Le plan de match de Véronique Hébert: bien préparer la relance
Catherine Charron|Édition de la mi‑mai 2021La dernière année en aura été une de montagnes russes en matière d’embauche dans le domaine des effets visuels. Forcées de laisser partir des artistes en attendant la reprise des tournages au début de la pandémie, des entreprises, comme la montréalaise Rodeo FX, doivent aujourd’hui mener une campagne agressive d’acquisition de nouveaux talents. Fine stratège, c’est sa nouvelle vice-présidente aux ressources humaines, Véronique Hébert, qui se chargera de trouver cette centaine de perles rares.
Se tourner vers l’international est pour l’instant presque hors de question pour pallier le manque de main-d’oeuvre, laisse-t-elle entendre. Un constat difficile à faire pour une entreprise dont une centaine des 500 employés montréalais sont des expatriés.
Dans un contexte où trop peu de nouveaux artistes sortent de l’école pour répondre aux besoins de l’industrie, celle qui siège au CA de Access VFX Montréal mise sur la proactivité. «Un de nos mandats est d’aller dans les écoles secondaires pour parler de nos métiers, pour démystifier nos conditions de travail [… et] parfois démontrer aux parents que leurs enfants auront des emplois bien rémunérés», indique-t-elle. Rodeo FX comble ses besoins à court terme en faisant connaître son nom grâce à des bourses et de la rétroaction offertes aux étudiants, à la formation de trois cohortes de stagiaires chaque année dans son Ranch, et en faisant rayonner sa marque employeur auprès du reste de la collectivité.
Chose certaine, un arrimage entre les valeurs de l’entreprise et celle d’un candidat est essentiel à l’embauche de ce dernier.
«Bien entendu, on regarde aussi les compétences techniques, mais on cherche surtout des gens qui souhaitent rester à long terme», précise-t-elle. Celle qui évolue dans le domaine des effets visuels depuis plus de quatre ans souligne d’ailleurs que Rodeo FX offre surtout des postes permanents, dans un secteur où, très souvent, 70 % de l’équipe est contractuelle.
Afin d’assurer un bon taux de rétention, Véronique Hébert rêve d’offrir aux artistes de Rodeo FX de développer leurs compétences techniques, mais aussi de communication et de rétroaction. «Souvent, un artiste aura des compétences très précises, mais on entend beaucoup de junior, de “mid”, mais aussi quelques seniors, souhaiter ajouter de nouvelles cordes à leur arc», observe celle qui a été directrice du Service des ressources humaines pour le Canada à Framestore.
Le casse-tête des pieds carrés
L’importante vague d’embauches en télétravail de l’entreprise derrière plusieurs épisodes de la série Le trône de fer laisse planer un doute:où installer tous ces nouveaux artistes ? Pour y répondre, Véronique Hébert doit se poser une myriade d’autres questions. Après tout, avant la pandémie, le télétravail était pratiquement impossible pour cette industrie où certains projets exigent de nombreuses mesures de sécurité pour en assurer la confidentialité. «Ça fait plus d’un an qu’on est en pandémie, on a réussi à le faire convenablement. Après, c’est de voir comment répondre aux besoins des clients et aux attentes des employés», anticipe la vice-présidente aux ressources humaines.