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Le budget Freeland sera appuyé par le NDP

La Presse Canadienne|Publié le 08 avril 2022

Le budget Freeland sera appuyé par le NDP

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, estime que le gouvernement aurait dû dépenser davantage pour les énergies propres, au lieu d’accorder des subventions aux entreprises de combustibles fossiles. (Photo: La Presse Canadienne)

BUDGET FÉDÉRAL. Ottawa — Les libéraux en ont fait suffisamment pour respecter leur «entente de soutien» avec les néo-démocrates, mais cela ne veut pas dire que le budget fédéral sera adopté sans réserve.

«Nous avons encore certaines critiques», déclarait jeudi le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, alors que le budget venait d’être déposé aux Communes. «Nous sommes préoccupés, profondément préoccupés, par l’approche (libérale) sur l’environnement.»

M. Singh estimait alors que le gouvernement aurait dû dépenser davantage pour les énergies propres, au lieu d’accorder des subventions aux entreprises de combustibles fossiles.

Les néo-démocrates ont maintenu cette position vendredi, lors de la période des questions aux Communes. Le député montréalais Alexandre Boulerice a soutenu que les milliards de subventions aux sociétés pétrolières et gazières et l’approbation du projet Bay du Nord à Terre-Neuve-et-Labrador montrent que les libéraux croient qu’ils peuvent résoudre la crise climatique en versant plus d’argent au secteur des combustibles fossiles.

Il a plutôt réclamé le financement de la transition vers des emplois verts, un sentiment partagé par sa collègue de l’Alberta Heather McPherson. Elle a réclamé des programmes de formation sur les emplois propres pour les travailleurs de sa province, et l’adoption d’une loi sur une juste transition vers une économie verte.

Le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a répondu qu’il y avait un financement important pour l’Alberta et d’autres provinces des Prairies qui veulent diversifier leurs économies, ainsi que 4 milliards $ pour appuyer l’essor du secteur des minéraux critiques.

«Nous allons travailler activement avec la province de l’Alberta et avec l’industrie pour nous assurer que nous allons de l’avant d’une manière qui créera une économie propre, une économie prospère et qui aidera les travailleurs et les collectivités à faire cette transition», a dit le ministre.

Trop dépensier, selon les conservateurs

Les conservateurs, pour leur part, se sont concentrés sur les promesses de lourdes dépenses dans ce budget qui, selon eux, augmenteront l’inflation et rendront plus difficile pour les Canadiens d’accéder à la classe moyenne ou d’y rester. Le porte-parole en matière de finances, Ed Fast, a accusé le gouvernement libéral de déposer un budget «taxer puis dépenser».

«Chaque jour, nous demandons à ce gouvernement ce qu’il fait pour rendre la vie plus abordable pour les Canadiens et chaque jour, il nous dit combien d’argent il dépense», a-t-il déclaré. «La question n’est pas de savoir combien d’argent vous dépensez: il s’agit des résultats que vous obtenez, et selon cette norme, ce gouvernement a échoué.»

Rachel Bendayan, ministre associée des Finances, a répondu que les investissements de son gouvernement produisaient des résultats, soulignant les données sur l’emploi de Statistique Canada, publiés vendredi, qui montraient que le taux de chômage avait chuté à un creux jamais vu depuis la fin des années 1970.

C’était vendredi le premier de quatre jours de débats sur la motion du gouvernement pour la mise en œuvre du budget déposé jeudi. Les conservateurs pourront d’abord proposer des amendements, suivis des bloquistes. Ces deux partis ont indiqué qu’ils voteraient au final contre le budget libéral.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet a estimé que les libéraux veulent être «l’instrument» de l’industrie pétrolière et gazière. «La différence entre ce gouvernement et les conservateurs, c’est que les conservateurs l’admettent», a-t-il dit jeudi.

M. Blanchet a servi une «fin de non-recevoir» au budget libéral, qui n’est «même pas proche» de rencontrer les conditions énoncées par sa formation pour un appui, notamment et surtout sur l’augmentation attendue des transferts aux provinces en santé, sans condition. «Le budget leur donne des conditions, pas d’augmentation des transferts», a-t-il déploré jeudi.

Chez les Verts, Amita Kuttner a déclaré jeudi que le plan pour atteindre la carboneutralité n’était pas suffisant pour atteindre les objectifs canadiens de réduction des émissions.

 

Mesures sur le logement 

Trois des quatre partis d’opposition saluent l’accent mis par les libéraux sur le logement. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a estimé que l’engagement de doubler le nombre de logements construits chaque année au cours de la prochaine décennie constituait «l’ambition historique» de ce budget.

Les 14 milliards $ de nouvelles dépenses pour le logement comprennent également une interdiction de deux ans pour les acheteurs étrangers de résidences, un financement ciblé pour les municipalités afin de construire des logements abordables, et de l’argent pour doubler le crédit d’impôt pour les acheteurs d’une première maison.

M. Singh a soutenu que son parti avait forcé les libéraux à reconsidérer ce que le gouvernement estime être des «logements abordables». Il est maintenant calculé à 80% du taux moyen du marché, plutôt qu’à 80% du revenu médian du marché, une définition qui «aurait entraîné des logements non abordables», selon M. Singh.

La cheffe conservatrice par intérim, Candice Bergen, estimait jeudi que l’opposition officielle n’avait pas trouvé ce qu’elle cherchait dans ce plan de logement. «Il s’agit d’un budget de dépenses et d’impôts typiques et classique du NPD», a-t-elle déclaré en conférence de presse.

 

«Budget néo-démocrate» 

Les conservateurs ont passé les dernières semaines, lors des périodes des questions aux Communes, à évoquer d’avance la publication jeudi du «premier budget néo-démocrate du Canada», demandant au gouvernement si les libéraux céderaient aux «exigences extrêmes» du NPD.

Mme Bergen a déclaré que les libéraux s’étaient «égarés en chemin», penchant davantage vers la gauche. «Les libéraux que nous connaissions il y a seulement 10 ans n’existent plus.»

Les conservateurs étaient heureux de voir dans le budget plus de 8 milliards $ affectés à la défense. Ils avaient présenté une motion en Chambre, plus tôt cette semaine, pour que les dépenses militaires atteignent 2% du PIB du Canada, une augmentation importante, mais réclamée par les alliés de l’OTAN. Le budget fera passer les dépenses militaires à 1,5% du PIB, selon les responsables des Finances.

Cet élément du budget ne convient pas aux néo-démocrates, mais ce différend n’est pas suffisant pour provoquer l’effondrement de l’«entente de soutien et de confiance». Ce qui signifie que lorsque le Parlement reprendra ses travaux le 25 avril, après une pause de deux semaines, le gouvernement pourra respirer tranquillement en sachant qu’il a les appuis en Chambre pour survivre à tout vote de confiance sur la motion budgétaire.

Le leader du gouvernement en Chambre, Mark Holland, a déclaré que le débat sur les amendements se poursuivrait les 25, 26 et 27 avril, après quoi le projet de loi de mise en œuvre du budget fera l’objet d’un débat aux Communes.