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Le FMI ne voit pas de récession mondiale à court terme

AFP|Publié le 02 avril 2019

Et ce malgré que la croissance mondiale continue de ralentir en raison des tensions commerciales.

Pas de récession mondiale « à court terme » bien que la croissance mondiale continue de ralentir en raison des tensions commerciales et des conditions financières moins favorables, a prédit mardi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).

« En fait, nous nous attendons à un rebond de la croissance au cours de la seconde moitié de 2019 et en 2020 », a déclaré Christine Lagarde. « Mais que les choses soient claires : le rebond attendu (…) plus tard cette année est fragile », a-t-elle insisté dans un discours prononcé à la Chambre de commerce américaine, à Washington, en amont des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Il y a deux ans, l’institution constatait que 75 % de l’économie mondiale enregistrait une reprise de la croissance. « Pour cette année, nous anticipons que 70 % (…) vont expérimenter un ralentissement », a-t-elle expliqué.

Le FMI, qui doit dévoiler le 9 avril ses nouvelles prévisions pour l’économie mondiale, met en garde depuis plus d’un an contre la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine qui a des répercussions sur la croissance mondiale tout entière.

De ce fait, l’institution avait abaissé en janvier ses projections de croissance mondiale, tablant alors sur 3,5 % cette année, après les avoir déjà revues en baisse à l’automne.

Fin 2017, « nous avions une accélération synchronisée de la croissance, maintenant nous avons un ralentissement synchronisé », a également constaté Mme Lagarde tout en ne souhaitant pas « dramatiser » la situation puisque la récession n’est pas encore là.

« Délicat »

L’économie planétaire, qui a été largement nourrie par les échanges commerciaux après la crise financière de 2008, est « à un moment délicat », a opiné la dirigeante du FMI.

« Il y a un an, je disais : “le Soleil brille, réparez le toit”. Il y a six mois, je pointais du doigt les nuages à l’horizon. Aujourd’hui, le temps est de plus en plus instable », a-t-elle également dit dans une métaphore.

De fait, la croissance mondiale pâtit depuis un an de la guerre commerciale entre les deux premières puissances mondiales qui s’est matérialisée par des taxes douanières punitives réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises.

Malgré les rondes de négociations, ce conflit crée un climat d’incertitude, provoquant des soubresauts réguliers sur les marchés et érodant la confiance des investisseurs.

Pour autant, Christine Lagarde a loué mardi la pause en matière de hausses des taux d’intérêt observées par la Banque centrale américaine (Fed). Elle relève que l’économie mondiale pourrait en outre tirer profit des mesures annoncées par les autorités chinoises pour stimuler l’expansion de leur économie qui a enregistré en 2018 le taux de croissance (6,6 %) le plus faible en 28 ans.

Elle note toutefois que la situation reste des plus délicates d’autant que s’ajoutent des risques politiques tels que les difficultés du Royaume-Uni à sortir de l’Union européenne de manière organisée (Brexit) ou encore le niveau élevé de la dette de nombreux pays.

« Alors, en effet, c’est un moment délicat qui nécessite d’être géré avec prudence. Cela signifie que nous devons non seulement éviter les faux pas en matière de politique, mais encore nous devons nous assurer que nous prenons les bonnes décisions », a-t-elle recommandé.

Relevant que « de nombreuses économies ne sont pas assez résilientes », elle a rappelé la nécessité de se préparer à la prochaine récession en érigeant les barrières de protection et en adoptant les réformes nécessaires pendant que l’économie se porte encore relativement bien.

Sur le front commercial, elle a une nouvelle fois exhorté à supprimer les barrières douanières.

Sur la base d’une analyse, effectuée par les économistes du FMI, de la situation de 180 pays au cours des six dernières décennies, Christine Lagarde a relevé que « l’intégration commerciale a clairement dynamisé l’investissement ».

« Inversement, les barrières douanières détériorent nettement l’investissement et l’emploi », a-t-elle conclu.

De son côté, le président de la Chambre de Commerce américaine Tom Donohue a dit partager la volonté du président Donald Trump d’inciter la Chine à changer ses pratiques commerciales.

« Je suis d’accord avec l’administration sur le fait qu’il y a des problèmes à résoudre », a-t-il dit, citant notamment la nécessité de protéger la propriété intellectuelle.

Mais il a mis en garde contre la tentation du repli sur soi. La population américaine compte 327 millions de personnes, la population chinoise plus de 1,3 milliard. « Nous voulons vendre (nos produits) à ces gens. Si nous nous tournons uniquement vers notre marché domestique, nous allons devenir un pays insignifiant », a-t-il enfin commenté.