Le milieu communautaire de Montréal demande 100 M$ en plus
La Presse Canadienne|Publié le 07 février 2022«Les groupes doivent se battre chaque jour pour rester ouverts», a déclaré la coordonnatrice du RIOCM. (Photo: La Presse Canadienne)
Le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM) a dénoncé lundi un sous-financement chronique du milieu communautaire de la métropole et appelé le gouvernement à y investir 100 millions de dollars (M$) supplémentaires par année.
«Les groupes doivent se battre chaque jour pour rester ouverts», a déclaré la coordonnatrice du RIOCM, Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, en conférence de presse. Elle était accompagnée de représentants des trois principaux partis d’opposition.
En ce moment, le financement total pour les 531 membres du RIOCM est d’environ 150 M$.
Marie-Andrée Painchaud-Mathieu a expliqué qu’une fois le montant réparti, la moitié des organismes reçoivent moins de 160 000$ par année, un montant «à peine suffisant pour payer nos locaux et à peu près deux personnes à un salaire très en dessous de la moyenne des salaires québécois».
Elle a aussi fait valoir que les investissements ponctuels, «à coups de fonds d’urgence ou de financement par projet», créent encore plus de problèmes.
«Nous sommes pris à engager des contractuels, et aussitôt que nous les avons formés, ils partent, parce que c’est la fin du financement», a-t-elle expliqué.
Entre cela et «les salaires qui sont ridiculement bas», le personnel est tout le temps en roulement et «nous passons notre temps à être en sélection», a-t-elle ajouté.
Elle a rappelé que presque chaque année, l’Assemblée nationale vote une motion pour féliciter le travail des organismes communautaires: «merci pour les remerciements, mais maintenant, il faut sortir l’argent».
Le RIOCM prévoit participer à une manifestation du milieu communautaire, prévue pour le 22 février. Cet événement fera partie d’une mobilisation de quatre jours de grève rotative à travers le Québec.
Soutien de l’opposition
Les organismes communautaires «jouent un rôle essentiel dans un tas de dossiers critiques que François Legault ignore, nie, ou met sur le dos de la pandémie, que ce soit le logement, la santé mentale, les aînés, l’itinérance, la précarité financière», a affirmé le porte-parole du Parti libéral du Québec pour la métropole, Frantz Benjamin. «Il serait temps qu’on puisse reconnaître ces organismes-là comme essentiels.»
Il a aussi cité les enjeux de bureaucratie comme problème récurrent, disant avoir vu « des organismes qui passaient 20 à 30% de leur temps à faire de la paperasse ».
«Ils sont plus qu’utiles, ce sont des partenaires», a renchéri le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal. Il a rappelé que dans son bureau de député, beaucoup de gens de sa circonscription viennent demander de l’aide. «Nous, on ne pourrait pas les aider si on n’avait pas les organismes communautaires.»
Il a déploré «ce mur qui a été érigé entre le gouvernement et le communautaire», plaidant que Québec doit aller à la rencontre des organismes.
Le chef du Parti québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon, a de son côté critiqué une «politique de vernis et de surface» du gouvernement Legault. «Ils sont toujours très tentés par des annonces ponctuelles qui leur permettent de faire des communications politiques », a-t-il dit, ce à quoi il attribue « le caractère non récurrent, mal ciblé, difficilement accessible» du financement.
«C’est le strict minimum qui est demandé ce matin, afin de permettre à des centaines d’organismes de faire leur travail minimalement», a-t-il conclu.
La CAQ se défend
Le bureau du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a répondu par courriel que le ministre a rencontré des regroupements d’organismes «pour échanger avec eux sur leurs demandes prébudgétaires». «Il est bien au fait de leurs demandes et nous les comprenons.»
Le courriel souligne aussi que, depuis son arrivée au pouvoir, la Coalition avenir Québec a déjà rehaussé le financement du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) de 90 millions $ à l’échelle de la province.
Pour ce qui est de Montréal, le PSOC de la métropole a vu son financement être rehaussé petit à petit, pour un total de 20,6 millions $ en cinq ans, a de son côté avancé Marie-Andrée Painchaud-Mathieu. Elle a ajouté que de 2003 à 2017, soit sous les libéraux et les péquistes, aucune hausse n’avait eu lieu.