de «superministre» aura la chance de courir autour des buts avec le sourire, ou de rapiécer la tirelire collective cassée par une malheureuse fausse balle.