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Le Hezbollah affirme qu’il poursuivra la lutte contre Israël, malgré la mort de son chef

AFP|Publié le 30 septembre 2024

Le Hezbollah affirme qu’il poursuivra la lutte contre Israël, malgré la mort de son chef

(Photo: Getty Images)


Beyrouth — Le Hezbollah a affirmé lundi qu’il poursuivrait sa lutte contre Israël en «soutien» à Gaza et s’est dit «prêt» à faire face à une opération terrestre israélienne au Liban, en dépit de la mort de son chef, Hassan Nasrallah, et des coups intenses qu’il subit.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a estimé de son côté que l’élimination d’Hassan Nasrallah, tué vendredi dans une puissante frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, était «une étape importante, mais pas la dernière».

«Pour assurer le retour des communautés du nord d’Israël, nous utiliserons toutes nos capacités, et vous en faites partie», a-t-il assuré devant des soldats déployés à la frontière israélo-libanaise.

Après un an d’échanges de tirs à la frontière, en marge de la guerre dans la bande de Gaza, Israël a déplacé depuis la mi-septembre le cœur de ses opérations militaires vers le nord, afin d’affaiblir le Hezbollah et permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants.

Dans un discours télévisé, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a déclaré lundi que le mouvement islamiste libanais, soutenu par l’Iran, choisirait un successeur à Hassan Nasrallah «à la première occasion».

Malgré une intense campagne de frappes aériennes menée depuis une semaine par Israël et la mort de plusieurs chefs du mouvement, il a affirmé lundi que le Hezbollah était «prêt» à repousser une éventuelle offensive terrestre israélienne.

Naïm Qassem a ajouté que son mouvement, allié du Hamas, poursuivrait sa lutte contre Israël «en soutien à Gaza», où l’armée israélienne mène depuis le 7 octobre 2023 une offensive en riposte à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien.

Israël, qui a déployé des renforts à sa frontière nord avec le Liban, avait une nouvelle fois promis, après la mort de Hassan Nasrallah, de combattre ses «ennemis» et de les «éliminer» partout où ils se trouvent.

Naïm Qassem a affirmé que Nasrallah avait été tué en compagnie de quatre autres personnes, démentant la mort d’une vingtaine de membres du Hezbollah annoncée par Israël. Il n’a pas précisé quand son successeur serait désigné ni quand se dérouleraient ses obsèques.

Dans un contexte régional explosif, l’Iran, ennemi juré d’Israël, a assuré lundi qu’il ne «déploierait» pas de combattants au Liban.

«Visés injustement»

Lundi, le Hamas a annoncé que son chef au Liban, Fatah Charif Abou al-Amine, avait été tué dans une frappe dans le sud du pays. L’armée israélienne a confirmé l’avoir «éliminé».

Après plusieurs bombardements ces derniers jours sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, une frappe a visé lundi un immeuble du centre de la capitale, pour la première fois en un an d’escalade militaire.

Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), une organisation palestinienne laïque de gauche qualifiée de terroriste par Israël et l’Union européenne, a annoncé la mort de trois de ses membres.

L’armée israélienne n’a pas commenté ces informations.

Selon une source de sécurité libanaise, «au moins quatre personnes ont été tuées dans une frappe de drone israélienne visant un appartement appartenant à la Jamaa Islamiya», un groupe islamiste libanais sunnite qui appuie le Hezbollah dans ses opérations menées depuis le Liban sur le nord d’Israël «en soutien» au Hamas.

Cette frappe a visé un immeuble du quartier de Cola, dont un étage a été détruit, selon des images de l’AFP.

Réveillé par un «énorme bruit», Mohammed al-Hoss, un habitant du quartier, s’est précipité dans la rue en pyjama. «Les gens criaient et on voyait la poussière qui s’élevait de l’immeuble d’à côté», a raconté cet homme de 41 ans.

Son immeuble, où vivaient aussi des personnes ayant fui les bombardements dans d’autres régions du Liban, a été endommagé. «Nous sommes visés injustement pour quelque chose avec laquelle nous n’avons rien à voir. Notre pays n’a pas les moyens d’aller en guerre. Notre pays est dans un état misérable», a-t-il ajouté.

Un million de déplacés

Au total, plus de mille personnes ont été tuées au Liban depuis la mi-septembre, selon les autorités. Le bilan d’une frappe israélienne dimanche près de Saïda, dans le sud, s’est alourdi à 45 morts, selon le ministère de la Santé.

Le premier ministre, Najib Mikati, a affirmé que près d’un million de personnes pourraient avoir été déplacées par les bombardements israéliens.

Lundi avant l’aube, l’armée a annoncé avoir frappé des dizaines de cibles du Hezbollah dans la région de la Békaa, dans l’est du Liban, parmi lesquelles «des dizaines de lanceurs et de bâtiments où étaient stockées des armes».

Selon les autorités libanaises, six secouristes du Hezbollah ont été tués par une frappe dans cette région.

L’armée a aussi indiqué avoir «réussi à intercepter une cible aérienne suspecte entrée depuis le Liban en territoire israélien» lundi matin.

L’Arabie saoudite, très influente au Liban, a appelé lundi au respect de la «souveraineté et de l’intégrité territoriale» de ce pays, exprimant sa «grande préoccupation» face à l’intensification du conflit entre le Hezbollah et Israël, alors que se poursuit l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.

Dans le territoire palestinien, bombardé sans répit depuis un an en riposte à l’attaque du 7 octobre, le nombre de frappes israéliennes a cependant baissé de manière significative ces derniers jours, selon des journalistes de l’AFP qui ont signalé trois ou quatre frappes pendant la nuit de dimanche à lundi.

Le décès de Hassan Nasrallah, considéré comme l’homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d’Israël face à l’Iran et ses alliés.

Malgré ces coups durs, le mouvement poursuit ses tirs de roquettes vers le nord d’Israël.

«Nous avons peur qu’il y ait une escalade totale», a témoigné Matan Sofer, un habitant de la localité israélienne de Rosh Pina, à une trentaine de kilomètres de la frontière libanaise.