Le groupe 3M a néanmoins défendu le caractère inoffensif de ses bouchons d’oreilles, affirmant dans son communiqué que ces dispositifs étaient «efficaces lorsqu’utilisés correctement». (Photo: 123RF)
Le conglomérat américain 3M, accusé d’avoir fourni des bouchons d’oreilles défectueux à l’armée américaine durant des années, a annoncé mardi avoir conclu un accord de 6 milliards de dollars américains (G$US) pour mettre fin à ces poursuites.
Dans le détail, le mastodonte — qui fabrique notamment des équipements de protection pour les personnes — va verser 5 milliards de dollars d’ici 2029 aux plaignants, auxquels doit s’ajouter 1 G$US sous forme d’actions, a-t-il précisé dans un communiqué.
Ses dirigeants ont souligné lors d’une conférence avec des analystes que cet accord ne valait pas reconnaissance de responsabilité.
Cette annonce vise à mettre fin à des années de litiges opposant 3M et sa filiale Aearo Technologies — rachetée en 2008 —, à plusieurs milliers de soldats américains estimant que leur audition a été endommagée par des bouchons d’oreille défectueux.
Les bouchons incriminés ont été développés par Aearo Technologies en 1999 pour les militaires américains, notamment pour les protéger du bruit des tirs par armes à feu. Ils ont été vendus de 1999 à 2015.
Mais les plaintes se sont multipliées.
Le conglomérat fait face à 246 000 plaintes au moment de la conclusion de l’accord, a-t-il précisé lors de l’audioconférence mardi.
Toutefois, cet accord ne sera activé que si 98% des plaignants l’acceptent.
Ceux qui le refuseraient pourront continuer leurs poursuites en justice, ont reconnu les dirigeants tout en précisant que l’accord prévoyait des dispositions dans cette éventualité.
Nombreuses poursuites
Ils se sont toutefois dits confiants sur la résolution définitive du litige.
Des «négociations extensives» se sont déroulées lors d’une médiation «de plusieurs mois» impliquant à la fois 3M et Aearo mais aussi les avocats des plaignants, a fait valoir Kevin Rhode, directeur juridique et vice-président de 3M, lors de l’audioconférence.
L’accord a été salué comme «historique» par les avocats représentant les plaignants.
Il s’agit d’une «victoire formidable pour les milliers d’hommes et de femmes qui ont servi notre pays et qui sont rentrés chez eux avec des lésions auditives ayant altéré leur vie», ont réagi les cabinets Aylstock, Witkin, Kreis & Overholtz, Seeger Weiss, et Clark, Love & Hutson, dans une déclaration fournie à l’AFP.
Le groupe 3M a néanmoins défendu le caractère inoffensif de ses bouchons d’oreilles, affirmant dans son communiqué que ces dispositifs étaient «efficaces lorsqu’utilisés correctement».
Ce n’est pas la première fois que 3M, groupe diversifié qui fabrique aussi bien des équipements médicaux, des rouleaux de scotch que des post-it, est attaqué pour ses produits.
En juin, il a ainsi accepté de verser jusqu’à 12,5 G$US dans le cadre des poursuites engagées par plusieurs réseaux publics de distribution d’eau potable pour la contamination de ses réseaux par les PFAS, des composants chimiques notamment utilisés dans les emballages et les revêtements imperméables.
Cet accord, qui doit encore être validé par un juge, prévoit le versement de sommes sur treize ans, entre 2024 et 2036.
Accusé de pollution en Belgique également, 3M a conclu en 2022 un accord avec les autorités régionales de Flandre à hauteur de 571 millions d’euros, pour des rejets polluants autour de son usine près d’Anvers (nord).
La société, qui emploie 93 000 personnes et qui est présente sur quasiment tous les continents, a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 34,2 G$US et dégagé un bénéfice net de 5,8 G$US.
L’accord annoncé mardi va entrainer une charge avant impôts d’environ 4,2 G$US au troisième trimestre.
Même si l’accord «aura un impact très négatif sur les résultats, il lève l’incertitude sur le sujet, ce qui va plaire aux investisseurs», a commenté Neil Saunders, directeur chez GlobalData.
À la Bourse de New York, le titre de 3M gagnait 2,3% à 106,5 dollars américains en milieu de matinée.