Le bien-être des médecins a considérablement diminué au Canada
La Presse Canadienne|Publié le 25 août 2022Le sondage indique que le quart des répondants éprouvaient une anxiété grave ou modérée et que près de la moitié souffraient de dépression. (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — Le bien-être des médecins partout au Canada a considérablement diminué, de nombreux médecins ayant déclaré une santé mentale moins bonne qu’avant la pandémie de COVID-19, selon un nouveau sondage.
Le sondage national sur la santé des médecins de l’Association médicale canadienne, publié jeudi, indique que 53% des répondants ont signalé des symptômes d’épuisement professionnel, y compris l’épuisement émotionnel.
Le taux d’épuisement déclaré chez les médecins était 1,7 fois plus élevé que dans le sondage précédent de l’Association en 2017.
Le sondage indique que le quart des répondants éprouvaient une anxiété grave ou modérée et que près de la moitié souffraient de dépression.
Quarante-neuf pour cent des médecins qui ont participé au sondage ont également indiqué qu’ils étaient susceptibles de réduire ou de modifier leurs heures cliniques au cours des deux prochaines années.
Le président de l’association, le Dr Alika Lafontaine, a déclaré que les réponses des participants «reflètent l’état actuel du système de santé», ajoutant que la pandémie de COVID-19 a exacerbé de nombreux défis auxquels les médecins sont confrontés depuis des années.
«Les gens se retirent de la pratique clinique à temps plein. Ils font différentes choses pour atténuer l’épuisement professionnel et il y a un sentiment négatif plus généralisé face à la direction que prend le système de santé (…) et cela touche davantage certains types de médecins. Les médecins de famille en particulier sont vraiment en difficulté», a-t-il déclaré lors d’une entrevue récente.
Le sondage en ligne a été mené auprès de 4121 médecins, médecins résidents et étudiants en médecine entre le 13 octobre et le 13 décembre 2021.
Le docteur Lafontaine, un anesthésiste qui travaille à Grande Prairie, en Alberta, a déclaré que les médecins sont résilients, mais que le niveau de stress auquel ils font face est très élevé.
«Nous avons été formés dans des situations où le stress est une partie normale du travail. Nous savons que fournir des soins dans le système médical est un travail stressant, mais ce stress est devenu complètement hors de contrôle», a-t-il déclaré.
Le sondage indique que 36% des médecins ont eu des pensées suicidaires à un moment donné de leur vie, comparativement à 18% des médecins qui ont dit avoir pensé au suicide en 2017.
Cinquante-sept pour cent de tous les répondants ont dit se sentir toujours ou souvent fatigués au travail, et seulement 36 pour cent des répondants ont dit qu’ils dorment toujours ou souvent de façon optimale.
Selon M. Lafontaine, les gouvernements provinciaux du Canada ont eu une «obsession de l’efficacité» au cours des deux dernières décennies, et que les fournisseurs de soins de santé n’ont pas reçu le soutien nécessaire dans leur milieu de travail.
Il a dit que les fournisseurs de soins de santé, les administrateurs et les gouvernements devraient commencer à travailler sur des solutions pancanadiennes.
«Ensuite, assurez-vous que nous avons les bonnes priorités: se concentrer sur des environnements de travail durables, sur des soins de haute qualité et un environnement sécuritaire pour les patients», a-t-il ajouté.
Le docteur Alika Lafontaine, qui est récemment devenu le premier président autochtone élu de l’Association médicale canadienne, a déclaré que le gouvernement fédéral peut aider en travaillant vers une plus grande collaboration dans le domaine des ressources humaines en santé.